Thomas Siniecki, Media365 : publié le samedi 27 avril 2024 à 19h36
La Palestine sera présente dans trois mois à Paris, c'est une certitude en taekwondo. Et ça ne s'arrêtera peut-être pas là.
Dans son interview accordée à l'AFP, une sorte d'état des lieux général à trois mois de Paris 2024, Thomas Bach a profité de l'occasion pour lancer un message très clair à la Palestine : "Si aucun athlète ne se qualifie sur le terrain, le comité national olympique palestinien bénéficiera d'invitations." Selon le président du CIO (Comité international olympique), ils seront de "six à huit en fonction des qualifications, encore en cours dans un certain nombre de disciplines". Il ne s'agit pas d'une dérogation exceptionnelle à proprement parler, mais bien de l'activation du concept d'universalité olympique qui permet aux nations sans le moindre qualifié de bénéficier de ces invitations. En termes politiques, le CIO continue de réclamer une solution à deux pays, d'autant que les deux comités olympiques continuent de cohabiter depuis 1995 et qu'il n'y a eu "aucune violation de la charte olympique, par aucun des deux comités".
Al-Madar : "Un grand message de paix"
Nader Jayousi, le directeur technique du CNO palestinien, estime les pertes sportives à au moins 170 morts depuis le début du conflit avec Israël en octobre 2023 (interviewé début avril par France 24), "entre les athlètes, les coachs et les personnels de club". On y trouve notamment Hani Al-Madar, le coach de l'équipe de football, ainsi que la vedette du volley Ibrahim Qusaya. "A ces tragédies s'ajoutent les destructions d'infrastructures : le stade Yarmouk, les QG du comité olympique à Gaza, plusieurs stades... Au moins 70 % de la population gazaouie serait sans abri si la guerre s'arrêtait, alors ne parlons même pas des lieux pour faire du sport."
Donnant l'exemple d'un haltérophile qu'il a réussi à extraire de Gaza, après quinze kilos de perdus, le dirigeant rappelle qu'un athlète est déjà qualifié directement en taekwondo, le deuxième seulement d'une histoire qui dure depuis Atlanta 1996 (toutes les autres participations avaient été permises grâce à des invitations). "Voir notre drapeau à la cérémonie d'ouverture, ce sera un grand message de paix pour le monde entier, ça montrerait à quoi les Palestiniens pourraient ressembler à l'avenir. Mais aussi un message pour nos prochaines générations, nos enfants qui ont perdu leurs rêves, brisés par les bombes et les roquettes. Ces enfants verront des modèles qui auront réussi à aller à Paris 2024, ce sera historique !"