Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le jeudi 07 mai 2020 à 15h44
Marco van Basten avait inscrit l'un des plus beaux buts de l'histoire du football en finale de l'Euro 1988. Contre l'URSS, l'attaquant néerlandais avait signé une reprise de volée sensationnelle, restée dans toutes les mémoires.
Le football a été traversé par des actions et des gestes mémorables. Il y a eu les slaloms géniaux de Diego Maradona, George Weah, Ronaldo, Michael Owen et Lionel Messi. La feinte de corps mythique de Pelé. Les coups francs splendides de Platini, Zico, Roberto Baggio, Juninho, Andrea Pirlo et David Beckham. Les dribbles de Garrincha, Chris Waddle, Luis Figo, Arjen Robben, Neymar ou Kylian Mbappé. La virgule de Ronaldinho. Les actions de classe de Stanley Matthews, Ferenc Puskas, George Best, Bobby Charlton, Raymond Kopa, Eusebio, Romario, Dragan Stoikovic, Rivaldo, Fernando Redondo, Dennis Bergkamp, Raul, Kaka ou Thierry Henry. Les frappes terribles de Gunnar Nordahl, Josip Skoblar, Gerd Müller et Gabriel Batistuta. La talonnade de Rabah Madjer.
Il y a eu également les remontées de balle de Steven Gerrard, Frank Rijkaard, Luka Modric, Xavi et Iniesta. Les coups de tête de Miroslav Klose et Sergio Ramos. Les tacles défensifs de Franz Beckenhauer, Bobby Moore, Franco Baresi, Fabio Cannavaro ou Alessandro Nesta. Les percées de Carlos Alberto, Giacinto Facchetti, Manuel Amoros, Paolo Maldini, Cafu, Roberto Carlos et Dani Alves. Les arrêts impériaux de Gordon Banks, Lev Yachine, Gianluigi Buffon ou Manuel Neuer.
Retrouvailles en finale après le succès de l'URSS en poules
Mais aussi les reprises de volée magistrales d'Alfredo Di Stefano, Johan Cruyff, Jean-Pierre Papin, Cristiano Ronaldo, Zlatan Ibrahimovic et... Marco van Basten. Van Basten, un nom qui résonne dans les têtes des amoureux du foot. Le Néerlandais avait signé l'un des plus beaux gestes de l'histoire du ballon rond avec son maillot national lors de l'Euro 1988. Et ce n'était pas à l'occasion de n'importe quel match puisqu'il s'agissait ni plus ni moins de la finale !
Auteur quelques années plus tard d'un retourné acrobatique de toute beauté en Ligue des Champions contre Göteborg avec l'AC Milan, Van Basten avait sans doute inscrit le plus beau but de sa carrière ce 25 juin 1988 au Stade Olympique de Munich. L'une des réalisations les plus fameuses de l'histoire à coup sûr. Les Pays-Bas affrontaient alors l'URSS qui disputait-là le dernier Championnat d'Europe avant son implosion quelques mois après. L'opposition entre Bataves et Soviétiques offrait des retrouvailles puisque les deux nations s'étaient défiées treize jours auparavant lors de leur entrée en lice, en phase de poules. Grâce à l'unique but de Rats, l'URSS s'était imposée (1-0) à Cologne. En finale, les choses s'étaient néanmoins déroulées d'une toute autre manière...
Van Tiggelen intercepte, sert Mühren qui centre...
Sous les ordres de l'arbitre français Michel Vautrot, les Pays-Bas, tombeurs de l'Allemagne de l'Ouest de Matthäus, Kilnsmann et Völler en demies (2-1) et dirigés par Rinus Michels, prenaient les devants face aux joueurs de Valeri Lobanovski sur une tête smashée gagnante de Ruud Gullit, servi par van Basten, son compère du Milan. Rinat Dasaev, l'un des meilleurs portiers de l'époque, était battu à la 33eme minute (1-0). Bien campés sur le pré bavarois, les Oranje tenaient ensuite en respect la redoutable formation soviétique, victorieuse de l'Italie des Baresi, Maldini, Ancelotti, Vialli et Mancini en demi-finale (2-0). Puis, venait la 54eme minute.
Dans le camp néerlandais près du rond central sur l'axe gauche, Adrie van Tiggelen interceptait le cuir sur un contrôle manqué par Aleksandr Zavarov et progressait jusqu'aux 25 mètres avant de décaler Arnold Mühren sur le flanc gauche. Le n°8 levait un centre en première intention du pied gauche en direction du second poteau où était positionné van Basten. Le ballon montait très haut. Particulièrement aérienne, la transmission échappait même au champ de vision de la retransmission télévisée. Le service n'était pas idéal mais l'attaquant allait le transformer magistralement.
Futur ballon d'or, le joueur du Milan tente la volée dans un angle fermé, le goal est battu
Sur la droite de la surface de réparation de l'URSS, l'angle était très fermé mais van Basten, bien que carbonisé à cet instant comme il le déclarera lui-même plus tard, tentait quand même la reprise de volée. La trajectoire était idéale. Parfaitement maitrisée, la frappe puissante du pied droit partait en cloche. Rats, le latéral gauche soviétique placé à deux mètres du Rossonero, tournait désespérément le dos en espérant peut-être contrer. Avant de constater les dégâts...
Le ballon de van Basten prenait à revers Dasaev, lobé malgré un bras droit tendu vainement comme un arc, et achevait sa course dans le petit filet droit. BUT (2-0). Heureux comme un gosse, le prodigieux buteur au numéro 12, remplaçant au début de la compétition, levait les deux bras de bonheur, tandis que Michels semblait abasourdi au bord du terrain après la prouesse de son élément. Chaleureusement félicité par ses partenaires, van Basten venait de réaliser de façon sensationnelle le break et offrait un premier Euro aux Pays-Bas.
Devenu titulaire après un premier match remplaçant
« Non, il est moins beau que le retourné face à Den Bosch, car il est moins spectaculaire mais il est beaucoup plus important et aussi plus chanceux. C'est le genre de geste que l'on tente parfois à l'entraînement et qui ne réussit que très rarement », confiait le buteur de 23 ans après le sacre batave. Il avait logé un but impossible. Mais pas impossible pour ce Marco-là. « Je vous assure que des buts impossibles, Marco en réussit pas mal, de temps en temps à l'entraînement, plus beaux encore que celui de Munich », lâchait même son coéquipier Rijkaard. Devenu titulaire à la pointe du dispositif de Rinus Michels après avoir été remplaçant au premier match, van Basten, qui s'était vengé face aux Anglais (triplé), était élu meilleur joueur de l'Euro 1988 et sacré meilleur buteur avec cinq réalisations. En fin d'année, le fin technicien à la panoplie complète remportait le premier de ses trois Ballons d'Or France Football.