6Medias, publié le mardi 30 octobre 2018 à 22h00
Tony Chapron ne tacle pas que les joueurs de football. Dans son livre "Enfin libre", à paraître le 7 novembre, l'ancien arbitre revient sur sa carrière et s'en prend pêle-mêle à la Fédération, ses confrères ou encore l'arbitrage français en général.
"Je mets quiconque au défi de vivre ce que j'ai vécu et de s'en sortir sereinement" : Tony Chapron est encore marqué par les évènements qui ont précipité la fin de sa carrière d'arbitre.
Les images de son tacle à Diego Carlos lors du match Nantes - PSG, le 14 janvier dernier, ont fait le tour du monde. Discret dans les médias depuis, l'homme revient sur le devant de la scène à l'occasion de la sortie de son livre "Enfin libre", attendu le 7 novembre. Un livre dans lequel il s'en prend au système français, dans lequel les arbitres doivent "se taire et se soumettre". "Et encore, je pèse mes mots", explique-t-il dans un entretien accordé à l'Équipe.
"On manque d'un leader charismatique"
"'Se taire', c'est une obligation qui figure dans le règlement. Et 'se soumettre' est une règle, car si l'on explique ce qui se passe et que l'on dénonce certains comportements, on est cloué au pilori. Tu n'as pas le droit d'exprimer un avis contraire au sein de l'arbitrage ou de la Fédération. Quand tu es arbitre, tu te tais et tu es contraint de tout accepter", développe Tony Chapron. Il regrette qu'un arbitre doive faire "le fayot" pour gravir les échelons. Ses anciens confrères ne sont pas épargnés dans cette interview. "Au niveau international, les arbitres français manquent carrément d'envergure", assène-t-il. "Ce n'est pas étonnant, car toute l'année ils sont obligés d'ânonner. Le dernier à avoir arbitré au-delà des phases de groupes en Coupe du monde, c'est Marc Batta, en 1998. Depuis, on n'a pas passé le premier tour. Imaginez l'équipe de France qui n'y parviendrait pas une seule fois en vingt ans. L'arbitrage français en est là. On manque d'un leader charismatique."
Autre cible de Tony Chapron : la Corse et ses clubs. "Je trouve assez curieux que dans de nombreux cas ils s'en sortent si bien sur les sanctions. (...) J'ai vécu des choses en Corse qui m'ont traumatisé. J'ai été menacé de mort par un président de club. C'est juste invraisemblable, il a été condamné au tribunal pour ça. J'ai eu aussi des insultes. J'avais un sentiment d'insécurité permanent en Corse. (...) Il y a souvent, en Corse, une stratégie de communication hallucinante : ils passent toujours pour des victimes", assure l'ancien arbitre qui avoue ne plus aller en vacances en Corse, car il ne se sent "plus en sécurité".
Pas sûr que Tony Chapron se fera beaucoup d'amis si son livre est du même acabit que cette interview...