Paris, capitale réfractaire au football ?

A lire aussi

Faraj Benlahoucine, Media365 : publié le dimanche 13 novembre 2022 à 19h59

Contrairement aux autres grandes capitales européennes, Paris ne dispose que d'un seul club au plus haut niveau avec le PSG. Comment expliquer cette singularité bien française ?

Depuis plusieurs décennies, le paysage footballistique à Paris interroge. En comparaison aux autres capitales des grands championnats de football européens, Londres, Madrid et Rome, la Ville lumière ne compte qu'un seul représentant au sommet de son championnat national. Une énigme difficilement explicable alors qu'outre-Manche Arsenal, Tottenham ou encore Chelsea portent haut les couleurs de Londres en Premier League, sans oublier West Ham, Fulham, Brentford et Crystal Palace, trois autres pensionnaires de l'élite anglaise. En Espagne, Madrid recense deux institutions avec le Real Madrid et l'Atlético de Madrid ainsi qu'un troisième club beaucoup plus modeste, le Rayo Vallecano. De l'autre côté des Alpes, l'AS Rome et la Lazio disputent tous les ans un derby fratricide à l'Olimpico. Et même l'Allemagne peut se targuer désormais de compter deux formations au sein de son championnat majeur avec le Hertha Berlin et l'Union Berlin. Alors pour quelles raisons Paris demeure une capitale où seul le PSG a voix au chapitre ?

Selon Loïc Ravanel - maître de conférences en géographie - dans les colonnes de Ouest France, le premier élément est historique avec la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit a asséché les finances des clubs dont la survie dépendait des subventions. Un fonctionnement poussant les équipes à fusionner afin de regrouper le plus de liquidités possible. Des unions engendrant naturellement des disparitions de clubs. Par ailleurs, l'absence de mécénat dans le football français a même mené à la disparition de toute formation parisienne au sein de l'élite au début des années 70. Et au-delà de ces réalités, l'historien Paul Dietschy avance que "la France est un pays centralisé" tandis que "chez nos voisins, l'attachement local est bien plus présent, et l'équipe de foot en est l'un des vecteurs." Ce détachement propre à l'Hexagone n'a pas favorisé l'émancipation du football à Paris. Pas plus qu'un autre phénomène sociologique voulant que la capitale est "une ville de provinciaux" toujours d'après Paul Dietschy. Et ceux-ci ne portent guère un amour démesuré à l'équipe de leur ville d'adoption, leur ferveur se porte plus naturellement vers l'écurie de leur lieu d'origine.

Les années 80, un tournant

L'historien soulève également un autre aspect intéressant pour expliquer ce manque de popularité du ballon rond. La capitale demeure une cité historique et riche sur bien des aspects. Par conséquent, les évènements et/ou les activités culturelles, politiques et économiques au rayonnement international accaparent un grand nombre de personnes se détournant donc du football. Paul Dietschy explique également qu'en dehors des premiers succès sportifs du PSG, il a fallu attendre le 9 novembre 1984 et la diffusion du premier match de championnat à la télévision par Canal+ pour s'apercevoir d'un regain d'intérêt pour ce sport. Cette médiatisation a été accompagnée à cette période des arrivées de vagues migratoires du Portugal, d'Italie puis du Maghreb et d'Afrique subsaharienne, autant de régions où le football est roi. Tout cela explique pourquoi le PSG, et la capitale dans sa globalité, ont pendant longtemps pâti d'un manque d'intérêt notoire pour le sport le plus populaire de la planète.

Derrière le PSG, le Paris FC évolue actuellement en Ligue 2 et représente la plus grande chance de voir un jour un second club parisien rejoindre le PSG en Ligue 1. La saison passée, les pensionnaire du stade Charléty avaient perdu à domicile lors des barrages d'accession à l'élite contre Sochaux (1-2). Quant au Red Star, le club historique de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis, 93), il lutte en haut de tableau en National en compagnie de Versailles et de Paris 13 Atletico, deux invités surprises à ce niveau cette saison.

Vos réactions doivent respecter nos CGU.