Moundir : " Evan Fournier me fait penser à Dubuisson "

Aurélien CANOT, Media365, publié le lundi 11 avril 2022 à 15h40

Présent le week-end dernier à Disneyland Paris dans le cadre du Winamax Club Trophy, l'équivalent du Championnat de France des clubs de poker, Moundir, fou de poker mais pas seulement, évoque pour nous sa passion pour le basket. Un sport dans lequel l'animateur-producteur qui s'était fait connaître dans Koh Lanta, envisageait une carrière professionnelle, avant qu'une blessure vienne ruiner ses ambitions.

Moundir, vous aviez développé une forme grave du coronavirus il y a un an. Vous êtes aujourd'hui pratiquement guéri. Comment allez-vous ?
Les nouvelles sont bonnes. On s'entraîne dur. Il me manque encore cinq pour cent à récupérer dans le poumon gauche et tout rentrera dans l'ordre. Les cinq pour cent qui restent à guérir sont difficiles, mais il faut s'accrocher. La vie est belle.

Beaucoup de gens ne le savent pas, mais vous auriez pu faire carrière dans le basket. Racontez-nous...
Oui, j'ai évolué en semi-professionnel et j'ai vécu des choses exceptionnelles dans le basket. C'est un peu comme le vélo : ça reste ancré en moi et j'ai toujours cette fibre pour le basket. J'ai eu de belles blessures qui m'ont un peu ralenti à un moment et il fallait que je me retourne derrière moi pour savoir quel métier je voulais faire. Car je ne vivais que de ça. C'est vrai que j'avais des rêves pour aller plus loin, mais il faut savoir accepter son destin. Et au moins, je peux dire que j'ai vécu de belles années dans le basket.

Parlez-nous de votre parcours...
J'ai commencé dans le vingtième arrondissement, à l'ACS Le Clos, où j'ai évolué de minime jusqu'à cadet. Ensuite, je suis parti au Ministère des Finances, avec qui nous sommes montés jusqu'en Nationale 3, puis j'ai fait une pige en Nationale 2 avec Poissy-Charenton, juste avant que je fasse de la télé. J'avais fait aussi six mois dans une université de Miami. Ca commençait bien, mais j'ai eu ensuite mon tibia fracturé suite à un accident de moto, on m'était rentré dedans, et j'ai dû revoir mes objectifs. Je revenais d'un très bon stage là-bas, j'avais 17 ans, on avait trouvé une high-school qui me prenait. Et en allant m'entraîner avec mon club à Paris, je me suis fait tamponner par un scooter sur un passage piétons. Après, plein de choses ont changé. A l'origine, il était prévu que je retourne aux Etats-Unis et que je vive l'expérience, c'était cool.

Quel type de joueur étiez-vous ?
Je jouais deuxième arrière. J'avais un bon shoot et je défendais très bien. Est-ce que j'étais un joueur complet ? Oui, pratiquement, avec une belle vision de jeu.

Ce que vous avez connu, et notamment ce passage par les Etats-Unis fait-il naturellement de vous un grand passionné de NBA ?
Oui, et aussi d'Euroligue. La NBA, j'aime bien, mais le jeu est très différent maintenant, on se fait un peu chier quand même (sic). Ce sont des actions en moins de dix secondes. Je préfère l'Euroligue, où la balle circule plus et où les écrans sont posés, avec moins d'individualisme. Dans le Championnat de France, je suis surtout quelques équipes. Je suis allé voir jouer Paris, c'est un peu "Qui veut sauver le soldat Ryan ?" Il y a un bon potentiel, mais il faut vraiment leur insuffler le goût de la gnac, car c'est un club qui mérite d'être Top 3 ou 4. J'aime bien aussi Monaco, Nanterre et Le Portel, contre qui j'avais joué en Nationale 3 à l'époque. Ils ont fait une belle ascension, c'est bien pour eux.

En NBA, appréciez-vous un joueur plus qu'un autre ?
J'aime bien les Français, surtout Evan Fournier, qui peut vraiment se faire une place aux Knicks, surtout qu'il peut encore faire mieux. Dans le style et la gestuelle, il me fait penser à Hervé Dubuisson. Dubuisson avait ce shoot pur qu'a aussi Evan. C'était le seul à s'asseoir sur une chaise en milieu de terrain et à lever juste le bras pour mettre la balle. En plus, il avait un jump exceptionnel. D'ailleurs, il fut le premier à faire un essai en NBA, avec les New Jersey Nets à l'époque. Evan est un mélange de Yann Bonato et d'Hervé Dubuisson. J'aime beaucoup, car il a un jeu en percussion, il a un shoot qui est une vraie catapulte. Il sera All Star, ça, c'est indéniable.

"Le Winamax Club Trophy, c'est une vraie fête"

Cela ne vous empêche pas d'avoir repris le poker, à l'occasion du plus grand Winamax Club Trophy jamais organisé ?
Non, et je suis heureux que le poker ait repris, avec ce magnifique rendez-vous qu'est le Winamax Club Trophy, qui a eu lieu le week-end dernier. J'ai pris beaucoup de plaisir à revoir tous ces gens qui attendaient cet instant avec impatience, car c'est important que la vie reprenne. C'était la reprise pour le poker populaire et amateur. En ce qui me concerne, j'avais déjà repris sur Paris avec des événements dans les cercles comme l'APO.

Ce Winamax Club Trophy, c'est un peu la Ligue 1 du poker ?
C'est même encore plus profond que ça. Il y avait 419 joueurs des clubs affiliés Winamax. Il y avait les qualifiés de 2020, mis en stand-by, puisqu'il y a eu le Covid, et ceux de 2022, qui étaient réunis sur deux tournois différents, avec différentes compétitions. Ils ont pu représenter leur club et remporter des dotations formidables, comme des tables de poker et de beer-pong, des mallettes de jetons... C'est une vraie fête. Les joueurs sont reçus dans des conditions exceptionnelles, dans un hôtel quatre-cinq étoiles, avec des chambres mises à leur disposition. Ils sont vraiment dans des conditions optimales.

Le tout à Disneyland Paris, davantage habitué à héberger la Leaders Cup en basket...
Oui, cette Leaders Cup que j'affectionne tout particulièrement. Là, c'était le poker, ça faisait plaisir de revoir tous ces gens-là, et également l'euphorie de l'équipe Winamax, les organisateurs font du super boulot ! Ça fait plaisir. Pour moi, c'était ma septième édition, parce que ça fait huit ans maintenant que je suis avec Winamax. Je suis l'une des personnalités qui s'est rendue dans le plus de clubs dans toute la France pour représenter Winamax, le poker populaire et amateur. Avec le Winamax Poker Tour à l'époque, j'ai fait pratiquement tous les clubs.

Constatez-vous une évolution année après année ?
Chez Winamax, le mot évolution est minime. Chaque année, ils se remettent en question, l'équipe de développement est exceptionnelle et chaque personne est tellement compétente dans ce qu'elle fait qu'à chaque fois qu'un événement est créé, c'est juste top ! Aucune room ne crée des événements comme eux actuellement.

Que retenez-vous de cette édition 2022 ?
Il y a eu beaucoup d'enthousiasme et de bonheur pour tous ces joueurs venus représenter leur club. L'organisation était au top, comme toujours, et c'était surtout le plaisir de pouvoir repartager cette passion que nous avons tous pour le poker.

Des clubs sortent-ils du lot, comme ça peut être le cas en football notamment ?
Ca reste du poker, donc tout le monde a sa chance, c'est ce qui fait la magie du poker. Après, il y a quand même des clubs comme Lyon ou Grenoble qui sortent du lot (le Club Poker 95 a remporté cette édition). Il faut dire qu'ils ont plus d'adhérents, dont ils partent forcément avec un avantage, mais c'est plutôt sympa, honnêtement.

"Avec Daniel (Riolo), on a réussi à démocratiser le poker"

Vous n'étiez pas que spectateur lors de ces Winamax Club Trophy, puisque vous avez disputé des heads-up pendant une grande partie de la journée...
Oui, ça s'est très bien passé pour moi, puisque j'ai joué sur tablette pendant pratiquement trois heures, et en trois heures, je n'ai perdu que neuf fois. C'est un format que j'affectionne particulièrement et comme je n'aime pas balancer mes jetons quand je joue, le but, c'est vraiment de jouer à fond et de limiter les dotations de ticket (rires). Les tables étaient, elles, uniquement réservées aux joueurs des clubs.

Est-ce dire que vous préférez la tablette à la table en poker ?
J'aime le online, parce que c'est une magnifique école et que c'est là que j'ai appris, mais le live procure une sensation que l'on ne retrouve pas ailleurs. C'est tellement important, et c'est plus humain. Quand tu ne connais pas les joueurs, c'est très rapide mais c'est aussi très intéressant d'avoir le joueur en face de toi.

A quand remonte votre amour pour le poker ?
A 2010, par le plus pur des hasards. J'étais à Miami, je regardais la chaîne ESPN avec un ami et je voyais des mecs habillés avec des chapeaux et des lunettes. J'ai trouvé ça assez théâtral, un peu comme un gala de catch. Et je voyais des cartes affichées sur l'écran, mais je ne comprenais rien du tout. Mon pote Edouard, qui vit à Miami, m'a expliqué les règles en cinq minutes. Le soir-même, il y avait une partie de cash game, j'ai gagné 500 dollars et c'était parti : il y a eu l'essence du poker et je me suis retrouvé dans un autre monde à jongler entre ma passion pour le poker et mon boulot. Je n'étais pourtant pas un joueur de cartes à l'origine. J'avais dû déjà jouer à la bataille, mais jamais à des cartes avec de l'argent. Le poker est une passion qui me colle à la peau.

Qu'est-ce que vous aimez tant dans le poker ?
C'est surtout l'approche psychologique du poker, plus que le jeu en lui-même. Lorsque j'ai commencé à prendre des cours et à apprendre avec le magnifique joueur qu'est Slipman, j'ai vu tout de suite que le poker que je pratiquais et qui était un poker « Jésus » ou un poker « mitraillette », ce n'était justement pas ça le poker et qu'il fallait tout revoir. Et ça a été une approche et un apprentissage exceptionnel.

Au point de co-animer l'émission numéro 1 sur le poker ?
Oui, parce que je connaissais Daniel (Riolo) et Géraldine Maillet, qui est sa femme, et il y a six ans, Géraldine a proposé mon nom à Daniel, qui a dit : "Mais oui, bien sûr !" C'est comme ça que je suis arrivé au RMC Poker Show. Et ensuite, on a trouvé un rythme dans ce super projet qui a fait que l'émission a pris une ampleur exceptionnelle. Il y a une interactivité entre Daniel et moi, il y a le producteur qui fait un boulot exceptionnel. On marche main dans la main et nous sommes arrivés à démocratiser le poker, qui maintenant coule de source. Les gens, même ceux qui ne peuvent pas jouer au poker, écoutent la radio car il y a une synergie qui se fait et c'est top. Le poker a beaucoup évolué, on s'adapte en fonction et on essaye de faire en sorte qu'il reste passionnant et permette de se distraire.

De votre côté, trouvez-vous encore le temps de jouer ?
Entre ma vie de famille, mon boulot de producteur (je suis animateur télé sur des émissions d'aventure aussi), mes projets et le fait que je sois aussi investi dans le poker amateur, oui, mais ça fait partie d'un planning, et on avance. On a une bankroll et cette bankroll, tu la gères dans l'année avec certains tournois que tu peux jouer ou non. Ma bankroll ne me permet pas de jouer tous les tournois, mais il y a un tournoi où il faut bien sûr être, ce sont les World Series of Poker. Ca se déroule chaque année à Las Vegas, je me prépare pour les faire, donc je garde ma bankroll pour les USA.

Vous dites souvent qu'il faut prendre des risques dans la vie, en prenez-vous aussi à la table de poker ?
A la table, on peut prendre des risques, bien sûr, mais il faut que ce soit des risques payants. Comme je dis toujours : au poker, le meilleur bluff, c'est celui qui ne ment pas. Il faut faire attention à son engagement quand on joue, avoir la bonne décision et la faire fructifier le plus longtemps possible.

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