Thomas Siniecki, Media365 : publié le dimanche 07 juillet 2024 à 19h52
Mettre sur pause, au minimum. Ou même revenir à une vraie forme de nostalgie, celle qui a fait du football ce qu'il est. Voilà ce que demande l'icône Marcelo Bielsa pour son sport.
Les conférences de presse de Marcelo Bielsa ont fait partie de la légende de l'entraîneur argentin lors de son passage d'une saison (ou à peine plus) à l'Olympique de Marseille. Devenu coach de l'Uruguay, qui vient d'éliminer le Brésil en quarts de finale de Copa América aux tirs au but (0-0, tab : 4-2), le "Loco" a donné une nouvelle leçon de football avant cette rencontre. Un véritable cours magistral, puisque son propos portait sur l'avenir du ballon rond dans son ensemble. Et d'après Marcelo Bielsa, il n'est pas réjouissant...
"Le football, ce n'est pas cinq minutes d'action, c'est bien plus que ça"
Le technicien de 68 ans se dit même "certain que le football est en déclin" : "De plus en plus de gens regardent, mais le football devient de moins en moins attrayant car ce qui est privilégié n'est pas ce qui en a fait le premier jeu au monde. Si vous ne protégez pas le plaisir de regarder le football, ça favorise le business, à savoir justement que beaucoup de gens regardent..." Le serpent qui se mort la queue, en somme. "Lorsque le football devient complètement prévisible, il perd de son attrait", rappelle Bielsa, qui ne cite pas spécifiquement la VAR et se veut plus large, s'attachant à une sorte de concept global : "Au fur et à mesure que le temps passe, que de moins en moins de footballeurs valent la peine d'être vus et que le jeu produit est de moins en moins agréable, cette augmentation artificielle du nombre de spectateurs va être interrompue."
C'est la société de consommation rapide et ses fameux résumés qui sont dénoncés un peu plus précisément : "Le football, ce n'est pas cinq minutes d'action, c'est bien plus que ça. C'est une expression culturelle, une forme d'identification. Dites à un Uruguayen de regarder les moments forts de la Celeste... Il y en aura de plus en plus, mais ça n'a rien à voir avec l'essence qui a permis à une population de tomber amoureuse du signe d'identification le plus significatif d'un peuple." Bielsa demande enfin à ignorer les valeurs de controverse, de discussion, d'accusation et de détermination de la responsabilité qui deviennent, selon lui, une obsession dans le football et détériorent tout.