Disparition : Salif Keita, légende des Verts et du Mali, est décédé

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Patrick Juillard, Media365, publié le samedi 02 septembre 2023 à 16h55

Salif Keita, ancien attaquant de l'AS Saint-Étienne, est décédé ce samedi à Bamako à l'âge de 76 ans. Retour sur le parcours d'une légende du football africain et mondial.

Salif Keita n'est plus. Légende de l'AS Saint-Étienne et des Aigles du Mali, l'ancien attaquant est décédé ce samedi à l'âge de 76 ans, annonce la Fédération malienne de football. Premier Ballon d'Or africain en 1970, ce pionnier de l'expatriation sportive en Europe s'était révélé au public français sous les couleurs des Verts. Recruté sur les conseils insistants de Charles Dagher, un homme d'affaires libanais fan de l'ASSE basé au Mali, le natif de Bamako y survolera les débats cinq saisons durant, avec 140 buts marqués en 185 rencontres et trois titres de champion de France.

Tout avait pourtant commencé par une addition salée. L'anecdote a fait le tour du monde : à son arrivée en France, le 14 septembre 1967, Salif Keita ne trouve pas meilleur moyen de rallier Orly, où personne ne l'attend, à Saint-Étienne, que de prendre un taxi. Après moult palabres, le jeune international, muni d'une lettre d'engagement des Verts, alors champions de France, persuade le chauffeur de faire les quelque 500 kilomètres qui séparent l'aéroport francilien de la cité forézienne. Il en coûtera 1060 francs, une petite fortune à l'époque, aux dirigeants stéphanois, qui ne s'attendaient pas à le voir débarquer à cette date.


« Un morceau de notre club »

La suite fera vite oublier cette drôle d'arrivée. « La panthère noire s'en est allée, emportant avec elle un morceau de notre club. Salif Keita, nous pleurons ta disparition », écrit aujourd'hui l'ASSE, reconnaissante, sur son compte Twitter. Attaquant rapide, doté d'un sens du but et d'une agilité hors du commun, Salif Keita inspirera le nouvel écusson rond de son équipe, mettant en scène une panthère noire (son surnom) qui se précipite sur un ballon. Les meilleures choses ont une fin, et le buteur gagnera ensuite l'Olympique de Marseille, qui souhaitait l'associer à Josip Skoblar, seul joueur plus prolifique que lui en D1 lors de la saison 1970-71. L'aventure y sera plus brève et moins belle, comme au FC Valence où il marque beaucoup mais ne retrouve pas sa popularité stéphanoise.

Passé ensuite par le Sporting Portugal, Salif Keita filera terminer sa carrière dans la lucrative Ligue nord-américaine, au New England de Boston. Il y restera six ans. Le temps pour l'attaquant de vivre confortablement ses dernières années de footballeur. Mais aussi pour celui qui n'a jamais négligé les études (il devint bachelier lors de son séjour à Saint-Étienne) de décrocher un Bachelor Degree à la Suffolk University. revenu dans son pays natal en 1985, devient brièvement directeur technique de la Fédération malienne avant de se lancer dans la détection des jeunes talents. Un premier centre de formation à son nom est ouvert en 1993. La structure deviendra par la suite un club professionnel évoluant en première division malienne. La démarche servira de base à la relance du football malien.

Lorsqu'il est élu président de la Fédération malienne de football en 2005, Salif Keita devient le premier ancien joueur à accéder ainsi au pouvoir sportif. Il y restera quatre ans. Un stade porte, depuis septembre 2009, son nom à Cergy-Pontoise. Salif Keita avait reçu en 2013 la Légion d'Honneur de la France, où France Football l'avait classé meilleur joueur africain de l'histoire du championnat de France (et quatrième étranger). Il est décédé avant d'avoir pu voir le Mali gagner la CAN, le rêve de sa vie.

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