Arkéa-Samsic : La leçon de vie selon Barguil

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Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le samedi 27 février 2021 à 12h33

Warren Barguil lance un message fort, samedi dans L'Equipe. Le coureur français livre une leçon de vie et stigmatise un certain embourgeoisement dans le cyclisme.

A 29 ans, Warren Barguil reste un élément à part dans le monde du cyclisme. Alors qu'il court ce week-end les Boucles Drôme-Ardèche, le Français a lâché cet hiver être conscient qu'il ne gagnera « jamais le Tour de France ». Une franchise qui a pu désarmer certains. Mais pas autour de lui. « Parfois, on me dit : tu ne crois pas assez en toi. Mais je connais mon potentiel et mes limites. C'est peut-être un peu bête ce que je vais dire, mais l'important n'est pas de gagner des courses, c'est d'être heureux dans la vie. Et je suis très heureux. On ne m'enlèvera pas mon sourire et ma joie de vivre », confie Barguil dans les colonnes de L'Equipe, samedi.

Barguil : « Il faut qu'on arrête de faire nos chochottes »

Un coureur heureux dans le peloton, surtout avec la crise sanitaire actuelle, voilà qui peut surprendre. « Je peux comprendre que certains soient en déprime, mais les mecs ne doivent pas oublier qu'on exerce notre passion. 24 heures sur 24, et avec de fortes contraintes, certes, mais notre passion quand même. La grande majorité des gens, ils triment. Ceux qui coupent les poulets dans des usines, ils ne voient pas le soleil de la journée, tout ça pour ramener 1 000 euros par mois. Il faut qu'on arrête de faire nos chochottes », insiste le champion de France sur route 2019 qui regrette un certain état d'esprit dans son sport.

Barguil : « C'est important de ne pas se déconnecter de la réalité »

« Je crois qu'une partie des coureurs s'est mise dans le luxe, dans l'assistanat. On oublie l'essentiel. Il faut qu'on arrête de pleurer. Si on n'est pas content, on arrête et on va travailler », poursuit le coureur français de la formation Arkéa-Samsic. « Je viens d'un milieu ouvrier, je vois comment bossent mes copains. Pendant que je fais du vélo en plein air, il y en a un qui fait des enrobés et qui prend les gaz toute la journée, un autre qui se lève tous les jours à quatre heures parce qu'il vient d'ouvrir sa pâtisserie. Mon père, pareil, mais pour conduire un camion. C'est important de ne pas se déconnecter de la réalité. On oublie la chance qu'on a, et il ne faut pas l'oublier, sinon, le business et l'argent prennent le dessus. Le vélo est un sport populaire, ne perdons pas ça », dit encore Barguil, conscient que les carrières débutent plus tôt dans son univers : « On va devenir un sport comme la natation : à 28 ans, les coureurs vont arrêter leur carrière. »


« L'image de futur vainqueur du Tour n'est pas facile à gérer quand tu es jeune. Moi, j'ai eu la chance de suivre ma ligne directrice, et de m'épanouir ainsi : aujourd'hui, à presque 30 ans, je sens que j'arrive dans la force de l'âge », conclut celui qui avait pris la 10eme place du Tour de France 2017 avec le maillot de meilleur grimpeur sur les épaules (deux victoires d'étape).

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