Euro 2004 : Et Zidane renversa l'Angleterre

Euro 2004 : Et Zidane renversa l'Angleterre©Panoramic, Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le vendredi 09 décembre 2022 à 22h46

Lors de la phase de groupes de l'Euro 2004, Zinedine Zidane avait renversé l'équipe d'Angleterre en trois minutes dans le temps additionnel.

Quand les Bleus débarquent au Portugal pour lancer leur Euro 2004, ils sont certes encore traumatisés par leur échec cuisant du Mondial 2002, éliminés au premier tour alors que la planète entière - et surtout la France - l'imaginait déjà avec une deuxième étoile. Et si leur nouveau sélectionneur Jacques Santini s'est déjà engagé avec Tottenham pour la saison suivante, ils n'en sortent pas moins d'éliminatoires impeccables avec huit victoires en autant de matchs (devant la Slovénie, Israël, Chypre et Malte). Ils sont ensuite restés invaincus en préparation, ne concédant pas le moindre but en cinq matchs pour trois victoires et deux nuls. Bref, l'équipe de France s'avance à nouveau en favori naturel de la compétition continentale.

Fabien Barthez, Lilian Thuram, Bixente Lizarazu, Claude Makelele, Patrick Vieira, Zinedine Zidane, Thierry Henry ou David Trezeguet font toujours partie des tauliers. Ils sont tous titulaires pour le match d'ouverture à Lisbonne contre l'Angleterre, au stade de la Luz. Le capitaine Marcel Desailly, lui, reste sur le côté et laisse son brassard à "Zizou". Mais au-delà d'une tête non cadrée de David Trezeguet (14eme), le match est surtout tendu et sans grandes envolées ni occasion. En fin de première période, les Three Lions en profitent pour marquer les premiers : sur un coup franc distillé par le maître en la matière, David Beckham, c'est Frank Lampard qui reprend de la tête et ouvre le score (37eme) en faveur des Anglais.

Barthez : "Il m'en a mis pas mal à l'entraînement..."

Eux aussi affichent une génération dorée, avec Steven Gerrard et Paul Scholes qui accompagnent leurs deux camarades au milieu. Devant, Michael Owen et Wayne Rooney sont associés. Quand on y repense, ce match était une rare constellation d'étoiles... Au coeur d'une ambiance 100% anglaise, Thierry Henry ne brille pas plus que les autres. Il tente bien de solliciter David James (47eme, 51eme), mais l'ancien gardien de Liverpool - qui évolue alors à West Ham - ne tremble pas. La rencontre continue d'avancer et rien ne semble pouvoir sortir les Bleus de cette vilaine torpeur. Il fallait un premier astre qui scintille pour relancer la machine. Un peu comme quatre ans plus tôt face à Alessandro Del Piero, à 0-1 en finale de l'Euro 2000, c'est Fabien Barthez qui va tenir ce rôle.

A la 72eme minute, il repousse le penalty frappé par David Beckham, son ancien partenaire à Manchester United, après une faute de Mikaël Silvestre sur Wayne Rooney. "Il m'en a mis pas mal à l'entraînement, cette fois ça se passe mal pour lui..." Malgré tout, les minutes qui vont suivre ne parviennent toujours pas à réveiller les champions d'Europe en titre. Alors, ce n'est plus un astre mais tout simplement le soleil qui va se charger de faire basculer cette partie dans une autre dimension, celle des grands matchs de l'histoire des Bleus : à l'entrée du temps additionnel, exactement à la 91eme minute, Zinedine Zidane exécute une merveille de coup franc à 25 mètres du but de David James (1-1). Et ce n'est pas tout...


Dans cette fin de rencontre devenue irrationnelle, Thierry Henry va chercher un penalty quasiment sur l'engagement. Après ce contact avec David James, c'est "Zizou" qui, bien que pris de vomissements juste avant de tirer le penalty, se charge de la sentence et ne se fait pas prier pour exécuter à nouveau le dernier rempart anglais. Sur son côté droit, le même que celui du coup franc quelques poignées de secondes plus tôt... Menée 1-0 à la 90eme, l'équipe de France a tout renversé à la 93eme et s'impose 2-1. L'auteur du doublé, énième tour de magie de "ZZ", salue Fabien Barthez : "Notre gardien a fait la différence et nous a permis d'y croire encore." Jacques Santini use d'une formule à peine plus développée : "Dans le football de haut niveau, tout peut vite changer ; le ballon a roulé de notre côté."

Son homologue Sven-Göran Eriksson est plus abattu, mais lui aussi ne peut que résumer prosaïquement ce qu'il vient de vivre : "On a extrêmement bien joué face à la meilleure équipe du monde, on pensait avoir gagné le match et on aurait dû le gagner." Mais non. "On a la chance de vivre ces moments, à nous de se procurer les mêmes émotions qu'en 1998 et en 2000." Malheureusement, Zinedine Zidane ne sera pas entendu. Les Bleus échoueront de manière assez piteuse en quarts de finale face à la Grèce (0-1), qui poussera toutefois son exploit jusqu'au bout en remportant l'Euro (à chaque fois grâce au même scénario, des victoires 1-0 en défendant bec et ongles). Mais cette année 2004 aura au moins permis d'inscrire dans la légende un France - Angleterre qui, finalement, est très rare en compétition.

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