Jesse Owens, un athlète qui aura marqué les Jeux Olympiques

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Mathieu Warnier, Media365 : publié le dimanche 31 mars 2024 à 21h10

Décédé il y a 44 ans jour pour jour, Jesse Owens a laissé une marque dans l'histoire de l'athlétisme, notamment lors des Jeux Olympiques organisés à Berlin en 1936. Retour sur la vie d'un homme qui aura laissé personne indifférent.

Il y a maintenant 44 ans, l'athlétisme était en deuil. Le 31 mars 1980 à Tucson s'éteignait Jesse Owens à l'âge de 66 ans des suites d'un cancer du poumon. Celui qui a détenu les records du monde du 100m, du 200m, du 4x100m et du saut en longueur durant sa carrière restera un homme à plusieurs facettes, allant du sportif adulé à l'homme critiqué pour ses prises de position dans le contexte d'un pays où la ségrégation était encore en vigueur. Très tôt passionné par la course à pied, le natif d'Oakville a été pris sous son aile par Charles Riley et a progressé au point de battre ou égaler pas moins de six records du monde en une seule journée, lors des championnats universitaires 1935. Des performances qui lui ont permis de réaliser le rêve né d'une rencontre avec Charley Paddock en 1928, celui de participer aux Jeux Olympiques. C'est à Berlin et sous les yeux du chancelier allemand Adolf Hitler que Jesse Owens a signé les plus belles pages de sa carrière. Il a successivement remporté le 100m, le saut en longueur, le 200m et le 4x100m.

Jesse Owens n'a jamais revendiqué la portée de ses succès

Des succès qui ont eu une portée allant au-delà du sport car cela a été vu comme un pied de nez au régime nazi. Ce que l'intéressé n'a jamais revendiqué. « Dans l'imaginaire, c'est un mec qui a lutté contre le nazisme, mais ce n'est pas du tout le cas, a confié Maryse Ewanje-Epée dans un entretien accordé en mars 2020 à l'AFP. Il n'a lutté contre rien du tout. » L'ancienne athlète, qui a publié en 2016 le livre « Jesse : La fabuleuse histoire de Jesse Owens » a ajouté que l'athlète américain a eu besoin de « toute une vie pour comprendre ce qu'il a représenté et ce rôle qu'il n'a pas su jouer ». En effet, à l'époque des Jeux de Berlin, Jesse Owens ne s'était jamais montré critique envers le régime nazi et ne s'était pas montré tendre avec Franklin D. Roosevelt qui, selon lui l'avait snobé en ne lui transmettant pas un message de félicitations après ses titres olympiques. Ce qui s'était suivi par l'absence de réception à la Maison Blanche, le président ayant préféré sa réélection à l'idée d'honorer les performances d'un athlète ayant fait rayonner le pays.

Jesse Owens, « un héros » pour Tyson Gay

Les Jeux Olympiques de 1936 ont surtout signé la fin de sa carrière d'athlète de haut-niveau, préférant monnayer son talent et multiplier les emplois. En 1968, lors des Jeux Olympiques organisés à Mexico, Jesse Owens avait été chargé d'intervenir auprès de la délégation américaine pour dissiper les tensions. Ce qui s'était achevé par l'image de Tommie Smith et John Carlos le poing levé sur le podium du 200m. « Il a été considéré comme un 'Oncle Tom', un type qui baissait la tête », a confié Maryse Ewanje-Epée, qui ajoute que l'athlète était surtout « un vrai modèle » et « le symbole que l'on peut sortir de sa condition par le travail ». S'il a été critiqué de son vivant, son héritage reste vivace pour les générations d'athlètes qui lui ont succédé. « A plus d'un titre, Jesse Owens est un héros pour moi, avait confié Tyson Gay en amont des Mondiaux organisés à Berlin en 2009. Cela sera très spécial de courir dans le stade où il a couru. » Pour ses deux filles Beverley et Gloria, Jesse Owens restera un homme « profondément simple et bon » et un père « merveilleux ». « J'espère que tu auras les dons de sentir le parfum des fleurs, d'écouter ton cœur, de voir le soleil dans le sourire des gens, de la gratitude et de l'amour », avait confié Jesse Owens à cette dernière avant son premier jour d'école. Une attention qui résumé qui était l'homme au-delà de l'athlète.

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