Patrick Juillard, Media365, publié le lundi 14 octobre 2024 à 11h20
Déroutés et retenus une nuit durant dans un aéroport isolé, les joueurs du Nigeria refusent de jouer contre la Libye, mardi pour le compte de la quatrième journée des éliminatoires de la CAN 2025.
Les images ont fait le tour des réseaux sociaux ces dernières heures. Sur les photos, on voit les joueurs du Nigeria, en tenue de voyage, prisonniers du hall d'embarquement d'un aéroport désert. La scène se passe à Al-Abraq, en Libye, où les Super Eagles doivent disputer mardi la manche retour de leur double confrontation face aux Chevaliers de la Méditerranée. Mais cette rencontre de la quatrième journée des éliminatoires de la CAN 2025 risque fot de ne pas avoir lieu. Mécontents du traitement qui leur est infligé par les autorités libyennes, les vice-champions d'Afrique refusent de jouer, quitte à subir une défaite (3-0) par forfait. Alors qu'ils devaient atterrir à Benghazi, ville d'accueil du match, leur avion a été dérouté vers la ville d'Al-Abraq, située à plus de trois heures de route de là. La suite, c'est le défenseur et capitaine William Troost-Ekong qui la raconte sur X (anciennement Twitter).
Troost-Ekong : « Un comportement honteux »
« Plus de douze heures passées dans un aéroport perdu en Libye après que notre avion a été dérouté pendant qu'il effectuait sa descente. Le gouvernement libyen a annulé notre autorisation d'atterrissage à Benghazi sans aucune raison. Ils ont verrouillé les portes de l'aéroport et nous ont laissés sans téléphone, sans nourriture ni boisson », se plaint William Troost-Ekong dans une série de messages postés sur le réseau social. « J'en ai vécu des choses avant les matchs à l'extérieur en Afrique mais c'est un comportement honteux », ajoute l'expérimenté défenseur, avant d'accuser ouvertement le gouvernement libyen d'avoir donné instruction aux hôtels de ne pas accueillir de Nigérians.
Vers un boycott de la manche retour
C'en est trop pour le capitaine, qui annonce que lui et ses coéquipiers ont décidé de boycotter la rencontre. « Au point où nous en sommes, nous avons appelé notre gouvernement nigérian à intervenir et à nous secourir. En tant que capitaine et au nom de l'équipe, nous avons décidé de ne pas jouer ce match. La CAF devrait se pencher sur ce qui se passe ici. Nous n'accepterons pas de voyager par la route ici, ce n'est pas sûr, même avec de la sécurité. Nous ne pouvons qu'imaginer à quoi ressembleraient l'hôtel ou la nourriture qui nous seraient offerts si nous continuions », explique Troost-Ekong, avant de conclure. « Nous nous respectons et respectons nos adversaires lorsqu'ils se déplacent au Nigeria. Des erreurs se produisent mais ces choses, quand elles sont préméditées, n'ont rien à voir avec le football international. »
La Libye, une décennie sans recevoir
Avant le match aller, remporté par le Nigeria (1-0), les joueurs de la Libye et leurs encadrants avaient dû patienter plusieurs heures à l'aéroport de Port-Harcourt avant de pouvoir rallier Uyo, lieu de la rencontre. Les autorités nigérianes avaient alors mis cette attente sur un changement de dernière minute du plan de vol de leurs adversaires. La surenchère en cours met en péril la tenue de la manche retour et donne une image peu reluisante d'un pays qui avait retrouvé en mars 2021 le droit de recevoir après une quasi-décennie d'expatriation forcée en raison de la situation sécuritaire précaire régnant sur son territoire. La réaction de la Confédération africaine de football est attendue avec intérêt dans ce dossier.
Dans un communiqué, la Confédération africaine de football a annoncé avoir saisi son jury disciplinaire « pour investigation et des mesures appropriées seront prises à l'encontre de ceux qui ont violé les statuts et règlements de la CAF. » Alors que les Nigérians ont regagné leur pays, la Libye peut s'attendre à des sanctions.