Mathieu Warnier, Media365, publié le mercredi 08 novembre 2023 à 18h55
Présent ce mercredi face à la presse pour la première fois depuis l'échec du XV de France en quarts de finale de la Coupe du Monde, Fabien Galthié a passé en revue la compétition et s'est déjà tourné vers l'avenir.
Fabien Galthié était attendu de pied ferme. Un peu plus de trois semaines après l'échec du XV de France face à l'Afrique du Sud en quarts de finale de la Coupe du Monde, le sélectionneur des Bleus s'est présenté à la presse dans les installations du Paris Université Club après avoir encadré un entraînement des jeunes pousses du club de la Capitale. C'était l'occasion pour l'ancien demi de mêlée de revenir sur ce qui n'a pas permis aux Bleus d'aller chercher le titre lors de « leur » Mondial. Un décalage dans la prise de parole publique que l'entraîneur du XV de France a justifié par l'envie de ne rien parasiter. « Quand tu te fais sortir en quart de finale, tu laisses la compétition se dérouler, a tout d'abord confié Fabien Galthié. Après les joueurs sont partis dans leur club. Je pense qu'il faut laisser un temps au Top 14 de reprendre. Il faut laisser du temps à plusieurs choses. Laisser la place à ceux qui ont gagné et pour nous, il y a d'abord le temps du deuil. » Le patron des Bleus ne le cache pas, cette élimination avant le dernier carré « a été une énorme déception ». « Quatre ans de travail acharné, de travail réussi, qu'on le veuille ou non. Quatre ans de progression cohérente, rappelle-t-il. Le seul objectif était d'être champion du monde. La déception aurait été la même si nous avions perdu d'un point en demi-finale ou en finale. »
Galthié : « Il faut accepter la défaite »
Malgré tout, l'ancien demi de mêlée a confié qu'« il faut accepter la défaite, le fait de ne pas avoir atteint l'objectif » avant de « dépasser cet état-là ». Sur la globalité de son premier mandat, Fabien Galthié tire du positif à l'idée d'avoir permis à la France de redevenir « une nation qui compte sur la scène mondiale ». « L'objectif suprême était d'être champion du monde et nous avons échoué. Il y a donc un deuil, martèle-t-il malgré tout. On est tous responsables de notre destin dans la difficulté et dans la défaite. » Décrivant la préparation de la Coupe du Monde puis son déroulement comme une bulle, le sélectionneur du XV de France est revenu sur les sensations vécues quand tout s'est arrêté de manière abrupte le 15 octobre dernier. « Le fait de ressortir de la bulle m'a permis de me rendre compte comment les Français nous ont aimés, ont aimé cette équipe et ont vécu cette aventure, a résumé Fabien Galthié. On a senti un souffle, un soutien, un support. Je parle au passé, mais je pourrais parler au présent aussi. C'est que des messages de soutien et d'affection que nous donnent aujourd'hui les Français. » Toutefois, la question des manques ayant bloqué les Bleus aux portes des demi-finales est très vite venue, avec le patron des Bleus qui a concédé qu'« un point c'est rien, mais un point, c'est tout » avant de se pencher sur le déroulement de la rencontre face aux Springboks, assurant ne pas avoir été dans l'erreur d'un point de vue tactique.
Galthié : « On aura la cicatrice à vie »
« Quand vous rentrez onze fois dans la zone de conclusion... C'était deux fois plus que l'objectif que nous nous étions fixés. Dans le dernier geste, sur des faits de matchs, ça n'a pas suffi, résume Fabien Galthié. Nous sommes la seule équipe à s'être procurée autant de temps forts. Ça nous mène à un potentiel de marque de 37 points, on en a marqué que 28. Ça veut dire que tactiquement, on ne s'est pas trop trompés sur le plan offensif. » Assurant qu'il reprendrait « la même tactique si c'était à refaire », l'ancien capitaine du XV de France a toutefois concédé avoir changé son fusil d'épaule concernant les remplacements en deuxième période. « Sur le coaching, il était prévu qu'on coache plus tôt. On a retardé le coaching sur certains postes, il nous a semblé que c'était le bon moment... et on meurt à un point, explique-t-il. Malgré les faits de jeu et le scénario de match, on avait comme objectif de jouer la gagne jusqu'à la dernière action quoi qu'il arrive. » Cette contre-performance restera comme « une blessure et une douleur » pour le patron des Bleus. « Quand on joue pour l'équipe de France et une Coupe du Monde, il faut être prêt à gagner mais aussi à vivre ce qu'on a vécu. Il n'y a qu'une équipe qui a pas mal en fait : le champion du monde, admet Fabien Galthié. On aura la cicatrice à vie et ça fait partie de notre chemin. On a tous fait une sorte d'introspection, d'abord personnelle puis collective, sur ce qu'on a vécu. » Quant aux polémiques concernant l'arbitrage, le sélectionneur national assure avoir revu l'ensemble de la rencontre face à l'Afrique du Sud et, comme cela est de coutume, a envoyé un rapport aux intéressés. « J'ai envoyé à World Rugby et à Ben O'Keeffe des clips sur des secteurs qui me semblent importants, a-t-il confirmé. On avait besoin d'avoir des réponses sur les décisions prises pendant le match. » Alors que le chapitre 2023 s'est refermé sur une déception, celui devant mener à 2027 va prochainement s'ouvrir.
Galthié : « Essayons de tous monter d'un cran notre niveau »
A ce sujet, Fabien Galthié entend voir son groupe gagner en expérience d'ici le voyage en Australie. « Dans quatre ans, si elle ne bouge pas, l'équipe aura 31 ans de moyenne d'âge, résume-t-il. En fonction du turnover, on peut monter, sur l'expérience collective, de deux ans et de 20 sélections. A partir de là, je pense que l'équipe sera plus forte que celle qui a perdu d'un point contre l'Afrique du Sud. » Une équipe qui va pouvoir compter dès le printemps prochain sur Emmanuel Meafou, dont la naturalisation est imminente, alors que la jeune génération monte comme démontré par les trois titres de champion du monde U20 remportés par les Bleuets. « On peut être surpris par les potentiels qu'il y a dans le rugby français. Il faut que tous les joueurs de Pro D2, de Top 14 et des centres de formations aient l'ambition de jouer en équipe de France », a affirmé Fabien Galthié. Pour l'entraîneur du XV de France, l'idée est de « faire monter par aspiration et par transmission le niveau de tout le rugby français » et assure aux joueurs qu'il leur « faut venir chercher le maillot » mais pas à n'importe quelles conditions. « Respecter le cadre imposé, car on va repartir sur un cycle de quatre ans, et savoir que l'objectif collectif est aussi un collectif individuel, affirme-t-il. Soyons exigeants individuellement et collectivement. Essayons de tous monter d'un cran notre niveau. C'est à ce prix qu'on sera performant. » Une équipe pour laquelle les clubs du Top 14 ont fait beaucoup de sacrifices lors des quatre dernières années. Et même si cette expérience s'est achevée sur une défaite, Fabien Galthié espère que la collaboration va se poursuivre sur les mêmes bases. « L'équipe de France est un centre de ressources, pas de coût. Quand l'équipe de France tourne bien, ce sont des stades pleins en championnat, a-t-il affirmé face aux journalistes. On marche ensemble. Je veux croire qu'on va continuer à marcher ensemble. Ça s'appelle la solidarité. » Cela passera par une réunion avec Jean-Marc Lhermet dès la semaine prochaine avant des échanges avec la LNR dans le courant du mois de décembre. En tout cas, Fabien Galthié entend tourner la page mais aussi garder les leçons tirées de cette expérience malheureuse.