Mathieu Warnier, Media365, publié le mardi 06 février 2024 à 13h00
Alors qu'il a confié sa proximité avec le projet « One Cycling » porté par Richard Plugge, le patron de l'équipe Movistar Eusebio Unzué s'est longuement confié sur les réformes radicales du cyclisme professionnel qu'il souhaiterait voir mises en place.
Le cyclisme professionnel est à la croisée des chemins. Alors que la fusion avortée entre les équipes Soudal-Quick Step et Visma-Lease a Bike a mis en lumière les carences du modèle économique de la discipline, les initiatives se multiplient pour essayer de changer la donne. Celle qui fait le plus parler d'elle reste « One Cycling », lancée à l'initiative du patron de la formation néerlandaise Richard Plugge. Selon les informations de l'agence Reuters, le fonds souverain d'Arabie Saoudite (PIF) serait prêt à injecter 250 millions d'euros dans ce projet dont les détails manquent encore de précision. Si Patrick Lefevere a récemment confié son soutien à ce projet, c'est maintenant Eusebio Unzué qui entend s'en rapprocher. Confiant auprès du site spécialisé Cyclingnews penser que le cyclisme est « le sport le plus conservateur », le patron de la formation Movistar affirme qu'il y a « des inquiétudes formulées par certaines équipes qui réfléchissent à l'avenir de cette discipline ». Le dirigeant espagnol ajoute qu'elles « souhaitent explorer d'autres chemins afin de rendre le cyclisme plus compétitif dans cette jungle sportive ».
Unzué : « Pourquoi ne pas autoriser les remplacements ? »
Au-delà d'un développement économique, Eusebio Unzué se dit prêt à des réformes plus ambitieuses d'un point de vue réglementaire. « Depuis que j'ai débuté dans les années 1980, les règles du cyclisme ont très peu changé et je pense qu'il faut s'adapter à l'époque actuelle, a-t-il confié. Vous devez rendre les règlements plus... je ne sais pas si dire 'plus humain' conviendrait mais c'est certain qu'ils devraient être moins brutaux. » Et, pour Eusebio Unzué, cela pourrait passer par plus de largesses en cas de chute lourde. « Si un coureur chute, pourquoi ne pourrait-il pas monter dans une voiture ou une ambulance pour être examiné puis repartir le lendemain s'il n'a rien de cassé. Pourquoi pas ? Nous voulons plus d'humanité. Nous voulons protéger la santé des coureurs. Et pourquoi ne pas autoriser les remplacements, au moins durant la première semaine des Grands Tours ? » Une réflexion qui a été nourrie par la mésaventure vécue par l'équipe Movistar l'an passé sur la Grande Boucle.
Unzué lance l'idée de Grands Tours sur quinze jours
En effet, cette dernière avait vu son leader Enric Mas être contraint à l'abandon sur chute dès la première étape à Bilbao. « Je pense que nous avons tous l'habitude de voir un sport épique et la croyance que tout cela fait partie de la nature épique du sport, a-t-il déclaré. Mais rappelons-nous que le football n'autorisait pas les remplacements par le passé. » Enfin, une autre idée encore plus radicale serait la réduction de la durée des trois Grands Tours à deux semaines. « S'ils ne duraient que quinze jours, les meilleurs coureurs pourraient probablement participer aux trois Grands Tours, justifie-t-il. Cela leur donnerait suffisamment de temps pour récupérer et être compétitifs à chaque fois. Avoir les meilleurs coureurs au monde qui s'affronteraient plus souvent pourrait créer plus de spectacle. » De telles réformes, quoique ambitieuses, signifieraient un virage très net du cyclisme professionnel vers le sport-spectacle, ce qui ne manquerait pas de faire grincer des dents.