Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 28 octobre 2024 à 20h26
Désormais retraité des médias, l'ancien coureur, directeur sportif et consultant Cyrille Guimard se montre très inquiet pour l'avenir du cyclisme français.
Les jeunes d'aujourd'hui ne le connaissent probablement pas. Ou alors peut-être ceux qui ont écouté avec attention RMC ou regardé la chaîne L'Equipe sur lesquels il était consultant ces dernières années. Cyrille Guimard a marqué l'histoire du cyclisme français. Avant d'être directeur sportif à succès, il a brillé dans les années 70 et 80 en remportant notamment 7 étapes sur le Tour de France et avait même battu le grand Eddy Merckx au sprint. Vainqueur de près de 100 victoires chez les professionnels, Guimard a façonné de grands champions comme Bernard Hinault et Laurent Fignon. Retraité sportivement à seulement l'âge de 29 ans, le Français a raccroché cet été en se retirant du monde des consultants, mais son avis reste très intéressant sur le monde du cyclisme. Celui qu'on surnomme « Le Druide » s'inquiète notamment pour l'avenir du cyclisme français .
« Le prochain vainqueur français du Tour ne sera pas dans une équipe tricolore »
Quand aura-t-on droit à un lauréat tricolore sur le Tour de France ? Hinault attend désespérément un successeur depuis 1985... Pour Cyrille Guimard, ce n'est malheureusement pas près d'arriver. « Ce que je sais, c'est que depuis des années, on ne peut plus avoir de vainqueur français. Et comme disait récemment Marc Madiot (le manager général de l'équipe Groupama-FDJ), le prochain vainqueur français ne sera pas dans une équipe tricolore. Pourquoi ? Parce qu'économiquement, tu ne peux pas jouer avec les grosses écuries. Quand, chez nous, un coureur coûte 100, à l'étranger il coûte 50, mais il gagne le triple. Le système économique français, sur un plan purement sportif, n'est pas adapté », déplore l'ancien coureur, âgé aujourd'hui de 77 ans, dans Le Journal du Dimanche.
« Pogacar a été stratosphérique par rapport à la concurrence »
Guimard poursuit son constat désolant en indiquant pourquoi il soutient la candidature de Teodoro Bartuccio, le directeur général du Paris Cycliste Olympique, face au président sortant Michel Callot pour la prochaine élection à la Fédération française de cyclisme, mi-décembre. « Je me suis impliqué parce que l'état du cyclisme français me désole. Cela fait vingt ans qu'on le dit et qu'on nous répond : "Vous n'y connaissez rien, c'est nous qui avons le savoir." Et la dégradation des résultats chez les jeunes ? Les clubs qui ferment ? La perte de licenciés ? On en fait quoi ? C'est monstrueux », confie le retraité des médias. Quant à Tadej Pogacar, auteur d'une année 2024 splendide, Guimard se montre, comme beaucoup, élogieux. « Il a été stratosphérique par rapport à la concurrence. Mais si on regarde l'histoire, on se rend compte que les plus grands champions ont fait la même chose. Merckx, Coppi, le Blaireau (Bernard Hinault), etc. Eux aussi ont fait des échappées de 80 bornes. Sur le Tour 84 (avec l'équipe RenaultElf), on a quand même gagné la moitié des étapes ! »