Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 22 juillet 2022 à 11h00
Alors que la tenue de la course au Castellet est menacée à partir de l'an prochain, faisant craindre un nouveau retrait du Grand Prix de France (comme de 2009 à 2017), retour sur ces dizaines de rendez-vous qui ont écrit sa légende.
Avant-guerre
En apparaissant dès 1906, le Grand Prix de France est devenu une des courses automobiles les plus anciennes de l'histoire, la doyenne du calendrier en F1. De nombreux circuits sont utilisés durant la première partie du 20eme siècle, mais en tout bien, tout honneur, c'est au Mans que la première édition a lieu, remportée par le Hongrois Ferenc Szisz sur Renault. Au fur et à mesure des années, c'est surtout à Montlhéry que l'épreuve s'ancre, en 1925, 1928, 1931 et de 1933 à 1937. Le Monégasque Louis Chiron s'impose trois fois (1931, 1934, 1937). Comme pour la plupart des autres événements sportifs, seules les deux guerres mondiales ont raison de la tenue de notre Grand Prix national.
Années 1950
Chiron ajoute deux victoires en 1947 (première édition de reprise) et 1949, puis un certain Juan Manuel Fangio lance la grande histoire de la F1 et donc celle du Grand Prix de France avec. L'Argentin gagne en 1950 et 1951 sur Alfa Romeo, puis en 1954 sur Mercedes et en 1957 sur Maserati. Le circuit de Reims abrite la majorité des courses lors de cette décennie, marquée par l'annulation de l'édition 1955 à la suite de la catastrophe des 24 heures du Mans où 84 personnes décèdent et plus de 100 autres sont blessées (le plus terrible accident de l'histoire du sport automobile, dont Mercedes s'est retiré à l'issue de ce drame).
Années 1960
Le Grand Prix de France peine encore à trouver son point de chute et oscille entre les circuits de Reims, des Essarts (Rouen), du Mans et de Charade (près de Clermont-Ferrand). L'Australien Jack Brabham sera celui qui remportera le plus de courses lors de cette décennie, avec trois succès en 1960 (sur Cooper), 1967 et 1968 (sur son écurie éponyme Brabham). Jim Clark lui oppose toutefois une belle résistance, le Britannique l'emportant en 1963 et 1965 (sur Lotus). En 1968, Jacky Ickx, alias "Monsieur Le Mans", gagne sur Ferrari mais cette édition est surtout marquée par le décès du Français Jo Schlesser pour ses débuts en F1.
Années 1970
Inévitablement, les grands noms de la F1 brillent à leur tour, tantôt à Charade, tantôt à Prenois (Dijon) et tantôt sur le circuit Paul-Ricard du Castellet, celui-là même qui abrite à nouveau le Grand Prix de France depuis 2018. Jackie Stewart (sur Tyrrell) remporte en 1971 le premier Grand Prix disputé dans le Var et réussira le doublé l'année suivante à Charade. Ronnie Peterson et Mario Andretti valident eux aussi une passe de deux (1973 et 1974 pour le Suédois, 1977 et 1978 pour l'Américain, tous les deux sur Lotus), Niki Lauda gagne en 1975 sur Ferrari. En 1979, Jean-Pierre Jabouille met fin à une disette de plus de 30 ans : un Français, qui plus est sur Renault, s'impose enfin à nouveau sur ses terres.
Années 1980
Le chemin est tracé, bien plus qu'on ne l'espérait, vers la décennie dorée de la F1 française. De 1980 à 1990, ce sont ainsi les pilotes tricolores qui triomphent le plus souvent à la maison, et cette fois de manière quasiment exclusive sur la piste du Castellet : Alain Prost, bien sûr, est le fer de lance avec ses victoires en 1981 - la première de sa carrière en F1 -, 1983 (Renault), 1988 et 1989 (McLaren), alors que René Arnoux l'emporte également en 1982 (sur Renault) devant Alain Prost, Didier Pironi et Patrick Tambay pour un incroyable quadruplé. Nigel Mansell (Williams) s'adjuge aussi un joli doublé en 1986 et 1987.
Années 1990
Alain Prost comme Nigel Mansell ajoutent chacun deux victoires à leur palmarès personnel : en 1990 et 1993 pour le Français, sur Ferrari puis Williams, en 1991 et 1992 pour le Britannique (sur Williams). A partir de 1991, tous les Grands Prix de France se disputent sur le circuit de Magny-Cours, qui va donc abriter l'intégralité des succès de Michael Schumacher, recordman de la course avec huit victoires. Il en glane la moitié en 1994, 1995, 1997 et 1998, dont les deux premières au sein de l'écurie Benetton où il effectue ses grands débuts. L'année de son titre en 1996, Damon Hill (Williams) est aussi vainqueur dans la Nièvre.
Années 2000
Au plus fort de son outrageuse domination, Michael Schumacher complète donc le tableau en 2001, 2002 - cette année-là, il est même sacré à Magny-Cours alors qu'il ne s'agit que de la onzième manche du championnat du monde -, 2004 et 2006, un an après avoir vu Fernando Alonso ramener Renault au sommet à domicile, plus de 20 ans après le dernier succès du constructeur national en France (Alain Prost en 1983). De 2009 à 2017, faute de financement et de promoteur, le Grand Prix de France disparaît, avant de revenir en 2018 au Castellet. Lewis Hamilton a gagné en 2018 et 2019, l'édition 2020 a été annulée à cause du Covid, et enfin Max Verstappen s'est imposé la saison dernière.