Thomas Siniecki, Media365 : publié le mardi 08 juin 2021 à 23h46
Deux ans après la terrible déception du Mondial, Michel Platini est le héros de la France, qui remporte le premier titre international de son histoire lors de l'Euro 84 disputé à domicile. Le n°10 inscrit neuf buts, un record.
France - Danemark : 1-0
Le fameux carré magique a beau être aligné d'entrée, le début de compétition est difficile pour l'équipe de France. Il faut attendre le dernier quart d'heure pour voir Michel Platini débloquer la situation et débuter son festival personnel sur cet Euro 84. Manuel Amoros est expulsé, balançant le ballon sur l'adversaire avant d'asséner un coup de tête. "On ne part pas pour participer, ça doit être la première fois dans l'histoire du football voire du sport français, voilà, on y va pour gagner", expliquait "Platoche" à l'AFP il y a cinq ans, expliquant l'état d'esprit des Bleus au moment de démarrer cette phase finale.
Le leader des Bleus rappelle que Séville est passé par là. Deux ans après cet incroyable France - Allemagne en demi-finales du Mondial 82 - 3-3 en prolongation après avoir mené 3-1, puis élimination aux tirs au but, et le fameux attentat non sanctionné du gardien Harald Schumacher sur le pauvre Patrick Battiston -, les Tricolores n'ont toujours pas disputé la moindre finale d'une grande compétition.
France - Belgique : 5-0
A la Beaujoire, contre les Belges, c'est là que l'équipe de France se libère enfin. Et que Michel Platini commence à faire comprendre à tous que ce sera sa compétition, en inscrivant un triplé. Bernard Genghini est lancé en tant que troisième milieu offensif axial, Luis Fernandez décalant lui à la place d'Amoros.
"C'est le match parfait, tout est simple et facile, se souvient Alain Giresse (pour la Fédération Française). C'est le match qu'on veut faire au tableau noir. J'ai marqué et fait marquer, ce qui me plait autant. Sans parler de Michel Platini et ce premier triplé... On aurait pu marquer plus encore." Les Bleus se qualifient pour le dernier carré avant même leur dernier match contre la Yougoslavie, mais celui-ci ne comptera pas pour du beurre, bien au contraire. Surtout aux yeux du n°10, bien décidé à surfer sur sa lancée pour enfoncer le clou.
France - Yougoslavie : 3-2
De retour à Saint-Etienne, dont il est parti deux ans plus tôt en direction de la Juventus, Michel Platini réussit son fameux triplé parfait : un but du pied gauche, un autre du droit et un autre de la tête. "Le match a prouvé que cet adversaire était compliqué", se souvient le stratège de la Vieille Dame et des Bleus.
"Je suis allé beaucoup plus devant en seconde période", poursuit "Platoche", avant de s'exprimer sur un ton plus général : "On n'était pas les plus grands ni les plus rapides, mais on avait un sens du jeu et on s'est tous sacrifiés. On a eu la chance de faire plaisir au public et de devenir une équipe charismatique et formidable, en rentrant dans l'émotion des gens." Même si ce n'est pas celle qui reste le plus dans les mémoires, cette rencontre face à la Yougoslavie est aussi là pour en faire partie, les Bleus ayant été menés pour la première fois de l'Euro.
France - Portugal : 3-2 a.p.
Et le Vélodrome chavira... Grand seigneur, Michel Platini laisse d'abord frapper Jean-François Domergue le jour de son anniversaire, sur un coup franc idéalement placé à l'entrée de la surface. Grand bien lui en prend, le défenseur ouvrant le score avant d'égaliser à 2-2 à six minutes de la fin de la prolongation de cette demi-finale.
C'est alors que Jean Tigana part dans un débordement arraché sur le côté droit de la surface, avant de servir en retrait Michel Platini qui prend le temps de contrôler avant de marquer en force à bout portant pour délivrer tout un pays, à une minute d'une séance de tirs au but qui aurait irrémédiablement rappelé les cendres encore fumantes des cauchemars de Séville. Le génie lorrain s'interroge encore, des années après (pour Ouest-France) : "La passe m'arrive dans les pieds : qu'est-ce que je fais ? Une heure de réflexion (rires) ! C'est une éternité, c'est au ralenti. Puis ça explose, ça éclate, c'est beau."
France - Espagne : 2-0
A l'approche de l'heure de jeu, Michel Platini s'approche du ballon et ne laisse cette fois le soin à personne de frapper le coup franc à l'entrée de la surface. Le tir n'est pas exceptionnel, Luis Arconada est dessus... mais il laisse échapper le ballon sous son ventre ! Une bourde qui a marqué avec bonheur tout le football français.
"Je regarde, tout est une question de positionnement, du ballon, du mur, du gardien. Je me doute qu'il va anticiper, il revient et veut le bloquer, le ballon tombe, mais le ballon tourne. Je suis content, mais je n'exulte pas par respect pour lui. Je n'ai pas envie d'être condescendant, d'en rajouter. De toute façon, le but que j'aurais voulu marquer, c'est celui de Bruno Bellone." Celui qui, à la 90eme minute, valide définitivement le sacre des Bleus devant le public du Parc, exultant. Mais c'est bien Michel Platini qui, avec neuf buts, tient toujours le record de réalisations marquées lors d'un Euro.