Mathieu Warnier, Media365, publié le mardi 13 février 2024 à 17h15
Face à une exploitation des règles actuelles permettant le recours au « ping-pong rugby », le Super Rugby Pacific a obtenu l'aval de World Rugby pour expérimenter une modification du règlement durant l'édition 2024 de sa compétition.
La récente victoire du XV de France en Ecosse a mis en exergue un problème. Ce samedi, sur la pelouse de Murrayfield, les deux équipes se sont souvent limitées à multiplier les coups de pied par l'intermédiaire de Finn Russell et Thomas Ramos. Un phénomène depuis longtemps appelé « ping-pong rugby » mais qui a trouvé un autre nom il y 18 mois quand Antoine Dupont a soulevé un lièvre niché au sein même du règlement édicté par World Rugby. En effet, l'article 10.4.c décrète qu'un joueur est hors-jeu s'il est devant son coéquipier lors d'un coup de pied quand l'article 10.7 assure qu'un joueur situé à plus de dix mètres du botteur est remis en jeu s'il reste immobile en attendant un nouveau coup de pied, une passe ou bien... si le joueur ayant le ballon en main parcourt au moins cinq mètres. Cette exploitation des règles a depuis été baptisée « loi Dupont » et a eu sa plus belle démonstration lors d'Ecosse-France le week-end dernier. Face à ce qui apparaît être une dérive, de nombreux observateurs appellent à modifier les règles mises en cause afin d'éviter la multiplication des coups de pied.
Le Super Rugby Pacific va effacer l'article 10.7 en 2024
Une règle qui « ne montre pas le rugby sous son meilleur jour », selon l'arrière irlandais Rob Kearney. Si World Rugby n'a pas réagi lors des 18 derniers mois, il y a eu une réflexion dans l'Hémisphère Sud et une réponse va y être expérimentée lors de l'édition 2024 du Super Rugby Pacific, compétition opposant les équipes d'Australie, de Nouvelle-Zélande et des Iles du Pacifique. L'idée derrière cette expérimentation est de ne pas appliquer l'article 10.7. « Les défenseurs resteront hors-jeu jusqu'à ce qu'ils soient mis en jeu par un coéquipier venu derrière le botteur, ou par le botteur lui-même », précisent les organisateurs du Super Rugby Pacific. « Nous voulons donner aux équipes la possibilité de contre-attaquer avec le ballon en main et nous sommes convaincus que cette modification de la loi encouragera cette tendance et encouragera un rugby passionnant et offensif », a ajouté Kevin Malloy, président de la société organisatrice de la compétition. World Rugby a accepté cette expérimentation, soutenue par les fédérations australienne et néo-zélandaise, pour l'année 2024. Si les résultats s'avèrent positif, l'instance dirigeante du rugby aura l'opportunité de modifier de manière permanente les règles.