Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le vendredi 10 avril 2020 à 12h51
Au Stade de France en 1998, la France remportait sa première Coupe du Monde en écrasant le Brésil (3-0) grâce notamment à un doublé de la tête signé Zidane. Sans doute le plus grand moment de l'histoire du sport français.
Et les Bleus ont fait chavirer la France. Les Français n'étaient plus sortis autant pour investir les rues depuis la Libération en 1945. C'est dire la portée de l'événement. Le moment le plus fort de l'histoire du sport français est probablement celui-ci : le triomphe des Bleus à la Coupe du Monde 1998. Célébrée par l'intermédiaire de son équipe cosmopolite, la France black-blanc-beur affichait sa réussite. Ce que ce sacre a généré est immense. A tous les niveaux de la société française. Sport compris, donc.
Dans ce Mondial 98 disputé dans l'Hexagone, chaque match possède son histoire. De l'inaugural à Marseille contre l'Afrique du Sud (3-0), avec le premier but du revanchard Christophe Dugarry à la langue bien pendue, au deuxième avec le carton infligé à l'Arabie saoudite (4-0) et le carton rouge de Zinédine Zidane. Du huitième de finale conclu par le but en or de Laurent Blanc face au Paraguay (1-0) au quart de finale stressant mais à l'issue libératrice contre l'Italie (0-0, 4 tirs au but à 3). En passant évidemment par la demi-finale remportée aux dépens de la Croatie (2-1), marquée par l'improbable doublé de Lilian Thuram. Mais le rendez-vous le plus enivrant demeure la finale avec le plus beau des adversaires : le Brésil.
Ronaldo, meilleur joueur du Mondial 98, a fait un malaise avant la finale
Enfin en position d'accrocher à son palmarès la compétition universelle, l'équipe de France a franchi le palier sur lequel elle avait échoué par trois fois en 1958, 1982 et 1986. Sur le sol national, elle retrouve celui qui lui avait barré la route quarante ans auparavant. La bande à « Justo » Fontaine, Raymond Kopa et Robert Jonquet s'était alors logiquement inclinée face au futur lauréat (2-5), emmené par le « roi » Pelé, auteur d'un triplé. Ce dimanche 12 juillet 1998, le Brésil possède dans ses rangs un autre phénomène : Ronaldo.
L'attaquant de l'Inter Milan est bien titulaire face aux Bleus. L'incertitude a pourtant régné durant de longues minutes avant le coup d'envoi car plusieurs feuilles de match ont circulé dans les entrailles du Stade de France. Troisième meilleur buteur du Mondial avec quatre réalisations (derrière Davor Suker, 6, Gabriel Batistuta et Christian Vieri, 5), Ronaldo n'était pas présent sur la première, au profit d'Edmundo. Coup de bluff de Mario Zagallo, le sélectionneur carioca ? Le prodige a en réalité été victime d'un malaise durant les heures précédant la finale et a dû se rendre à la clinique des Lilas pour effectuer des examens cardiaques et neurologiques. Diminué, le phénoménal buteur ratera sa finale. « Je n'ai pas arrêté de penser à le remplacer. Mais il m'a dit qu'il se sentait bien. Si je ne l'avais pas fait jouer, on me l'aurait reproché pendant longtemps », confiera Zagallo après la rencontre.
Zidane ouvre le score à la 27eme minute !
Celle-ci débute bien pour les Bleus qui tiennent le ballon dans une magnifique enceinte colorée en cette fin de journée ensoleillée. Attaquant de pointe titulaire du dispositif élaboré en 4-3-2-1 par Aimé Jacquet (Barthez dans le but, Thuram-Leboeuf-Desailly-Lizarazu en défense, Karembeu-Deschamps-Petit au milieu et le duo offensif Zidane-Djorkaeff), Guivarc'h se procure rapidement une première occasion. Servi par Zidane, le buteur d'Auxerre ne parvient néanmoins pas à cadrer dès la 3eme minute. Comme Djorkaeff de la tête. Les Auriverde, qui sont arrivés sur le terrain main dans la main et sont déployés en 4-4-2 (Taffarel - Cafu, Aldaïr, Junior Baiano, Roberto Carlos - Leonardo, Cesar Sampaio, Dunga, Rivaldo - Bebeto, Ronaldo), se rebiffent. Sans effet. Roberto Carlos centre au-delà de la transversale française (21eme), Rivaldo place une tête insuffisante (24eme).
Puis vient la 27eme minute. La France obtient un premier corner côté droit dont se charge Emmanuel Petit. Le milieu enroule du pied gauche. Au premier poteau, Zinédine Zidane s'élève au-dessus de Leonardo et décoche une tête piquée gagnante ! Le meneur de jeu de la Juventus Turin assène un poing rageur face aux supporters, Leboeuf lui frappe la poitrine avec la sienne, les Bleus prennent l'avantage au tableau d'affichage (1-0). Incroyable, ils mènent en finale de Coupe du Monde.
Barthez percute Ronaldo et Zizou signe son 2ème but
Quatre minutes plus tard, les photographes s'en donnent à cœur joie. Au sein de la surface française, Barthez réalise une sortie spectaculaire au-dessus de Ronaldo qu'il percute violemment (31eme). Après intervention des soigneurs, l'attaquant poursuit heureusement le match. Son partenaire Bebeto cadre une tête trop molle et le premier acte touche à sa fin. Les Français sont très solides, Leboeuf, qui supplée Blanc, expulsé contre la Croatie, assure comme Desailly et le trio Karembeu-Deschamps-Petit dans l'entrejeu. Guivarc'h se démène et obtient un nouveau corner, de l'autre côté. Djorkaeff l'exécute du droit et envoie le ballon sur le crâne de Zidane qui arrive lancé et prend encore à revers Taffarel, battu sur sa droite (45eme+1) ! Auteur du doublé, « Zizou » embrasse plusieurs fois son maillot et s'agenouille vers son passeur décisif, tout sourire. Le président de la République Jacques Chirac brandit son maillot tricolore floquée du numéro 23. L'exploit est en marche, la France rallie les vestiaires avec deux d'avance (2-0). « Qui l'eût dit, qui l'eût cru ? », balance Thierry Roland sur TF1.
A la reprise, le Brésil, où Denilson a remplacé Leonardo, se fait pressant. Le quadruple lauréat se doit de réagir. Derrière un centre de Roberto Carlos, la défense française n'intervient pas. Au deuxième poteau, Ronaldo contrôle en un éclair et reprend lourdement du droit. A bout portant, Barthez bloque magnifiquement ! Guivarc'h manque ensuite le 3-0 en position idéale (63eme). Puis Desailly est expulsé pour un deuxième carton jaune après un tacle trop appuyé (67eme). Jacquet fait rentrer Vieira en lieu et place de Djorkaeff et Petit se positionne au côté de Leboeuf dans la charnière. Le Brésil multiplie les initiatives, Denilson effleure la transversale. Edmundo est rentré, mais la France demeure imprenable.
Petit signe le 3-0, la France fonce vers sa 1ère Coupe du Monde de football
Les remplaçants français ne tiennent plus en place au bord du terrain, David Trezeguet fond en larmes dans les bras de Thierry Henry, Robert Pires a hâte de festoyer. Thuram concède cependant un corner dans les ultimes secondes. Dugarry, qui a remplacé Guivarc'h et manqué une incroyable situation, récupère et lance la contre-attaque. Il sert vers la gauche Vieira qui remise en une touche en direction de Petit qui a décidé de pousser son effort jusqu'au bout. Le joueur d'Arsenal rentre dans la surface brésilienne, devance Cafu et croise triomphalement son tir du pied gauche (3-0, 90eme+3) !
Thierry Roland s'enflamme sur TF1
C'est fini, la France remporte la plus belle des compétitions en écrasant le Brésil. Les 22 éléments tricolores fêtent chacun à leur manière cet énorme moment, Zagallo félicite Jacquet qui savoure après tant de critiques encaissées depuis plusieurs années. « Vous le croyez ça, l'équipe de France est championne du monde en battant le Brésil 3-0 ?! Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible, mais on peut... Ah c'est super ! Quel pied ! Ah quel pied ! Oh putain ! Olalalalalala !!! », s'enflamme Thierry Roland à la TV. Le visage de Zidane s'affiche en grand sur l'Arc de Triomphe, les Français sont partis pour une nuit de folie.