Thomas Siniecki, Media365 : publié le dimanche 14 avril 2024 à 15h05
L'enquête n'ayant officiellement rien donné, l'entraîneur de Santos, un des techniciens les plus reconnus au sein du football féminin brésilien, dispose d'une impunité qui pose beaucoup de questions.
Kleiton Lima avait démissionné au mois de septembre de son poste d'entraîneur de l'équipe féminine de Santos, face aux accusations de harcèlement sexuel qui pesaient contre lui. C'est visiblement oublié par les dirigeants, puisque c'est bien le même coach qui vient d'être à nouveau nommé à la même place. Sauf que tout le monde n'est pas de cet avis au Brésil et que ça ne passe pas aussi facilement...
Picarte : "Des arguments extrêmement faibles, l'histoire de Santos a été inutilement ternie"
A commencer par les joueuses du championnat elles-mêmes, particulièrement celles du derby de Mineiro entre l'Atlético et l'América qui se sont conjointement couvertes la bouche lors d'une photo commune d'avant-match. Layza, n°19 de l'Atlético, s'est retournée pour montrer son chiffre qui correspond au nombre de lettres anonymes reçues par le club historique de Pelé et Neymar. Les n°19 du match Palmeiras - Avai Kindermann en avaient déjà fait de même. Et à l'occasion de la première réapparition de Kleiton Lima de retour sur le banc, à Santos face aux Corinthians, les visiteuses ont aussi couvert leur bouche et bouché leurs oreilles durant l'hymne national, devant l'intéressé - ainsi qu'au moment de fêter les buts de leur victoire 3-1.
"Les arguments étaient extrêmement faibles et fragiles, ça a inutilement terni l'histoire de Santos", estime Thais Picarte, la coordinatrice de la section féminine. Kleiton Lima, âgé de 49 ans, dispose d'une solide expérience dans le milieu puisqu'il fut notamment le sélectionneur du Brésil champion d'Amérique du Sud en 2010. Beaucoup de joueuses sont parties en fin de saison dernière (l'exercice se tient sur l'année civile, Kleiton Lima n'a donc pas manqué beaucoup de matchs) et dix se sont exprimées sur les réseaux sociaux, à commencer par la légende Cristiane (147 sélections). Partie au Flamengo, elle explique ne pas avoir été consultée pour l'enquête et dénonce l'attitude complaisante du club. "Tout le monde a peur de subir des représailles, d'être contrainte, exclue de l'équipe et de ne pas être respectée en tant qu'athlète", témoigne encore une accusatrice sous couvert d'anonymat (pour Globo).