6Medias, publié le mercredi 07 février 2018 à 10h46
Les pelouses synthétiques utilisées sur de nombreux terrains de sport pourraient contenir des produits toxiques. Le gouvernement va saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, révèle mercredi BFM TV.
Les pelouses synthétiques dans le viseur du gouvernement.
Ces surfaces sont composées de petites billes bien connues des footballeurs. Elles s'infiltrent dans les chaussures, collent à peau, et se glissent dans les cheveux. Ces granulés en plastiques sont fabriqués à partir de pneus usagés et contiendraient des produits toxiques. Certains craignent même qu'elles soient responsables de cancers.
Alerté sur cette problématique, le gouvernement s'apprête à saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES), selon BFM TV. Pour le moment, l'Anses dit n'avoir jamais mené d'études sur le sujet mais avoir déjà eu "des remontées d'alertes".
Chaque année, 200 terrains sont construits ou rénovés en France. Chacun nécessite 25 000 pneus dans lesquels on retrouve jusqu'à 200 matériaux différents, selon Michelin. Parmi eux, des produits chimiques connues pour être dangereux pour la santé comme les hydrocarbures aromatiques polycliniques, le cadmium, l'arsenic ou le benzène. Ces produits se retrouvent ensuite dans les billes de plastiques : "Lors d'opérations de broyage successives, le textile et le métal sont extraits. Il ne reste plus que les petites billes de caoutchouc, sans aucun traitement additionnel", explique à BFMTV Hervé Domas, le directeur d'Aliapur, la filière chargée de collecter les pneus usagés.
Selon une étude réalisée par Aliapur, les particules de pneu ne présenteraient ainsi "aucun risque". Même chose du côté du ministère des Sports qui a dressé un "bilan favorable aux gazons synthétiques " en 2008. Pourtant, à l'étranger, des chercheurs s'interrogent sur la réelle dangerosité de ces surfaces. Dès 2007, l'association Environment and Human Health, Inc. alertait sur la libération de "métaux et de composés organiques volatils, ou semi-volatils" au contact de ces billes. Autre étude : à l'université de Yale, un chercheur a découvert 96 substances chimiques dans ces granulés. Pour la moitié d'entre elles, leur toxicité n'a jamais été testée sur les enfants.
Face à ces interrogations, plusieurs élus ont déjà saisi le gouvernement. "On en est au début de la prise de conscience", assure Catherine Bassani-Pillot, élue municipale EELV à Nantes.