Thomas Siniecki, Media365 : publié le mardi 12 octobre 2021 à 23h43
De 1988 à 1992, Jean-Pierre Papin a conquis cinq fois consécutives le titre de meilleur buteur du championnat de France. Une performance toujours unique qui accompagne forcément l'histoire incroyable de l'attaquant avec l'OM.
1988 - 19 buts
Après une première saison achevée en demi-teinte, où "JPP" signifie d'abord "J'en Peux Plus" pour les supporters marseillais à cause des trop nombreuses occasions manquées - malgré treize buts et une deuxième place pour l'OM -, Jean-Pierre Papin décroche sa première couronne de meilleur buteur du championnat en 1988. "Je devais être plus réaliste. Il n'y avait pas 36 solutions : il fallait travailler à l'entraînement."
L'arrivée de l'Allemand Klaus Allofs a été déterminante pour lui, "pour se calquer un peu sur ce qu'il a mis en place". "Je suis devenu un peu plus collectif et déterminant pour l'équipe, tu deviens un des joueurs les plus importants et ça change tout." Alain Giresse, sur le départ, tient à lui transmettre en personne le brassard de capitaine en vue de la saison suivante. "A partir de là, je ne l'ai plus jamais quitté."
1989 - 22 buts
L'année du premier des quatre titres consécutifs de la dynastie de l'Olympique de Marseille version Bernard Tapie, auréolé d'un doublé avec la victoire en Coupe de France... et la fameuse bise au nouveau Président de la République, François Mitterrand. "Un pari à la con que j'avais fait avec les copains, mais je me suis dégonflé. Je devais l'embrasser sur le front. Je n'ai pas osé, mais il a accepté que je lui fasse la bise."
Auteur d'un triplé en finale contre l'AS Monaco (4-3), il inscrit aussi un doublé pour le match du titre en championnat devant Auxerre (2-1), le dernier de la saison au Vélodrome pour la 37eme et avant-dernière journée. Cet exercice 1988-89 est également le premier où il côtoie un certain Eric Cantona, mais seulement les six premiers mois avant son prêt du côté de Bordeaux (puis à Montpellier la saison suivante).
1990 - 30 buts
C'est une forme d'accomplissement personnel de "JPP" sous le maillot phocéen. Il faudra ainsi attendre plus de 20 ans pour voir un meilleur buteur du championnat de France atteindre à nouveau la barre des 30 réalisations, en l'occurrence Zlatan Ibrahimovic en 2013. Cette saison-là, c'est l'arrivée de Chris Waddle qui révolutionne l'environnement de l'OM... et particulièrement celui de Jean-Pierre Papin, qui trouve immédiatement un ami.
"On le sentait malheureux à l'hôtel, alors je l'ai pris deux mois chez moi, jusqu'à ce qu'il trouve sa maison à Aix. On a créé une énorme sympathie entre nous. Qui se ressemble s'assemble." Pour Jean-Pierre Papin, "cette équipe est la plus forte qu'on ait eu, en talent pur". C'est aussi l'année de l'élimination en demi-finales de C1 face au Benfica, sur la fameuse main de Vata. "Face à cette injustice, on s'est dit qu'on allait tout casser l'année suivante."
1991 - 23 buts
La "papinade" est depuis longtemps devenue une normalité dans le vocabulaire du football français. En Ligue des Champions, l'OM réussit un nul 1-1 à Milan en quarts de finale aller. "Dans l'envie et l'état d'esprit, on a été monstrueux." Dans le tunnel avant le match retour, au Vélodrome, on entend Jean-Pierre Papin haranguer les siens : "Le premier qui va reculer, qui va céder le moindre mètre, il aura perdu."
Les Marseillais mènent 1-0 avant la panne d'éclairage à la dernière minute, les Milanais ne veulent pas reprendre et perdent sur forfait. Puis c'est la finale perdue contre l'Etoile Rouge, et une anicroche avec Bernard Tapie quelques jours plus tard en demi-finales de Coupe de France : "Si je partais après la douche, je ne revenais plus jamais. Mais un garde du corps m'attrape et me dit que le patron veut me voir. Il m'a retourné dans tous les sens et je reste un an de plus, ça s'est joué à un mètre (sourire)."
1992 - 27 buts
Pour sa dernière saison à l'Olympique de Marseille, Jean-Pierre Papin ramène ce qui reste le seul Ballon d'Or d'un joueur français dans un club français. "Je le dédie à Alain Casanova, parce que j'ai passé des heures à lui en mettre plein la tête. S'il n'avait pas été là, tous mes buts n'auraient pas eu la même saveur." Les supporters le sifflent lorsqu'il confirme son départ avant le dernier match de la saison au Vélodrome.
"Je ne voulais pas faire la saison de trop, après avoir écouté les anciens de l'OM. Moi qui ne doutais jamais, ça m'a fait douter..." La star avoue son "malaise" à l'idée de prendre la parole devant son public, mais Bernard Tapie l'y oblige. "On ne s'est jamais mentis depuis six ans, je vous dois tout. Je vous remercie du fond du coeur, je ne vous oublierai jamais." Insatiable, il ouvre le score face à Cannes (2-0) pour le match du titre.