CM 2022 : Messi et l'Argentine rejoignent la Croatie en demies

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Rédaction Media365, publié le vendredi 09 décembre 2022 à 22h56

Après un but et une passe décisive de Lionel Messi, l'Argentine, qui menait 2-0, a fini par dominer les Pays-Bas aux tirs au but (2-2, 4-3 tab), et affrontera les Croates, tombeurs du Brésil, dans le dernier carré de ce Mondial qatari.

Dans les archives de la compétition reine, un duel entre l'Argentine et les Pays-Bas ne pouvait pas laisser les amoureux du jeu indifférents. C'était un éveil à quelques grands souvenirs, plus ou moins glorieux d'ailleurs. Du sacre de l'Argentine lors de la finale 1978 dans une atmosphère chaotique, à la magie de Dennis Bergkamp au stade des quarts, un soir de 1998, ces deux grandes nations se sont souvent regardées dans les yeux. Avec des fortunes diverses. Pour cet historique bien chargé, mais aussi pour les forces en présence, ce Pays-Bas - Argentine avait de l'allure.

Messi au-dessus de la mêlée

Portée par un Lionel Messi en mission pour sa dernière croisade, l'Albiceleste surfait sur un élan nouveau après avoir traversé quelques turbulences dans sa phase de poules. Solidaire, appliquée, patiente, la bande à Scaloni pouvait aussi compter sur l'émergence en cours de route de ses jeunes pousses. Mais en face, les Oranje du déroutant Louis van Gaal avaient des atouts à faire valoir, à commencer par leur efficacité dans les deux zones de vérité, une organisation presque militaire et une grosse différence sur le plan physique.

L'entame de match a vite planté le décor. Pour se mettre en sécurité, l'Argentine devait poser le pied sur le ballon et bien quadriller le terrain. Sa plus grande appréhension résidait dans son déficit athlétique, avec une différence assez nette dans les gabarits. Un aspect du jeu qui pouvait être une clé du match, notamment sur coups de pied arrêtés - on y reviendra. Scaloni avait changé son dispositif, avec un 3-5-2 sur-mesure qui lui a permis d'étouffer des Oranje longtemps sans idée.

Le premier acte a été assez terne. Pas inquiétée, rassurée par sa densité et plus agressive que les hommes de Van Gaal, l'Argentine a donné l'impression de maîtriser son sujet sans avoir besoin de forcer. De façon calme, méthodique, pragmatique. Il fallait juste un homme pour appuyer sur l'interrupteur. Et il était désigné d'avance, évidemment. Lionel Messi s'est presque occupé de tout pour mettre les siens sur la voie de la qualification. Après une première alerte sur un bel enchaînement au milieu de trois gardes du corps (22e), la Pulga a fait étalage de toute sa maestria sur une merveille d'ouverture bien caressée dans la course de Molina, dont le petit pointu extérieur n'a laissé aucune chance à Noppert (0-1, 35e).

Dans cette configuration, l'Argentine est entrée dans une phase de gestion, sans être vraiment poussée dans ses retranchements. D'autant que Messi, dont les percées nous ont parfois ramené à ses jambes de 20 ans, a continué son petit festival avec la concentration d'un type au-dessus de la mêlée. Un coup-franc laser juste au-dessus de la barre (63e), des accélérations soudaines et des passes toujours aussi millimétrées : le septuple Ballon d'Or a fait le match qu'il fallait. Il a fait le break, surtout, en transformant sans sourciller un penalty obtenu par Acuna dans le coin de la surface face à Dumfries (2-0, 73e).

Les Pays-Bas sont revenus de nulle part

Finalement, il a fallu que l'Argentine ait presque les deux pieds en demie pour voir les Pays-Bas sortir de leur torpeur. Avec cet espèce d'instinct de survie caractérisant ceux qui n'ont plus rien à perdre, les Oranje ont repris espoir dans la foulée du deuxième but argentin sur un magnifique coup de casque de Weghorst, tout juste entré en jeu (2-1, 83e). Un premier sursaut d'orgueil avant une fin de match décousue et électrique, entre un nouveau frisson sur une occasion de Berghuis (85e) et un début d'échauffourée orchestré par Paredes, toujours maître en la matière.

Le ciel bleu et blanc s'est noirci, soudain. Et le navire argentin a commencé à tanguer, jusqu'à ce coup-franc bien placé que l'on a vu venir comme le nez au milieu de la figure. Ce que l'on imaginait moins, c'était la combinaison fantastique qui a suivi, l'espiègle Berguis faisant mine de tirer avant de distiller une passe décalant Weghorst, dont le tir a fait mouche (2-2, 90e+11). Tout cela au bout de la nuit. On se disait alors que le film, qui avait mis du temps à décoller, allait nous offrir une fin hitchcokienne. Une de plus.

Avec une demi-heure d'action supplémentaire, tout a commencé à se tendre dans les jambes, les têtes, et surtout les nerfs. Enzo Fernandez, héros contre le Mexique (2-0), aurait pu libérer les siens à deux reprises, mais le but s'est dérobé sur ses deux énormes opportunités - l'une de ses frappes s'écrasant sur le poteau (119e). Comme pour Croatie-Brésil quelques heures plus tôt, tout devait se régler aux penos. Et à ce petit jeu-là, ce sont les Argentins qui ont eu le dernier mot grâce à la muraille Martinez, qui a arrêté les deux premières tentatives bataves.

Le tableau continue à se dessiner. Nombre d'aficionados sud-américains anticipaient déjà les énièmes retrouvailles entre le Brésil et l'Argentine, parce qu'on imagine, souvent, que l'histoire a tendance à ouvrir ses vieux tiroirs. Il n'en sera rien. Les Pays-Bas de Memphis éliminés, sur la route de Messi se dressera cette Croatie coriace et sous-cotée. Tout ce beau monde jouera sa vie, à n'en point douter, pour composter le plus précieux des tickets...

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