Aurélien CANOT, Media365, publié le vendredi 29 janvier 2021 à 11h21
Après en avoir terminé jeudi avec son cinquième Vendée Globe, Jean Le Cam (61 ans) a avoué qu'il avait vécu un enfer cette année. Malgré tous ses malheurs, le doyen de la course a trouvé la force de continuer.
A l'origine, il n'avait pas prévu d'en parler. « Parce que raconter ce genre de choses aurait suscité des polémiques et que ça ne concernait pas le reste du monde (...) Si je vous dis ça, c'est parce que vous m'avez demandé pourquoi ce Vendée Globe était si particulier et si dur. » Et à le voir essentiellement balancer sa joie d'être marin à la face du monde à chacune de ses vacations, il semblait difficile d'imaginer ce que traversait réellement Jean Le Cam (61 ans), lancé dans son cinquième Vendée Globe. Pourtant, le doyen de l'épreuve a semble-t-il vécu un enfer cette année. « J'ai connu pas mal de choses difficiles dans ma vie, mais là, j'ai connu l'insoutenable. On y arrive. C'est toujours incroyable. C'est un miracle que je sois là aujourd'hui. C'est tout simplement incroyable. » A plusieurs reprises, il a même songé à jeter l'éponge. « Chaque jour, je croisais les doigts pour que ça ne tape pas. Je n'osais même plus aller à l'avant. Je n'utilisais plus les ballasts car j'avais découpé celui du milieu, donc je ne pouvais plus ouvrir la vanne, sinon je coulais. Hubert (le nom qu'il donne à son bateau) m'a ramené et je l'ai aidé. » A chaque fois, il a pourtant trouvé la force et les ressources mentales pour poursuivre son aventure. Au courage.
Le Cam : « Trois semaines de galère »
« J'ai vu que ma première réparation marchait, alors je me suis dit que je pouvais aller plus loin. Après, ça a cassé à nouveau au milieu du Pacifique et je n'avais pas d'autre choix que d'aller jusqu'au cap Horn (...) Ensuite, il y a eu des conditions de rêve, il y a eu du plaisir, enfin, après trois semaines de galère. J'ai continué à remonter Nord et en me disant : "Quitte à être dans un radeau de survie, autant que l'eau soit chaude", puis ensuite "ne vaut-il pas mieux être dans son radeau au milieu des alizés ?" » Rien n'a pourtant été épargné au « Roi Jean », qui pensait avoir tout vu dans ce Tour du monde en solitaire (le cinquième pour lui) avant de se blesser aux côtes à l'approche de l'arrivée, et de passer les deux dernières semaines avec des fracturesl'obligeant à serrer les dents jusqu'au bout. Un calvaire sur lequel le skipper Yes We Cam ! est revenu jeudi - mais encore une fois parce qu'on l'y a poussé - après avoir franchi l'arrivée en 8eme position, le natif de Quimper terminant toutefois au pied du podium (4eme) après avoir récupéré 16 heures et 15 minutes pour avoir repêché le malheureux Kevin Escoffier le 1er décembre dernier.
Le Cam : « Si tu me demandes si je repars demain, c'est non »
Ou le début des malheurs du Breton, victime d'une très sérieuse avarie de coque. « Le lendemain, le bateau était délaminé, la coque bougeait de 5 centimètres, ça craquait. Et dans cette situation, si ça casse, tu coules (...) Si tu commences à cumuler les emmerdes, ça devient l'enfer (...) Il y a une semaine ou deux, c'était encore l'horreur. » Un petit cauchemar qui fait qu'à ce jour, Le Cam, ravi d'avoir enfin mis pied à terre, ne se voit pas repartir pour un autre Vendée Globe. Surtout si c'est pour prendre aussi peu son pied que cette année. « Si tu me demandes maintenant, à chaud, si je repars demain, c'est non (...) Quand tu es stressé du matin au soir en te demandant si tu va pouvoir arriver ou non, il n'y a pas beaucoup de plaisir. » Surtout pour terminer à l'arrivée « à la place du con », dixit le « Roi Jean », que l'on n'est peut-être pas près de revoir de sitôt en mer.