Quand Leonardo Jardim évoque le métier d'entraîneur

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Clément Pédron, Media365, publié le dimanche 12 mars 2023 à 14h18

En poste à Al-Shabab aux Émirats arabes unis, Leonardo Jardim, l'ancien technicien de l'AS Monaco est revenu sur son expérience de coach en France. Il en a profité pour pousser un coup de gueule contre les entraîneurs qui exercent sans diplôme.

Will Still et Didier Digard auront-ils les oreilles qui sifflent ce dimanche après-midi ? On n'est pas sûr de cela car les deux hommes, respectivement entraîneur du Stade de Reims et coach de l'OGC Nice, auront fort à faire ce dimanche puisque leur équipe dispute la 27eme journée de L1, contre Monaco pour le premier et le FC Nantes pour le second. Reste que ce n'est pas le seul point commun entre les deux techniciens. Ces derniers ont aussi la particularité de diriger une équipe sans avoir obtenu le BEPF, le Brevet Entraîneur Professionnel de Football, le sésame obligatoire pour pouvoir travailler au sein des équipes de Ligue 1. En théorie. Car en pratique, une équipe peut s'abroger de cette règle en payant une amende de 25 000 euros par match.

À l'occasion d'un entretien accordé au journal l'Équipe, Leonardo Jardim, l'ancien technicien de l'ASM aujourd'hui à la tête de l'équipe Al-Shabab aux Émirats arabes unis, a regretté le manque de considération pour le diplôme. « Je ne comprends pas, non (le fait de se passer du diplôme en payant une amende). Quand tu vas chez le docteur, tu y vas parce qu'il a un diplôme. C'est la même chose pour un architecte, un avocat ou un journaliste, alors pourquoi ce ne serait pas le cas pour entraîner en Ligue 1 ? L'autre semaine, j'ai lu qu'un président européen avait viré son entraîneur et s'était nommé à sa place. Mais il y a des lois, des règles, et le respect du diplôme c'est important pour la crédibilité de notre profession. Comme pour tous les autres métiers. »

L'absence d'expérience en tant que joueur, un frein ?

Au cours de l'interview, le Portugais a reconnu qu'il était plus difficile d'avoir une chance en France que dans son pays natal. « Je ne suis pas sûr (qu'il aurait eu sa chance dans le monde pro sans expérience de joueur). Mais je pense que la différence, c'est peut-être l'antériorité. Au Portugal, il y a déjà trente ans, depuis Carlos Queiroz puis José Mourinho, il était beaucoup plus simple d'intégrer des cours d'entraîneur sans avoir de passé de joueur. En France comme de nombreux pays, ça reste historiquement très important d'avoir un passé de joueur de haut niveau. »

Selon lui, la faute revient à « la vision de la fédération, du foot français en général. [...] Queiroz et Mourinho ont débuté leur carrière après des études universitaires. Au Portugal, le lien entre l'université est important. Et de fait, aujourd'hui, l'entraîneur est un manager, il doit gérer beaucoup de situations, parler au quotidien avec les adjoints, le staff médical, les dirigeants, c'est un travail plus diversifié. Beaucoup plus large que le seul terrain. [...] Avoir été joueur de haut niveau, ça offre une forme de formation technique mais pas le reste. »

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