Aurélien Canot, Media365, publié le lundi 08 juillet 2024 à 10h34
Au moment de basculer vers la première journée de repos de ce Tour de France, lundi, Anthony Turgis, vainqueur dimanche à Troyes de l'étape des chemins blancs, sa première sur la Grande Boucle à 30 ans, avait l'impression de rêver.
Envahi par l'émotion après avoir franchi la ligne d'arrivée troyenne le premier dimanche, Anthony Turgis avait eu du mal devant les micros venus recueillir ses impressions à chaud à retenir ses larmes ensuite. Le héros de la 9eme étape, cette fameuse étape des chemins blancs arrivée dimanche à Troyes et remportée par le si méritant coureur de l'équipe TotalEnergies, n'est pas passé loin de fondre de nouveau en pleurs, un peu plus tard lors de la cérémonie protocolaire. Remporter une étape du Tour de France pour celui qui courait après "une grosse victoire" depuis le début de sa carrière représente tout ou presque. Turgis, les yeux fortement rougis, avait d'ailleurs énormément de mal à réaliser au moment de basculer vers la première journée de repos, ce lundi.
Turgis : "C'était si loin pour moi"
"C'est incroyable, c'est mon septième Tour de France. J'ai fini des Tours de France vraiment en charpie. Une fois, j'avais fini avec 39 de fièvre, je ne voulais pas prendre le départ, mais j'avais quand même terminé. Sur le pont de Grand Belt avec Yves Lampaert, j'étais tombé, j'avais des problèmes de hanche, je ne pouvais plus marcher, mais j'avais continué et j'avais terminé le Tour. Comme j'avais dit il y a deux jours : le Tour m'a beaucoup pris, et ce serait bien qu'il me donne. Hier (samedi), j'avais fait 7eme, ça se rapprochait, j'y croyais, mais c'était si loin pour moi de gagner sur une étape du Tour." Le natif de Bourg-la-Reine l'avoue : il sentait que cette victoire lui tendait les bras depuis le départ de Florence, peut-être même plus que jamais. "Je tourne depuis des années pour essayer de trouver une grosse victoire, ça faisait longtemps que je n'avais pas gagné, mais les sensations revenaient, dans les sprints, je sentais que j'avais une bonne vitesse."
Turgis : "J'ai failli craquer à deux reprises"
Il restait néanmoins à réussir le plus difficile, à savoir saisir cette opportunité qu'il imaginait proche. Dimanche, le 2eme de Milan-San Remo en 2022 a su saisir sa chance, et connaître ce jour de gloire qu'il attendait tant. "Je me suis retrouvé dans l'échappé, j'ai vu quand c'est monté raide que j'avais de bonnes jambes, mais j'étais dans un groupe où ça grimpait très vite. J'ai failli craquer à deux reprises, mais je suis quand même revenu (...) "Je sais que j'ai encore un peu de mal dans les bosses, je me suis accroché, j'ai essayé de gérer au mieux. Je craquais, je revenais, ça a été une très longue journée. C'était vraiment au courage jusqu'au bout, et plus je me rapprochais de la ligne, plus j'avais confiance car je sais très bien que sur des journées dures, je peux faire de gros sprints. C'est incroyable !", savourait sur France 2 un Turgis porté par ses frères ("j'en avais un dans chaque jambe") pendant toute cette étape qu'il n'est pas prêt d'oublier. Comme il se rappellera à vie du sacrifice de l'équipe - "en me laissant carte blanche et en délaissant mon leader Steff Cras" - pour lui permettre de vivre ce rêve dont il sera bien difficile de le sortir. Mais dans lequel il se replongerait bien volontiers très vite.