Paul Rouget, Media365 : publié le jeudi 18 mai 2023 à 11h07
A l'occasion du 40e anniversaire de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros, retrouvez, ou découvrez, les différentes facettes du dernier vainqueur français en Grand Chelem en dix épisodes. Aujourd'hui, son côté méconnu de forçat de l'entraînement.
En 1979, une équipe de télévision était venue filmer Yannick Noah à l'entraînement. Tout juste âgé de 19 ans, il a découvert le circuit professionnel un an plus tôt, remportant ses premiers titres à Manille et à Calcutta. Et en 1979, après un match décisif de Coupe Davis gagné face au Néerlandais Tom Okker pour sa deuxième participation à la compétition, il va glaner ses premiers trophées en Europe, avec les tournois de Nancy et de Bordeaux, ainsi que celui de Madrid, et terminera l'année en tant que numéro un français, au 26e rang du classement mondial. C'est donc un jeune homme en pleine ascension, et déjà annoncé comme la relève du tennis tricolore, qui est mis à l'honneur dans ce reportage tourné avant l'affrontement contre les Pays-Bas. "Cinq heures de tennis par jour, tel est le rythme des entraînements de Noah qui, vous le voyez, n'est pas là pour s'amuser", dit le journaliste dans cette séquence où on voit le jeune Noah travailler particulièrement son attaque. "Le résultat, vous en conviendrez, est plutôt spectaculaire", poursuit la voix off.
On y voit effectivement un Noah dur au mal et très concentré, bien loin de l'image fantasque et fêtarde qu'il a parfois pu dégager lors de la suite de sa carrière. Pour Philippe Bouin, ancien journaliste de L'Equipe qui a suivi de près le vainqueur de Roland-Garros 1983, ce dernier "avait un vrai plaisir à se faire mal, à aller au bout de ses forces. Et c'est là-dessus qu'il a bâti ses meilleurs succès, en particulier en 1983. Il a fait une préparation extrême pendant un mois et ça l'a amené, physiquement, très au-dessus des autres." Un forçat de l'entraînement qui avait "un seul problème : il ne faisait pas ça tout le temps. Entre deux préparations physiques, il faisait des préparations à la bringue ou à la vie, et ça lui a coûté quelques blessures et quelques échecs." Ce côté épicurien l'a sans doute empêché de réaliser encore une plus grande carrière, lui qui aura atteint le dernier carré d'un Grand Chelem à deux reprises, lors de son sacre parisien puis à l'Open d'Australie en 1990, et remporté au final 23 titres en simple.