Coupe du Monde 1986 : Un Brésil-France de légende

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le mercredi 08 avril 2020 à 17h20

En quarts de finale de la Coupe du Monde 1986, les Bleus éliminaient le Brésil au terme d'une rencontre entrée dans la légende. Retour sur ce très grand moment du sport tricolore.

Les rencontres les plus marquantes de l'histoire de l'équipe de France de football ? Les finales des Coupes du Monde 1998, 2006 et 2018, celles des Euros 1984 et 2000, la demi-finale de la Coupe du Monde 1982 et celle de l'Euro 2000. Mais aussi bien sûr le Brésil-France de 1986 ! En quart de finale du Mundial mexicain, les Bleus d'Henri Michel domptaient les partenaires de Socrates à l'issue d'un match de légende.

Un scénario ébouriffant, des joueurs de grand standing, une opposition de haut niveau, et une conclusion haletante aux tirs au but : ce match est même pour certains amateurs de ballon rond le plus beau de leur existence. L'un des plus aboutis de l'histoire du Mondial en tout cas, c'est sûr et certain. Certes, il n'y a eu au final que deux buts durant le temps réglementaire, mais il s'est passé tellement de choses durant ce choc, véritable finale avant la lettre...

Le ballon sort très peu de l'aire de jeu

Le 21 juin 1986 au stade Jalisco de Guadalajara, le quart entre Brésiliens et Français va passer à la postérité. Pourquoi donc ? Par sa grande technicité et son intensité, déjà. Le ballon va très peu sortir de l'aire de jeu, ce qui est extrêmement rare à ce niveau. Il y a de qualité mais aussi des occasions et du suspense. Puis, les couleurs sont belles entre le bleu des coéquipiers de Michel Platini et le jaune immaculé de la Seleçao. L'ambiance est splendide. Il fait beau et très chaud ce samedi au Mexique, les 65 000 chanceux spectateurs massés dans l'enceinte aztèque - dont une très grande partie de supporters aux couleurs brésiliennes - vont se régaler.

L'Equipe de France commence moyennement ce Mondial de Mexico 86

Victorieuse du Canada (1-0, but de Jean-Pierre Papin) et de la Hongrie (3-0, buts de Yannick Stopyra, Jean Tigana et Dominique Rocheteau) avec au milieu un match nul face à l'Union Soviétique (1-1, but de Luis Fernandez), la France fait le travail au premier tour sans être flamboyante. Il faut s'adapter au changement climatique et à l'altitude... Puis elle a éliminé l'Italie (2-0), championne du monde en titre, grâce à des réalisations de Platini et Stopyra. Menée par Henri Michel qui a pris la suite de Michel Hidalgo après le sacre à l'Euro 1984 sur le sol national, la France joue l'offensive et régale. Elle peut compter sur son carré magique Platini-Giresse-Tigana-Fernandez que lui envie le monde entier.

Careca ouvre le score à la 17eme minute

Au coup d'envoi contre le Brésil, Fernandez débute pourtant dans un rôle de faux arrière droit tandis que Manuel Amoros est à gauche avec le duo Patrick Battiston-Maxime Bossis dans l'axe devant Joël Bats. Thierry Tusseau est à gauche du milieu comme faux ailier, Michel Platini, Alain Giresse et Jean Tigana commencent dans l'entrejeu tandis que l'attaque est confiée à Yannick Stopyra et Dominique Rocheteau. Favori de la Coupe du Monde, le Brésil, avec Careca, Müller, Socrates, Branco, Edinho, Julio Cesar et Alemao dans ses rangs (Zico et Falcao sont remplaçants), ouvre, malheureusement pour les Bleus, le score assez rapidement.

La Seleçao, dont le premier tour fut impeccable (1-0 contre l'Espagne et l'Algérie, 3-0 infligé à l'Irlande du Nord), confirme son carton des huitièmes contre la Pologne (4-0). Elle joue remarquablement et très vite. Le football-samba à une touche de balle ponctue l'ouverture de Careca dès la 17eme minute. Superbement décalé par Junior, l'attaquant reprend de façon instinctive et prend puissamment à revers Bats, impuissant sur sa gauche. Guadalajara est en délire. Un repositionnement tactique est alors opéré côté tricolore. Amoros se place à droite de la défense et remplace Fernandez qui repasse au milieu, alors que Tusseau descend d'un cran pour occuper le flanc gauche défensif. A la 32eme, Müller ne convertit pas une nouvelle action de classe et trouve le poteau.

Platini égalise avant la pause

Chahutés, les Bleus vont pourtant parvenir à revenir à la 40eme minute. Décalé sur la droite, Rocheteau centre. Stopyra se jette en vain devant Carlos, le portier carioca, qu'il percute. Le ballon poursuit sa course... Mais Platini, qui joue sous infiltration et réalise un petit Mondial, est à l'affût au deuxième poteau pour propulser avec sang-froid le ballon au fond du pied gauche ! Les Français rejoignent les vestiaires avec un score de parité (1-1) dans un match de haute qualité. Bats détourne ensuite en corner un coup franc de Socrates. Les tirs et les actions se multiplient. Bats s'emploie encore devant Junior (66eme) puis la tête de Careca est renvoyée par la transversale française (70eme).

L'arbitre, le Roumain Ioan Igna, laisse beaucoup jouer dans la touffeur mexicaine, mais il va néanmoins accorder un penalty au Brésil. Zico, qui vient d'entrer et de toucher son premier ballon, ouvre magnifiquement de l'extérieur du droit vers Branco qui efface Bats avant d'être déstabilisé par le dernier rempart français. 73eme minute. Confronté à Zico, Bats ne bouge pas sur la ligne et choisit le dernier moment pour aller sur sa gauche et repousser la tentative du n°10 brésilien ! Décidément très sollicité face aux artistes sud-américains, le gardien du PSG s'interpose encore devant Careca (81eme) et Zico (84eme). Une situation française n'aboutit pas dans les derniers instants et la rencontre va donc s'étirer jusqu'en prolongation.

Une séance de tirs au but pour rejoindre la RFA, tombeur du Mexique

Là encore, les joueurs de Tele Santana prennent les devants. Alemao frappe au-dessus (103eme), Bats capte une tête du regretté Socrates une minute plus tard et repousse devant Alemao (115eme). Dans cette même minute, Carlos accroche Bellone, entré en jeu à la 99eme et lancé par « Platoche », aux vingt mètres. La faute parait évidente mais l'arbitre ne sanctionne pas le portier des Corinthians. Plus rien n'est marqué. Cette rencontre insensée va se jouer à la fatidique séance des tirs au but.

Socrates et Platini ratent

Eliminés cruellement par l'Allemagne de l'Ouest après avoir mené 3-1 quatre ans auparavant en demi-finale du Mondial 82, les Bleus vont-ils encore tomber à l'issue de ce final impitoyable ? Cela commence très bien quand Bats détourne le premier tir de Socrates ! Stopyra ne tremble pas et donne alors l'avantage à la France. Amoros, Bellone (son tir frappe le poteau et rebondit derrière la tête du gardien avant de rentrer au fond), Alemao, Zico et Branco transforment eux aussi leur essai. Puis Platini se présente devant Carlos. Triple Ballon d'Or en titre (1983, 1984, 1985), le numéro 10 ne rate jamais avec le maillot frappé du coq et son club de la Juventus Turin. Mais le jour de ses 31 ans, son tir croisé du droit s'échappe au-delà de la barre. Stupeur chez les Bleus et dans le stade !

« Allez mon petit bonhomme ! »

Le grand Platini a raté. Mais il est imité par Julio Cesar dont la lourde frappe atterrit sur le poteau gauche de Bats. Fernandez dispose alors de la balle de match au bout du pied. Numéro 9 dans le dos, le milieu sacré Champion de France avec le PSG n'est pas un spécialiste et ne marque pas souvent. Aux commentaires pour la télévision française avec Jean-Michel Larqué, Thierry Roland encourage Fernandez : « Allez mon petit bonhomme ! » Puis le duo s'écrie : « Ouuuaaaaaais ! » Le Parisien vient de croiser idéalement son tir du pied droit et envoie les Bleus en demi-finale. Le cauchemar de Séville est quelque peu oublié. Quelques jours plus tard, les éléments d'Henri Michel échoueront une nouvelle fois aux portes de la finale devant la RFA (0-2).

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