Paul Rouget, Media365 : publié le dimanche 03 octobre 2021 à 10h00
En 1993, l'OM remportait la seule Ligue des Champions de l'histoire du football français. La consécration avant la chute pour Bernard Tapie, qui aura réussi à amener le club marseillais au sommet.
Bernard Tapie a eu plusieurs vies. Homme d'affaires, dirigeant d'entreprise, ministre, mais également chanteur, acteur ou encore animateur de télévision. Mais s'il fait toujours l'objet d'un véritable culte aujourd'hui à Marseille, c'est parce qu'il a emmené l'OM au sommet au début des années 90, avec la conquête de ce qui reste toujours la seule et unique Ligue des Champions du football français, en 1993. Un but ultime qu'il avait rapidement affiché. "A Marseille, on veut être le numéro 1, confiait-il en 1986, avant de prendre la présidence du club. Peut-être nous autorisera-t-on à être numéro 2 mais l'objectif qu'on nous assignera, ce sera la première place."
"JPP, j'en peux plus"
Lorsqu'il arrive dans la cité phocéenne, il trouve un club exsangue, qui n'a plus gagné le moindre trophée depuis la Coupe de France 1976 et terminera la saison 1985-1986 à une piteuse douzième place. Mais tout va changer avec Tapie. A l'été 1986, il recrute notamment l'illustre Alain Giresse, en fin de carrière, et le jeune Jean-Pierre Papin, qui devait s'engager à Monaco. D'abord surnommé « JPP, j'en peux plus » par les supporters marseillais, l'attaquant originaire du nord de la France connaît des débuts compliqués, avant de devenir une véritable machine à buts les saisons suivantes. Finaliste malheureux de la Coupe de France pour la deuxième année consécutive, toujours face à Bordeaux, l'OM, sous les ordres de Gérard Banide et avec Michel Hidalgo comme directeur sportif, finit dauphin des Girondins en championnat.
Et Cantona jeta son maillot
En 1987-1988, malgré les renforts d'Abedi Pelé et de Klaus Allofs, le club marseillais ne parviendra pas à faire mieux qu'une sixième place en Division 1, mais atteindra le dernier carré de la Coupe des Coupes. Et c'est l'Ajax Amsterdam qui mettra fin à son aventure européenne. A la suite de cette saison, Gérard Gili remplace Banide sur le banc et des nouveaux renforts débarquent. Dont le prometteur Eric Cantona, qui ne parviendra jamais à s'imposer dans sa ville natale et verra son aventure marseillaise écourtée quand il jettera son maillot au sol quelques mois plus tard lors de son remplacement à l'occasion d'un match amical à Sedan. Contrairement à "Canto", Gaëtan Huard et Franck Sauzée vont eux devenir des joueurs importants de l'OM, et c'est ce dernier qui marquera, avec la lourde frappe qui le caractérise, un but très important face au PSG, alors à la lutte pour le titre, à la 35e journée.
La fameuse main de Vata
Les Marseillais seront sacrés champions de France pour la cinquième fois de leur histoire, et la première depuis 1972, remportant également la dixième Coupe de France de l'histoire du club en dominant Monaco en finale. Et ils vont encore franchir un nouveau palier en 1989-1990, avec des renforts internationaux de grande qualité : le rugueux défenseur brésilien Carlos Mozer, et les artistes Enzo Francescoli et, surtout, Chris « Magic » Waddle, rapidement devenu une idole du Vélodrome. Et qui avait été choisi personnellement par Tapie. Mais les Phocéens s'arrêteront en demi-finales de la Coupe d'Europe des clubs champions contre le Benfica, avec la fameuse main de Vata au retour. "Manager l'environnement d'une Coupe d'Europe, je n'avais pas compris. Je vous promets que j'ai compris. Ça ne se reproduira plus jamais !", expliquait-il dans une déclaration devenue célèbre, et qui a fait l'objet de nombreuses interprétations.
Beckenbauer pour changer de dimension
L'OM remportera également le titre en 1990-1991, lors d'une saison mouvementée en coulisses. Sur le terrain, tout se passe bien, notamment grâce aux renforts du futur héros Basile Boli et du fantasque Pascal Olmeta dans les buts. Mais Gili quittera son poste d'entraîneur après quelques journées, pour être remplacé par Franz Beckenbauer, arrivé en tant que directeur technique à l'intersaison pour faire entrer le club dans une nouvelle dimension. Sauf que le « Kaiser » prendra du recul en janvier 1991, Raymond Goethals lui succédant sur le banc. Et c'est avec le Belge comme entraîneur, même si certains disaient que le vrai coach était Tapie, que les Olympiens iront jusqu'en finale de la C1, s'inclinant aux tirs au but contre l'Etoile rouge de Belgrade à Bari (0-0, 5-3 t.a.b.). Eliminés dès le deuxième tour par le Sparta Prague l'année suivante, ils conserveront leur titre de champion de France en 1991-1992, avant d'effectuer de nombreux changements.
Boli dans la légende
Exit Papin, vainqueur du Ballon d'Or en 1991 et qui rejoint l'AC Milan, mais aussi Waddle et Mozer, trois joueurs remplacés par Rudi Völler, Alen Boksic et Marcel Desailly. Et Fabien Barthez arrive aussi à l'été 1992. Des nouveaux venus qui seront tous titulaires lors de la deuxième finale européenne de l'OM, le 26 mai 1993 à Munich. Un match remporté 1-0 grâce à l'historique tête de Boli, depuis entrée dans la légende. Mais la joie de ce premier sacre européen sera de courte durée. Car l'affaire VA-OM explose, des joueurs valenciennois révélant l'existence d'une tentative de corruption pour ce match disputé quelques jours avant la finale de la C1. Le titre de champion de France de 1993 sera retiré à l'OM, également privé de Coupe intercontinentale et de Supercoupe d'Europe avant d'être rétrogradé administrativement au deuxième échelon. Tapie sera condamné à de la prison ferme pour corruption et subornation de témoins, et abandonnera la présidence du club fin 1994. Avec un seul regret : de ne pas avoir fait revenir Zinedine Zidane dans sa ville avant qu'il n'explose...