Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 06 avril 2020 à 13h40
Retour sur le huitième de finale de la Coupe du Monde 2006 entre la France et l'Espagne. Futurs finalistes, les Bleus s'étaient imposés (3-1) sous l'impulsion de Zinédine Zidane que la presse espagnole envoyait à la retraite quelques jours auparavant.
La Coupe du Monde 2006 ? Le coup de boule de Zinédine Zidane bien évidemment puis la défaite aux tirs au but devant l'Italie (1-1, 5-3 aux t.a.b.) en finale à Berlin au terme d'un parcours de haute volée. Avant le coup de sang du numéro 10 des Bleus et son coup de boule sur le torse de Marco Materazzi, il y a eu la demi-finale tendue face au Portugal (1-0), le quart de finale majestueux contre le Brésil (1-0) et le huitième de finale qui avait vu la bande à Raymond Domenech renverser l'Espagne (3-1). Un des matchs qui a le plus fait vibrer les supporters français ces trente dernières années !
Des débuts compliqués pour le mari de Véronique et les Bleus
Sacrés Champions du Monde huit ans auparavant au Stade de France puis piteusement éliminés dès le premier tour en 2004 en Asie, les Bleus ont véritablement entamé leur compétition contre la Roja en 2006. Mal embarquée dans une poule a priori facile après deux nuls initiaux contre la Suisse (0-0) et la Corée du Sud (1-1), l'équipe de France a peiné à se montrer à la hauteur et s'est avancée avec la peur au ventre face au Togo. Grâce à deux buts de Patrick Vieira et Thierry Henry en seconde période, elle a finalement fait le boulot et rallié les huitièmes de justesse sans Zidane, suspendu après avoir reçu deux avertissements lors des deux premières rencontres, qui va prendre sa retraite à l'issue de la compétition.
Une Espagne brillante en poule
Un air de revanche flotte sur cette rencontre qui a fait couler beaucoup d'encre avant son coup d'envoi. Les Ibériques n'ont pas oublié leur élimination de l'Euro 2000 en quarts de finale (1-2) et espèrent enfin damer le pion à ces satanés Bleus qui les dominent toujours dans les grands tournois (un seul nul 1-1 en poules à l'Euro 1996). Si l'Espagne gagne souvent en amical de 1922 à 1981, elle s'est inclinée en finale de l'Euro 1984 (0-2), en qualifications pour l'Euro 1992 (1-3, 1-2) et, donc, en 1/4 du Championnat d'Europe 2000. Elle en a assez et pense avoir les arguments pour tomber les partenaires de « Zizou » et s'avance avec le statut de favorite.
Elle a brillé en phase de groupes sur le sol allemand et empilé trois succès convaincants contre l'Ukraine d'Andreï Chevtchenko (4-0), la Tunisie (3-1) et l'Arabie saoudite (1-0). Elle possède une génération en or, qui va plus tard rafler trois compétitions majeures de rang (Euro 2008-Coupe du Monde 2010-Euro 2012). Face aux Bleus au coup d'envoi du dernier huitième de finale du Mondial 2006, elle s'appuie notamment sur son gardien Iker Casillas, Sergio Ramos, alors aligné comme défenseur latéral droit, le roc Carles Puyol en défense centrale et le trio Cesc Fabregas-Xabi Alonso-Xavi au milieu de terrain, tandis que David Villa, Raul et Fernando Torres emmènent l'attaque.
« On va mettre Zidane à la retraite »
Ce 27 juin 2006 à Hanovre, les Espagnols sont donc très confiants, mais en face, les Français sont remontés comme des pendules. Il faut dire que la presse de l'autre côté des Pyrénées a mis le feu aux poudres. « On va mettre Zidane à la retraite », a asséné Marca quelques jours avant le choc. Les fans de la Roja sifflent le meneur de jeu du Real Madrid durant l'échauffement et lors de l'annonce des équipes, puis la Marseillaise. Zizou ne bronche pas. Il se réserve pour le terrain. Les jeunes éléments dirigés par Luis Aragones prennent les devants à la 28eme minute sur un penalty transformé par David Villa suite à une faute commise par Lilian Thuram, qui compose l'arrière-garde tricolore avec Willy Sagnol, William Gallas et Eric Abidal, le tout devant Fabien Barthez.
Ribéry répond à Villa, Vieira donne l'avantage
Le camp français reprend pourtant espoir avant la pause quand Franck Ribéry, titularisé sur le flanc droit du 4-2-3-1 installé par Domenech (Zidane au centre, Florent Malouda à gauche et Thierry Henry en pointe), égalise superbement. Lancé en profondeur par Vieira, le joueur de l'OM s'en va dribler Casillas et propulser le ballon du pied gauche au fond (1-1, 41eme minute). Au retour des vestiaires, les Bleus, qui évoluent en blanc, dominent et imposent leur physique, redoutablement armés avec le duo Vieira-Makélélé. Les débats basculent à la 83eme lorsque Vieira, décidément dans tous les bons coups, marque de la tête après un coup franc levé par Zidane consécutif à une faute grossière de Puyol sur Henry ! La France prend l'avantage (2-1) et va s'assurer la qualification dans la folie.
L'ancien joueur du Real enterre la Roja et signe le 3-1
Zidane, Espagnol d'adoption, récupère le ballon dans le temps additionnel. Govou alerte Wiltord qui dévie sur le côté gauche vers Zidane. Le capitaine des Bleus enchaîne divinement plusieurs contrôles et rentre dans l'aire de vérité. « Au bout, au bout, au bout ! », s'époumone le regretté Thierry Gilardi aux commentaires sur TF1. Le numéro 10 efface somptueusement Puyol et place une frappe victorieuse à ras de terre du droit (3-1, 91eme) ! Son premier tir cadré. Ribéry lui grimpe sur le dos, imité par ses autres coéquipiers. La France se hisse en quarts et Zidane a fait taire les Espagnols. « Ce n'était pas encore mon jubilé. J'ai envie de dire aux Espagnols, parce qu'ils nous ont assez chambré là-dessus, que ça n'est pas pour cette fois. L'aventure continue », lâche-t-il ensuite devant les journalistes.