Axel Allag, Media365, publié le mercredi 16 octobre 2024 à 09h01
Trois semaines après avoir raccroché les crampons, Raphaël Varane a alerté sur le trop plein de rencontres dans le football actuel. Un problème qui a engendré sa retraite internationale avec les Bleus.
Le 11 juillet dernier, Raphaël Varane savait sa carrière de footballeur terminée. Victime d'une entorse au genou gauche avec Côme, il a su qu'il fallait dire stop au football de haut niveau. "C'est par lui que j'ai trouvé un équilibre dans le déséquilibre. Alors, si mon genou gauche me dit qu'il en a marre, il faut que je l'écoute. Depuis l'âge de 20 ans, j'ai joué avec une épée de Damoclès au-dessus de mon genou droit. Gérer la pression, connaître mon corps, savoir quand pousser la machine, je maîtrise parfaitement. Mais sur les trois dernières années, je ne me suis blessé qu'à gauche. Le genou droit était devenu solide, mais moins mobile, et le genou gauche faisait tout, pour la puissance, les démarrages, les impulsions. Physiquement, cette blessure me faisait revenir dans une spirale, et la balance entre sacrifices et plaisir n'était plus équilibrée", a reconnu le champion du monde 2018 ce mercredi dans un entretien accordé à L'Equipe.
Varane a mis sa carrière en jeu lors du barrage face à l'Ukraine avec les Bleus
Secoué par "la perte de repères" dû au manque de terrains, l'ancien défenseur central de Manchester United et des Bleus s'est rappelé des bons souvenirs avec en tête, bien sûr, le sacre en Russie sous la direction de Didier Deschamps. "Juste avant la Coupe du monde, il y a eu quelques réunions avec le coach et c'était chaud. Mais j'ai aimé les moments où ça a été difficile, les moments où on voit sur le terrain qui va demander le ballon dans les pieds et pour qui le ballon va brûler", s'est-il remémoré, lui qui n'aurait pas "dû jouer" le barrage retour face à l'Ukraine pour le Mondial 2014 (3-0), la faute à un genou trop capricieux. "Ce jour-là, je mets clairement ma carrière en jeu. La France a besoin de moi, le coach a besoin de moi, il faut que je joue, et je prends le risque. On enlève le liquide, on met un anesthésiant, j'ai 20 ans, et je me dis allez, tant pis. J'en avais parfaitement conscience. Mais je n'ai pas de regret. Pour la France, je le referai toujours".
"Tout est robotisé" dans le football actuel
Annonçant son intégration dans le comité de développement de Côme, il a alerté sur les dangers du trop plein de rencontres. "Quand je parle de la santé mentale, ce n'est pas pour jouer moins, moi, c'est parce que le foot est en surrégime et que la machine va péter", a-t-il prévenu, lui qui n'a pas peur de l'échec devant un nouveau monde mais qui a regretté, comme beaucoup d'observateurs, la réalité du football actuel. "Tout est robotisé, il y a des schémas de jeu qui rendent difficile le fait de bousculer un bloc équipe. Il y a beaucoup moins de liberté. Ancelotti en laisse beaucoup, mais la nouvelle génération d'entraîneurs en laisse moins. Le foot devrait rester un jeu d'erreurs, et il l'est beaucoup moins".