Fabien Le Floc'h, Media365 : publié le mardi 09 janvier 2024 à 12h25
Décédé dimanche à l'âge de 78 ans, Franz Beckenbauer a marqué l'histoire du football en révolutionnant le rôle de libéro, un poste aujourd'hui disparu mais loin d'être oublié.
Après Pelé et Maradona ces dernières années, le football a perdu en ce début d'année 2024 une autre de ses légendes avec le décès de Franz Beckenbauer, dimanche à l'âge de 78 ans. Son palmarès parle pour lui, avec deux Ballons d'or (1972 et 1976), cinq titres de champion d'Allemagne, trois Coupes des clubs champions (1974, 1975 et 1976), sans oublier l'Euro (1972) et la Coupe du monde (1974). Mais au-delà de ce palmarès impressionnant, c'est par sa façon de jouer et par son élégance que le « Kaiser » a laissé une telle empreinte sur le football, tout en bouleversant le rôle aujourd'hui disparu du libéro.
Un meneur de jeu reculé
Tête haute, maillot toujours immaculé, Franz Beckenbauer n'a jamais été embêté ballon au pied et c'est pour ça qu'il a commencé sa carrière comme ailier gauche, avant de rapidement reculer au milieu du terrain peu après ses débuts professionnels au Bayern au début des années 60. C'est au milieu qu'il brille à la Coupe du monde 1966 en Angleterre (quatre buts) et qu'il deviendra une star du football allemand et mondial. Ce n'est qu'à la fin des années 60 qu'il recule derrière la défense au Bayern, dans un système en 1-3-3-3 sous les ordres du Yougoslave Zlatko Cajkovski. Avec l'équipe nationale, il faudra attendre quelques années avant de le voir jouer à ce poste, ce qui permettra notamment à la RFA de remporter la Coupe du monde à domicile en 1974.
« Avoir un joueur comme Franz présentait un énorme avantage, expliquait son ancien sélectionneur en 1974, Helmut Schön. Il avait un incroyable sens du placement, il savait tacler, et de l'arrière, il voyait toutes les possibilités d'attaque. » Avec le jeu devant lui, libre de tout marquage, le « Kaiser » rayonnait sur le terrain. Loin de rester derrière pour couvrir ses défenseurs, Beckenbauer, premier contre-attaquant de son équipe, jouait comme un meneur de jeu, alternant jeu court et jeu long, tout en maniant l'extérieur du pied à la perfection. Du jamais-vu pour l'époque, tout comme sa manière de monter sur le terrain, que ce soit pour prendre l'espace ou pour chercher un relais avec Gerd Müller. « Je ne voulais pas qu'on me coure après pendant 90 minutes et me faire taper dans les pattes, avait-il expliqué un jour pour justifier son recul sur le terrain. Ce n'était pas ma conception du football. » Et c'est comme ça que Beckenbauer a marqué l'histoire du football.