Aurélie Sacchelli, Media365, publié le mardi 21 mars 2023 à 10h04
Condamné pour corruption de mineur de plus de 15 ans, acquisition et détention de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique, l'ancien gardien de l'équipe de France de handball Bruno Martini s'exprime dans les colonnes de L'Equipe ce mardi.
« Ma vie est un champ de ruines ». Pour sa première interview depuis qu'il a été condamné à douze mois de prison avec sursis pour corruption de mineur de plus de 15 ans, acquisition et détention de l'image d'un mineur présentant un caractère pornographique, Bruno Martini ne se cache pas. L'ancien gardien de l'équipe de France va mal, et il a souhaité accorder une interview à L'Equipe afin d'expliquer les circonstances de cette condamnation et présenter ses excuses à ceux à qui il a fait du mal. « En 2019-2020, j'ai traversé les pires moments de ma vie, en termes de dépression, raconte Martini, aujourd'hui âgé de 52 ans. (...) Le Covid m'a encore plus renfermé sur moi-même. Durant le confinement, j'ai vécu seul, à Paris. Je suis allé sur un réseau social en prenant un pseudonyme et je me suis inscrit sur tous les sites de rencontres qui existent. Plus rien n'avait de sens. J'ai physiquement rencontré une vingtaine d'hommes et de femmes âgés entre 20 et 40 ans. Une rencontre ne signifie pas forcément du sexe. J'ai eu des relations avec une douzaine d'entre eux. Je cherchais quelque chose qui confinait au dégoût de ma personne. Qui n'était pas moi. »
Martini ne pensait pas que le jeune homme avait 13 ans
Bruno Martini raconte ensuite qu'après avoir échangé des photos de nu avec un adolescent de 13 ans (« il paraissait être un jeune adulte », estime l'ancien gardien), il lui a payé un Uber pour qu'il le rejoigne dans son appartement du XVIeme arrondissement de Paris. « Quand il est arrivé au pied de mon immeuble, il m'a dit qu'il fallait qu'il reparte et il m'a demandé de lui commander un autre Uber. Ce que j'ai fait, poursuit Martini. Je ne l'ai donc jamais vu et je n'ai plus eu de nouvelles de lui. Jusqu'à ce que les policiers frappent à ma porte, le lundi 23 janvier, à 6 heures du matin. (...) Le gamin est une victime. Même si je me dis qu'il aurait pu tomber sur un prédateur, c'est dramatique, ce qui lui arrive. Je m'excuse auprès de lui et de sa famille. Je m'excuse surtout auprès de mes enfants, pour la peine et la souffrance que je leur inflige, et auprès de leur mère aussi, évidemment. »
Martini ne sort presque plus de chez lui
Aujourd'hui, Bruno Martini ne sort plus de chez lui que pour aller voir sa psychologue deux fois par semaine. L'ancien gardien des Bleus reconnait être anéanti : « La réhabilitation, je n'y crois pas. Ça n'existe pas. Si vous tapez mon nom sur Internet, vous croyez que ce qui va apparaître désormais en premier, c'est "Bruno Martini, double champion du monde de handball ?" Non, ce sera cette histoire. (...) Je vais devoir vivre avec cette culpabilité et cette honte d'avoir fait vivre ça à ma famille. Cela restera avec moi, en moi. Ressentir cette culpabilité m'a amené à ce plaider-coupable, qui est un suicide social. J'aurais pu me suicider physiquement. Je ne sais pas ce qui est le mieux, finalement. Ce qui est sûr, c'est que ma vie s'est arrêtée le 23 janvier 2023. »