Mathieu WARNIER, Media365, publié le jeudi 09 juin 2022 à 16h00
Engagée aux 24 Heures du Mans avec un prototype répondant à l'ancienne norme LMP1, Alpine est en manque cruel de performance face à Toyota et Glickenhaus mais l'écurie française espère un coup de pouce des autorités pour réduire l'écart.
Leader du championnat du monde d'endurance (WEC) après deux courses, Alpine est à la peine au Mans. En manque de vitesse de pointe le week-end dernier lors de la journée test, le prototype A480 engagé par l'écurie française est distancé dans la catégorie Hypercar des 24 Heures du Mans. Alors que Toyota et Glickenhaus ont été dans un mouchoir de poche ce mardi lors de la séance de qualifications, l'écurie dirigée par Philippe Sinault a concédé près de deux secondes et demie au temps de référence. « Cet écart est embêtant, a admis face à la presse le patron de l'écurie Signatech, qui gère l'engagement d'Alpine en WEC. Mais il y a des solutions. » Alors qu'un travail sur les réglages de l'A480 pourrait permettre de retrouver un peu de performance, Alpine compte surtout sur une révision de la « balance de performance » (BoP) qui régit la catégorie afin de niveler les valeurs. « Nous avons commencé à discuter avec le législateur pour lui dire que nous sommes sans doute un peu en dehors de la fenêtre concernant la BoP. Mais il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il nous aide afin de nous ramener. C'est ce qu'on s'efforce de faire. »
La performance d'Alpine « n'est pas cohérente » pour Toyota
S'il ajoute que « notre force, ça va être la course », Philippe Sinault espère être entendu. « Cet outil permet de recaler les choses, j'espère que nos demandes vont être prises en considération, a-t-il confié. Et que ce sera le cas avant l'Hyperpole. Sportivement, ce serait le mieux. » Du côté des rivaux d'Alpine, le niveau de performance de l'A480 est également un sujet de questionnement. « C'est difficile de commenter sur Alpine, parce que si on on regarde leur écart hier (mercredi), on parlerait de 40 kW d'écart, donc il y a quelque chose qui ne va pas, ce n'est pas seulement la BoP », a déclaré face à la presse Pascal Vasselon, directeur technique de l'écurie Toyota Gazoo Racing, qui ajoute que la performance actuelle du prototype engagé par la marque française « n'est pas possible », assurant même qu'elle « n'est pas cohérente, avec aucun des paramètres de BoP ». Toutefois, du côté du constructeur japonais, on va se focaliser sur sa propre course, sans aucune volonté de cacher son véritable niveau de performance. « Cette année, on est sûrs qu'il n'y a pas de marge », a conclu Pascal Vasselon.
Alpine finalement entendue
Les commentaires de Philippe Sinault et l'intervention des dirigeants de l'écurie Alpine auprès de la Fédération Internationale de l'automobile (FIA) et de l'Automobile Club de l'Ouest (ACO), organisateurs du championnat du monde, ne sont pas restées lettre morte. En effet, alors que la pole position des 24 Heures du Mans va se jouer ce jeudi, la « balance de performance » affectant l'Alpine A480 a été corrigée et devrait permettre à la marque française de se rapprocher de Toyota et Glickenhaus. Plus précisément, les pilotes auront à leur disposition une puissance maximale relevée à 573 chevaux alors que la quantité d'énergie impartie à l'Alpine pour l'intégralité d'un relais, c'est-à-dire un peu plus de dix tours du Circuit de la Sarthe, a également été augmentée. Des corrections dont les effets devraient se faire sentir lors de l'Hyperpole, décisive pour l'attribution de la pole position.