ATP : Gilles Simon et Jo-Wilfried Tsonga, les adieux en 2022

Clément Pédron, Media365, publié le samedi 31 décembre 2022 à 18h00

Cette année, la bande des Mousquetaires a perdu deux de ses membres, Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon. Le Manceau a quitté le circuit à Roland-Garros, forcé de mettre un terme à sa carrière en raison de blessures à répétition quand le Niçois a dit stop à Bercy, après une tournée d'adieux d'un an.

Il a suffi d'un commentaire lié à la publication d'une vidéo, pour comprendre la triste nouvelle qui allait s'abattre sur le tennis français. Le 6 avril dernier, Jo-Wilfried Tsonga annonçait au détour d'une discussion filmée, son intention de prendre sa retraite après Roland-Garros, un Grand Chelem où il s'est hissé deux fois en demi-finales (2013, 2015). Et alors que tous les journaux s'empressaient de narrer, en long, en large et en travers, l'immense carrière du Manceau, Gilles Simon relançait à son tour avec un commentaire sous le fameux post : « J'arrive copain :) ». Contrairement au colosse, le tacticien originaire de Nice n'en disait pas plus sur le jour où il poserait définitivement sa raquette. Le séisme reste, dans tous les cas, énorme car les deux hommes représentent la moitié des "nouveaux" Mousquetaires, du nom de la bande qui a fait briller les couleurs de la France sur le circuit (avec Gaël Monfils et Richard Gasquet). Des deux premiers cités, Jo-Wilfried Tsonga a été celui au palmarès le plus fourni.

Ex n°5 mondial, il a passé 18 ans sur les courts où il compte une finale de Grand Chelem, à l'Open d'Australie (contre Novak Djokovic, défaite en quatre sets), 18 titres dont deux Masters 1000 (Bercy en 2008 et Toronto en 2014), 6 présences dans le dernier carré en Majeurs et 260 semaines dans le Top 10. Au journal L'Équipe, il s'était confié sur les raisons de sa décision : « C'est un ensemble de choses, la suite logique de ces dernières années, mon âge, mon parcours de vie aussi. Mes priorités ont changé. (...) Il y a aussi le fait que mon corps a été meurtri par les années de travail et de compétition et qu'aujourd'hui, il n'est juste plus à la hauteur. » Il faut dire que, tout au long de la carrière du Manceau, son physique imposant mais fragile a causé beaucoup de frustration. En dehors de l'année 2019 où il a participé à près de 70 matchs, Jo-Wilfried Tsonga reste sur 29 matchs cumulés (pour 8 victoires) sur les saisons 2018, 2019, 2021 et début 2022. Cette année, alors qu'il restait sur 3 succès en 9 matchs, le Français a lancé sa saison sur terre battue par trois éliminations d'entrée à Monte-Carlo, Aix-en-Provence et Lyon avant de rejoindre la Porte d'Auteuil, théâtre de sa dernière représentation. Au premier tour, pendant près de quatre heures contre Casper Ruud, le colosse s'est battu, y a cru mais, une fois encore, son physique en a décidé autrement et a condamné sa fin de match (défaite en quatre sets). Une issue malheureuse, trop souvent le cas dans sa carrière, mais une fin bourrée de soulagement et d'apaisement. Avec la satisfaction d'avoir gagné le respect des autres.

La tournée d'adieux de Simon

À peine un mois après l'annonce de la retraite de Jo-Wilfried Tsonga à Roland-Garros, Gilles Simon décidait également de raccrocher la raquette mais à la fin de la saison. Plus discret, moins extravagant, au jeu fait de contres et relances, le Niçois a sans doute été le membre du quatuor français le moins mis en avant sur la scène internationale. Pourtant, l'Azuréen, ex-n°6 mondial en 2009, compte 14 titres dont un ATP 500 à Hambourg, deux participations en finale d'un Masters 1000 à Madrid en 2008 et à Shanghai en 2014. En Grand Chelem, Gilles Simon a atteint à deux reprises les quarts de finale, une fois à Melbourne en 2009 (défaite contre Rafael Nadal) et une fois à Wimbledon en 2015 (défaite contre Roger Federer). Mais plus que ses titres, c'est bel et bien sa régularité qu'il faut souligner. Le Niçois a passé 13 mois dans le Top 10 mais est apparu au moins une fois dans le Top 20, chaque saison, de 2008 à 2016. Gilles Simon a également atteint les 500 victoires à l'ATP (508 au final) lors de son deuxième tour à Roland-Garros avant une défaite au tour suivant contre Marin Cilic.

En 2022, le désormais retraité n'a pas eu de résultats très reluisants et c'est ce qui a confirmé sa décision. « Je ne peux plus être performant sur plusieurs tournois sur une saison, estimait le Niçois à L'Équipe en octobre dernier. C'est même pire : cette saison, je n'ai plus été capable de faire un bon tournoi. Un ou deux bons matchs, O.K. Mais je ne peux plus enchaîner sans connaître un problème physique. Avant, une défaite au premier tour était un accident. C'est devenu mon quotidien. Conséquence : mon classement recule inexorablement. Un très bon tournoi suffirait à le maintenir à un niveau convenable. Mais je ne peux plus être en forme cinq matchs de suite. Donc, ça n'a plus de sens de continuer. » Défait au troisième tour du Masters 1000 de Bercy contre Félix Auger-Aliassime, pour le dernier tournoi de sa vie, le Français peut s'en aller l'esprit léger avec le goût du travail bien fait.

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