Un enfant, un vélo : Hinault est ravi d'offrir des vélos aux enfants du Tour de France

Aurélien CANOT, Media365, publié le mardi 12 juillet 2022 à 08h19

Présent sur le Tour de France dans le cadre d'"Un enfant, un vélo", lancée par Century 21 en 2017, Bernard Hinault se réjouit de faire le bonheur des enfants en leur offrant des vélos. Quelques jours après avoir lancé l'opération à Calais, le quintuple vainqueur de la Grande Boucle décrypte pour nous ces premiers jours de course et livre son sentiment sur le cyclisme actuel.

"Un enfant, un vélo", l'histoire continue. Lancée par Century 21 en 2017 avec l'implication de son parrain Bernard Hinault, l'opération est reconduite cette année sur le Tour de France pour la sixième année consécutive. Avant le lancement de cette Grande Boucle, elle avait déjà permis à 700 enfants de se voir offrir un vélo en parfait état de marche. Grâce à l'engagement solidaire de 104 agences du réseau immobilier cette année, de nombreux enfants seront de nouveau gâtés. Comme un symbole, c'est le quintuple vainqueur du Tour de France Bernard Hinault en personne, qui a donné le coup d'envoi le 5 juillet sur la ligne d'arrivée de Calais, première étape en France de cette 109eme édition. Engagé depuis toujours en faveur du port du casque à vélo et conscient que la sécurité est indissociable du plaisir de la pratique, Bernard Hinault a remis ce jour-là un vélo mais aussi un casque aux enfants de l'association Calaisis. Il les a ensuite sensibilisé ensuite aux comportements à adopter avant et pendant leurs premières sorties à vélo. Une cause qui lui est chère et sur laquelle il revient pour nous en exclusivité, ainsi que sur l'opération "Un enfant, un vélo" en elle-même et sur ce début de Tour marquée par le panache de Wout Van Aert et la nouvelle démonstration de force de Tadej Pogacar.

Bernard Hinault, que représente pour vous le fait de contribuer au bonheur de tant d'enfants, à qui vous offrez leur premier vélo ?
C'est un vrai plaisir. Ce dispositif est dédié aux enfants d'origine modeste dont les parents n'ont pas les moyens de leur offrir un vélo. Le bonheur, ce serait qu'un jour, un enfant à qui on a offert un vélo vienne quinze ans après me dire : "Tu as vu : tu m'as offert un vélo il y a quinze ans et maintenant, je suis le champion". Ce serait juste incroyable.

Via cette opération, vous sensibilisez également les cyclistes débutants aux dangers de la route et à la sécurité. On vous sent très attaché à ce discours...
Oui effectivement. Une loi impose le casque aux enfants jusqu'à l'âge de douze ans et pas douze ans et un jour. Je trouve cela ridicule. Quand on voit le nombre élevé d'accidents aujourd'hui, le casque devrait être obligatoire pour tous. Ça paraît logique. Ça vaut pour toutes les personnes qui font du vélo. Il y a tellement d'accidents et de gens sur la route qu'il devient dangereux de rouler sans casque. Il faut le dire aux enfants, comme il faut leur dire de respecter le code de la route, c'est primordial. Avec Century 21, nous tenons à offrir un casque à chaque enfant qui reçoit un vélo et nous les sensibilisons aux potentiels dangers.

Quel accueil avez-vous reçu à Calais, où vous avez été le premier à offrir des vélos aux enfants de l'association Calaisis ? On imagine que les sourires devaient être de mise...
(Il rit) Bien sûr. Depuis le lancement de l'initiative, Century 21 a déjà offert 700 vélos à des enfants, et à chaque fois, c'est le même bonheur de voir ces enfants avec des yeux plein d'étoiles. Cette année, je suis accompagné de Marie-José Pérec et Léon Marchand qui remettent aussi des vélos aux enfants à Arenberg et Carcassonne. Nous allons encore remettre cent vélos cette année grâce à cette initiative solidaire. Cela fait toujours plaisir de recevoir un vélo. Personnellement, j'avais du me payer mon vélo pour courir, mais ça faisait partie de la vie, c'était comme ça.

Vous souvenez-vous de ce premier vélo ?
Oui, c'est comme si c'était hier ! Comme mes parents n'étaient pas aisés, je l'ai acheté à mon frère et je lui ai payé en gagnant des courses. C'est comme ça que l'on peut devenir un champion. Il y avait un objectif au bout : c'était de lui rembourser le vélo !

Et vous avez ensuite gagné cinq Tours de France et êtes entré dans la légende. Tadej Pogacar n'en est pas encore loin. Il semble néanmoins parti pour de nouveau écraser ce Tour. A-t-il tout d'un extra-terrestre à vos yeux ?
Un extra-terrestre, je ne pense pas, mais il a des capacités exceptionnelles. Sur les pavés, il a maitrisé de main de maître et le lendemain, il est allé prendre le maillot (jaune) alors que Roglic avait essayé de l'attaquer. Il le contre et gagne au sprint une superbe victoire.

"Ce Van Aert, c'est un personnage !"

A-t-il déjà course gagnée pour vous ?
A 90%, oui. Il peut toujours y avoir des aléas et il n'a peut-être pas une très grosse équipe, mais dans la montagne, il se promène par rapport aux autres. Gagner cinq Tours ? Il n'a que 23 ans. Nous, à cet âge-là, on gagnait le Tour pour la première fois... alors je pense qu'il est bien parti pour battre tous les records.

Regrettez-vous que Wout Van Aert ait été le seul animateur du début de Tour ?
Oui, mais Van Aert, c'est aussi un personnage ! Quand il va chercher l'étape de Calais avec la manière et le maillot jaune sur les épaules... ça m'a fait rêver ! Le maillot jaune qui ne se pose pas de question et qui attaque. Après, certaines étapes n'ont pas été faciles. Au Danemark, on pouvait s'attendre à une grosse étape avec le pont du Grand Belt, et, finalement, le vent était mal placé et les coureurs n'ont pas fait la course qu'ils auraient dû faire. C'est difficile d'attaquer quand il y a du vent de face.

Van Aert faisait encore partie de l'échappée le jour où il a perdu son maillot jaune, mais cette fois, cela n'a pas suffi...
Oui mais il le fait avec le panache. Il s'attendait à perdre son maillot en faisant quelque chose comme ça. Après, ça pouvait très bien aller jusqu'au bout car ils l'ont rattrapé à dix kilomètres de l'arrivée à peine, c'est énorme malgré tout.

Le peloton ne manque-t-il pas de coureurs au panache comme Van Aert ?
Oui, dans certaines équipes, cela manque un peu. Il y en a qui essaient sans avoir forcément de gros moyens physiques. Mais le Tour n'est pas fini : il peut se passer encore beaucoup de bonnes choses.

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