Paris-Nice : Le triplé de Jalabert

Paris-Nice : Le triplé de Jalabert©Panoramic, Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le samedi 12 mars 2022 à 00h32

Sauf si Pierre Latour réussit un exploit gigantesque pour rattraper 40 secondes à Primoz Roglic (et doubler aussi Simon Yates), ce n'est probablement pas cette année qu'un coureur français succèdera à Laurent Jalabert au palmarès de Paris-Nice.


1995

Deuxième du sprint de la première étape à Orléans, "Jaja" va gagner la deuxième en solitaire. Echappé à 44 kilomètres de l'arrivée à Roanne, il va s'imposer seul grâce à la crevaison de son partenaire du jour Vladislav Bobrik. Il maintiendra jusqu'au bout une avance confortable sur ce dernier, en s'imposant finalement avec 1'40" d'avance sur son adversaire russe. C'est la confirmation pour Laurent Jalabert que son statut et son plan de carrière peuvent changer : il n'est plus un sprinteur pur, mais bien un concurrent capable de gagner des épreuves à étapes, ce qui le place tout simplement comme le coureur le plus complet de la planète.

Sur ce Paris-Nice, Alex Zülle s'est mué en parfait acolyte pour lui au sein de la ONCE, son équipe historique (arrivé en 1992, il y restera jusqu'en 2001). Ce qui ne l'empêche pas de devoir en faire bien plus qu'avant : "Je fais plus d'efforts que d'habitude, je cours comme un leader et non comme un sprinteur qui cherche à en garder sous la pédale pour le final." Une sorte de réincarnation à 26 ans, contrainte aussi par son énorme chute sur un sprint du Tour de France l'année précédente. "Il est possible que je sois un peu moins sprinteur qu'avant l'accident, mais il n'y a pas encore eu assez de courses pour que je puisse le savoir." L'avenir se chargera largement de le confirmer (il finira même maillot à pois du Tour en 2001 et 2002). La semaine suivante, il enchaîne avec Milan-San Remo, sur un petit nuage. Puis avec la Vuelta, encore plus tard dans l'année.

1996

Après la gloire, arrivent aussi les premières gueules de bois. Mais c'est aussi dans ce contexte que Laurent Jalabert va renforcer sa cuirasse, en allant gagner un deuxième Paris-Nice consécutif en dépit de blessures, notamment une fracture du scaphoïde en décembre. Forcément loin d'être anodin pour attaquer une saison... Vainqueur de la troisième étape à Chalvignac puis de la quatrième à Millau, il sait appuyer au moment parfaitement opportun afin de devancer un certain Lance Armstrong (25 ans) sur ces deux journées. "Dans une montée finale, il attaque. Je le suis. Et quand on n'est plus que tous les deux, il me dit qu'il gagne ! Je lui réponds qu'on verra bien."

Pour le Tarnais, "il était hors de question que je le laisse gagner, il avait essayé de me dépoter toute la journée". Le côté du visage tuméfié par une chute dans la sixième étape (sur huit), il reste enfin imperturbable lors du contre-la-montre final. "Ce parcours ne m'avantageait pas du tout, avec de longues lignes droites. Il faut toujours rester bien posé sur la machine, ce n'est pas mon exercice préféré. Mais c'était quand même une belle performance." Plutôt, en effet, puisque Lance Armstrong est donc contenu à 43 secondes et Chris Boardman à 47 secondes. La palette du Tarnais s'élargit encore, le voilà donc capable de tenir une victoire au général sur un ultime chrono pour conclure une semaine de course. Il devient le troisième Français à gagner deux fois de suite Paris-Nice, après Jacques Anquetil (1965, 1966) et Raymond Poulidor (1972, 1973).


1997

Au sortir d'une saison 1996 moins étincelante que l'année 1995, ce qui ne l'a pas empêché de terminer à nouveau en tête du classement UCI, Laurent Jalabert s'affirme décidément en chrono : à l'occasion du prologue, il empoche rien de moins que la première victoire de sa carrière dans cet exercice. Son couronnement se fait en montagne et au panache, puisqu'il n'est pas réussi n'importe où. C'est ainsi sur le mont Ventoux, lors de la sixième étape, qu'il vole vers son troisième Paris-Nice de rang en s'imposant devant Laurent Dufaux. Il contient son vis-à-vis suisse sur un ultime contre-la-montre, où il gère en prenant la septième place.

Cette fois, le n°1 mondial (il le sera encore en 1997) devient le seul Français à régner sur cette course trois fois de suite - le seul, aussi, avec Eddy Merckx (de 1969 à 1971) et l'incroyable Sean Kelly (sept victoires de 1982 à 1988). "Ce chrono du premier jour m'a mis en confiance. Psychologiquement, il a beaucoup pesé. Ensuite, tout s'est enchaîné. C'était ensuite difficile dans le Ventoux, mais on ne gagne pas Paris-Nice en fumant la pipe..." On n'en ferait pas une devise, mais pas loin. L'histoire retiendra que c'est aussi sur ces routes du soleil qu'il a donc parfait son appétence pour le chrono, jusqu'à en devenir un tel spécialiste qu'il en terminera champion du monde au terme de la saison. Il ne participera plus que deux fois à Paris-Nice, les deux fois encore sur le podium : deuxième en 1998, troisième en 2002.

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