Verdy suspecte Armstrong de dopage mécanique

Verdy suspecte Armstrong de dopage mécanique©Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le jeudi 08 avril 2021 à 17h30

Et si les tricheries de Lance Armstrong ne s'étaient pas limitées au simple dopage médical ? Jean-Pierre Verdy, ex-dirigeant de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage, revient notamment sur ses déboires avec l'Américain.

Jean-Pierre Verdy, l'ancien directeur des contrôles de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), publie un livre intitulé Dopage, ma guerre contre les tricheurs. Officiant de 2006 à 2015, il a donné un long entretien à L'Equipe, où il explique notamment avoir été surpris du traitement de faveur politique accordé à Lance Armstrong : "A chaque fois qu'il aurait dû être pris en faute, il n'a pas été inquiété. A l'annonce de son retour au cyclisme, on avait déclenché en mars 2009 une vaste opération à sa résidence de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Il nous avait claqué la porte au nez. Il aurait dû être suspendu pour refus de se soumettre, mais non. Sur le Tour 2009, il avait reçu la visite du président Nicolas Sarkozy alors que depuis 2005, tout le monde savait qu'il était dopé. On était abasourdis."

"On avait eu cette vague de crânes rasés ou de cheveux peroxydés..."

L'ancien dirigeant évoque aussi un dopage mécanique chez l'Américain, destitué de ses sept victoires sur le Tour à l'issue d'une enquête de l'USADA (l'Agence antidopage américaine) en 2012 : "Je n'en ai pas la preuve. Mais on la trouvera peut-être un jour. J'y crois." Il explique également l'existence de "choufs", sortes de visagistes employés par les équipes afin de détecter les éventuels préleveurs. Et jette le doute sur Mauro Gianetti, le directeur sportif de Tadej Pogacar (lauréat du Tour 2020), "un personnage trouble" qui était déjà le manager de Ricardo Ricco en 2012 - le coureur italien avait alors été suspendu douze ans, puis plus récemment à vie, en décembre 2020.


"Quand on avait avancé l'idée des contrôles des phanères (poils, ongles, cheveux), le peloton avait eu peur, rappelle encore Verdy. On avait eu cette vague de crânes rasés ou de cheveux peroxydés, car dans les phanères, on trouve tous les anabolisants... Mais ces contrôles n'ont pas été validés par l'AMA." Enfin, il n'épargne pas non plus le tennis et les difficultés de contrôler Rafael Nadal, ainsi que le "milieu fermé" du football. Il cite notamment Jean-Michel Aulas, qui "mettait la pression" : "Il était allé se plaindre auprès de mon président, Pierre Bordry, qui lui a expliqué que j'étais indépendant administrativement et que je pouvais le contrôler tous les huit jours si je voulais. Il est alors venu me dire qu'il n'y aurait plus jamais de problème à l'OL, ce qui a été le cas. Ça l'avait calmé."

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