Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 20 avril 2020 à 14h29
Le 8 mars 2017, en huitième de finale retour de la Ligue des Champions, l'inimaginable s'était produit quand le PSG, large vainqueur du FC Barcelone à l'aller (4-0), quittait la compétition au Camp Nou, terrassé par le club catalan (1-6).
Cela hante toujours les esprits parisiens. Cela agite peut-être aussi certaines nuits de joueurs de la Capitale, ou celles de nombreux supporteurs du Paris-SG. Une plaie ouverte. Ce sera toujours le cas, en attendant un résultat de grande envergure en Ligue des Champions. Peut-être jusqu'à cet été, si la Reine des compétitions européennes reprend un jour après le confinement.
Si la pilule a beaucoup de mal à passer, même trois ans après, c'est qu'elle demeure si terrible, douloureusement atroce. La fameuse « remontada » réalisée par le FC Barcelone aux dépens du PSG s'est produite le 8 mars 2017. Son souvenir reste douloureux car dans ce huitième de finale de C1, tout semblait réglé dès le match aller.
Le Barça mis en confiance par la presse locale
Auteur d'une superbe performance, le club parisien avait écrasé le Barça de Lionel Messi (4-0) dans un Parc des Princes incandescent. Agressivité, pressing à tout va et projection rapide vers l'avant : les préceptes d'Unai Emery avaient prévalu. La remarquable première période avait débouché sur un très logique avantage (2-0), dû à un magnifique coup franc d'Angel Di Maria et une réalisation de Julian Draxler. Sans André ter Stegen, l'addition aurait même pu s'avérer plus conséquente. Préféré à Lucas, Di Maria avait signé un doublé et Cavani avait apporté sa contribution (4-0) en seconde période. Pour sa première en Ligue des Champions, Presnel Kimpembe avait fait oublier Thiago Silva (forfait) et muselé le trio Messi-Suarez-Neymar. En ce 14 février, jour de la Saint-Valentin, l'écurie de la Capitale avait fait plaisir à tous ses amoureux et réalisé l'un des plus gros exploits de son histoire. Elle avait quasiment les deux pieds en quarts de finale. Sur 169 cas précédents recensés depuis la saison 1970-1971, Paris, toujours invaincu cette saison-là en C1, avait même 100% de chances de se qualifier selon les statistiques.
Rien n'est pourtant certain dans le sport du haut niveau. La terrible preuve va en être apportée trois semaines plus tard. Au Camp Nou devant 96 000 socios, Barcelone y croit, poussé et mis en confiance par la presse locale les jours précédents. Le club catalan a sorti le PSG version qatarie en 2012-13 et 2014-15. Messi, Luis Suarez et Neymar sont là, comme Andres Iniesta, Sergio Busquets et Ivan Rakitic dans l'entrejeu, alors que Samuel Umtiti débute en défense au côté Gérard Piqué, Javier Mascherano et Rafinha devant Ter Stegen.
Paris évolue très bas
En face, Thiago Silva est de retour et compose la charnière avec Marquinhos devant Kevin Trapp, Thomas Meunier et Layvin Kurzawa animant les côtés. Emery reconduit un milieu Marco Verratti-Adrien Rabiot-Blaise Matuidi. Incertain avant le coup, d'envoi Di Maria laisse sa place à Lucas sur le flanc droit. Cavani et Draxler commencent de nouveau. La formation a fière allure, on est alors très très loin de s'imaginer que le PSG va se saborder.
A deux minutes de la fin du temps réglementaire, Paris tient pourtant sa qualification. Avant le déluge... Dès la 3eme minute, la rencontre est partie de travers. Evoluant très bas sur la pelouse, le PSG s'expose rapidement aux offensives adverses. Derrière une erreur collective, Suarez ouvre le score. Le PSG est cruellement attentiste, le ballon semble lui brûler les pieds. Puis Kurzawa marque contre son camp (40eme, 2-0). A l'instar du match aller, Messi semble absent. Mais l'Argentin permet néanmoins à ses partenaires de mener 3-0 en transformant un penalty suite à une faute de Meunier sur Neymar (50eme).
3-1 à la 88eme minute
L'espoir reste vivace chez les Catalans face à des Parisiens démobilisés. Cavani vient cependant doucher l'antre barcelonais après un coup franc rapidement exécuté. La reprise de volée de l'Uruguayen est magistrale (62eme), Paris va se qualifier vraiment cette fois malgré une probable défaite à venir. L'enceinte commence à se vider. Entré pour Lucas à la 55eme, Di Maria peut tuer tout suspense. Seul face au portier allemand, il est toutefois découpé par Mascherano et rate sa tentative (85eme). Le chrono s'égrène, on joue la 88eme minute, Paris perd 3-1, les quarts se profilent sérieusement. Barcelone doit inscrire 3 pions pour espérer passer dans un laps de temps infiniment réduit. Injouable.
La définition même de l'inimaginable
Va alors s'abattre une tempête fatale de sept minutes. L'inimaginable va arriver. Neymar, futur Parisien cinq mois plus tard, va chambouler les desseins de ses prochains coéquipiers. L'élément catalan, déjà le plus menaçant à l'aller, sonne la révolte en transformant un coup franc qu'il a lui-même obtenu (88eme, 4-1). Puis il concrétise un penalty obtenu par Suarez (90eme + 1, 5-1). Les jambes et surtout les têtes parisiennes tremblent. Encore un but et l'incommensurable prouesse se produira. Le Barça pousse, pousse, pousse pour arracher une incroyable qualification.
Et Sergi Roberto...
Joueur du match, Neymar lève des 25 mètres un ballon du pied gauche au-dessus de la défense parisienne, qui joue mal le hors-jeu dans la cinquième minute du temps additionnel. A l'affût, Sergi Roberto, entré sur le pré trente minutes plus tôt, se jette et reprend du droit. Trapp est encore battu, le ciel s'abat sur les joueurs du PSG (6-1, 90eme + 5) ! Luis Enrique, le coach du Barça, est en transe au bord du terrain, Emery baisse le visage de dépit. Paris devient le premier club de l'histoire à être éliminé après avoir remporté un match aller 4-0 et devient la risée de l'Europe. L'élimination de Barcelone au tour suivant par la Juventus Turin ne constituera qu'une très maigre consolation.