Juba Touabi, Media365, publié le mardi 02 janvier 2024 à 22h57
Selon une enquête de Mediapart publiée ce lundi, des manœuvres diplomatiques auraient été exercées par le Qatar pour protéger Nasser al-Khelaïfi, président du Paris Saint-Germain, lors d'une intervention policière en France.
Le 5 juillet dernier, un événement singulier a perturbé le calendrier du club de la capitale. La conférence de presse d'intronisation de Luis Enrique a été retardée de plus de deux heures, sans explication initiale. Mediapart a révélé que ce retard était dû à l'interpellation de Nasser al-Khelaïfi à sa descente d'avion et à une perquisition à son domicile.
L'intervention était liée à une enquête sur la détention au Qatar de Tayeb Benabderrahmane, un Franco-Algérien arrêté à Doha pour « espionnage » après avoir été accusé de s'être procuré un téléphone appartenant à Nasser al-Khelaïfi. Benabderrahmane, qui a par la suite déposé des plaintes pour « détention arbitraire » et des actes de « torture », a déclenché une information judiciaire en France pour « enlèvement », « séquestration avec torture et actes de barbarie ».
Nasser al-Khelaïfi dans la tourmente
L'incident à l'aéroport du Bourget aurait pris une tournure diplomatique lorsque le Qatar a invoqué l'« immunité diplomatique » du président du PSG, affirmant qu'il était en visite d'État en France. Le secrétaire de l'ambassade du Qatar s'est montré « véhément » face aux policiers, arguant que leur opération était « illégale » en raison du statut diplomatique d'Al-Khelaïfi. Des appels auraient été passés aux ministres français pour intervenir, bien que le ministère des Affaires étrangères et le ministre de l'Intérieur aient nié toute intervention.
Finalement, après une heure et dix minutes de négociations, Nasser al-Khelaïfi aurait accepté de dialoguer avec les policiers mais a refusé de remettre son téléphone, un outil qu'il considérait comme « indispensable pour le business ». Il y aurait également eu des menaces de représailles de la part du secrétaire de l'ambassade, selon un rapport des policiers. Malgré ces pressions, les agents ont réussi à récupérer le mobile après presque deux heures de négociations.