Thomas Siniecki, Media365 : publié le lundi 16 décembre 2024 à 14h01
Saine et sauve, Pip Hare est abattue mentalement et devra encore passer de longues heures seule en mer.
Le troisième abandon du Vendée Globe, sur les 40 concurrents au départ, est malheureusement pour Pip Hare qui a démâté dimanche à 22h45 heure française, donc lundi à 8h15 heure locale à 700 milles au large de l'Australie. Il lui faudra environ une semaine pour rejoindre les côtes, peut-être au niveau d'Adélaïde, avec la voile de fortune qu'elle a réussi à se construire. "J'ai du temps pour réfléchir à ma prochaine destination", parvient à sourire la navigatrice britannique de 50 ans, malgré des yeux très embués et une vraie tristesse dans ce premier message vidéo, publié environ cinq heures après l'incident.
"Je ne peux pas exprimer ce que je ressens"
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Le bateau a décollé et quand il est retombé, le mât s'est cassé en deux. C'est la fin de notre course. Je vais bien physiquement, le bateau n'a pas d'autres soucis. J'ai mis trois heures pour nettoyer le désordre, j'ai fabriqué un gréement de fortune et on avance à quatre noeuds." Son bateau Medallia est celui qui a permis à Armel Le Cléac'h de s'imposer en 2016 avec le record de la course en 74 jours, trois heures et 35 minutes. A la lutte pour revenir dans le top 8 avant ce démâtage, la Londonienne a récupéré les morceaux possibles afin de concevoir son mât de secours, notamment la barre qui maintient normalement le mât de manière horizontale et qui est désormais passée à la verticale afin d'accrocher le minuscule gréement, d'où des vitesses qui se réduisent drastiquement.
"Je ne peux pas encore exprimer ce que je ressens. Je dois agir de manière pragmatique, afin de prendre soin de moi et du bateau pour rejoindre le rivage. Un immense merci à tous ceux qui ont travaillé si dur pendant quatre ans, à nos incroyables sponsors et à tous nos partenaires, tous ceux qui ont leur nom à l'intérieur du bateau et qui ont aidé, qui ont fait du bénévolat pour récolter les fonds. On a tous tellement investi... Je suis désolée, mais ce n'est jamais la fin !" Elle espère remettre le bateau en état de naviguer pour revenir en Europe, et ainsi revenir sur d'autres courses dès 2025... Avec une dignité communicative pour retenir ses larmes, ce qui a clairement pour effet de faire sortir les nôtres, elle appelle enfin ses collègues à la prudence : "Je vais vraiment regretter de ne pas parcourir la seconde moitié avec vous."