Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le dimanche 05 janvier 2025 à 15h58
Entraîneur du Genoa, Patrick Vieira est une exception. C'est le seul entraîneur français dans les quatre grands championnats européens. Mais pourquoi les techniciens tricolores sont-ils aussi peu présents à l'étranger ? Tentative d'explication.
Coach du Genoa depuis la mi-novembre, Patrick Vieira réussit ses débuts sur le banc du club italien . A la tête de l'équipe génoise, l'ancien milieu de terrain passé par les trois « grands » d'Italie (AC Milan, Inter Milan, Juventus Turin) ne s'est incliné qu'une fois en 6 rencontres, à Naples (1-2), alignant 3 nuls et 2 succès. Le technicien français demeure une exception à l'étranger. Vieira demeure en effet l'unique entraîneur français oeuvrant dans les quatre grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie). Un seul coach tricolore sur 78 postes. Comment expliquer une telle faible présence des entraîneurs français hors de l'Hexagone ?
Un souci de langues ?
« Les coaches français veulent-ils vraiment partir de notre championnat ? Ils sont peut-être moins voyageurs. C'est difficile à expliquer, car on n'est pas plus cons que les autres, lâche René Girard dans Ouest-France. Au niveau de la formation, du travail, du terrain et de la tactique, on sait faire et on n'a rien à envier à personne. J'ai travaillé 10 ans à la DTN où on formait les jeunes entraîneurs, et il y avait un nombre incalculable de coachs envoyés par des Fédérations étrangères qui cherchaient à découvrir la méthode française. » Bruno Genesio, le coach de Lille qui a concédé le nul devant Nantes samedi , estime que les techniciens tricolores sont sous-évalués. « Certainement, acquiesce Girard, l'ancien entraîneur de Montpellier et Lille. Sait-on se vendre ? A-t-on les bons agents ? Ce sont des questions que l'on peut se poser. »
Ismaël : « Tout coach doit maîtriser l'anglais »
Y aurait-il un souci de langues ? « La maîtrise de la langue, est nécessaire pour s'imposer, faire comprendre ses idées sans passer par un intermédiaire qui ne traduit pas toujours ce que tu veux dire. Ça a été, personnellement, une barrière. J'ai manqué un passage à l'étranger à cause de mon niveau linguistique, et ça m'aurait bien plu », relève Girard, contacté par Brighton lorsqu'il était sur le banc lillois. Il y a eu Zinédine Zidane au Real Madrid, Arsène Wenger à Arsenal et Gérard Houllier à Liverpool. Et aujourd'hui ? Laurent Blanc est en Arabie Saoudite, Christophe Galtier au Qatar, Régis Le Bris en deuxième division anglaise. « Il y a sans doute un problème de langues. Patrick Vieira, par exemple, parle italien et anglais, détaille Girard. Dans les contacts que j'ai eus avec des clubs, la présentation, les discussions... Tout s'est fait en anglais. » Parlant italien et anglais, Valérien Ismaël, l'ancien joueur de Strasbourg et Lens, a, lui, officié en Allemagne, Angleterre, Autriche et Turquie. « Jouer à Crystal Palace, ça m'a donné la base, mais j'ai profité d'une période de creux pour intensifier le travail et améliorer mon niveau d'anglais, notamment les termes du football. J'ai bien fait car j'ai eu une offre de Barnsley », confie celui qui a aussi dirigé West Bromwich Albion et Watford ensuite. « Tout coach doit maîtriser l'anglais. Si on excepte les championnats italien et espagnol, où il y a une forme de protectionnisme, si tu maîtrises cette langue, t'as déjà fait la moitié du chemin », glisse le technicien de 49 ans.