On a vécu l'Ultra Trail du Mont-Blanc en immersion

On a vécu l'Ultra Trail du Mont-Blanc en immersion©Media365

Thomas Siniecki, Media365 : publié le lundi 30 août 2021 à 17h51

L'Ultra Trail du Mont-Blanc, remporté samedi par la légende François D'Haene, s'est conclu dimanche après-midi avec les dernières arrivées des amateurs. Chance unique, nous avons pu vivre l'événement au plus près des coureurs.


Vendredi, 16h

Chamonix, comme tous les ans lors de cette dernière semaine du mois d'août - sauf en 2020, où l'UTMB avait été annulé -, vit, respire et mange ultra-trail. Depuis lundi, les diverses courses se sont succédées et l'ultime épreuve élite s'apprête à débuter, en traditionnelle cerise sur le gâteau. On croise des concurrent(e)s partout dans les rues adjacentes à l'aire de départ, sans vraiment savoir s'ils viennent d'arriver d'une autre course ou s'ils démarrent dans quelques dizaines de minutes... L'ambiance s'alourdit lorsque le compatriote tchèque du coureur décédé sur la course TDS lit un texte d'hommage avant le départ. Puis les fauves sont lâchés.



Vendredi, 20h - 20 km

Après un premier ravitaillement à Saint-Gervais, la montée de Notre-Dame de la Gorge est un premier symbole de l'UTMB. Alors que le jour commence à croiser la nuit, les premiers concurrents sont soutenus comme dans la montée de L'Alpe d'Huez au Tour de France. François d'Haene, tranquille deuxième, semble déjà d'une sérénité absolue et profite aussi de ces premiers kilomètres moins difficiles (pour les plus grands coureurs Elite, on s'entend). Des caméramen suivent en vélo ou à pied, on vous laisse également imaginer la condition physique des intéressés...


Vendredi, 21h30 - 30 km

Aux Contamines Montjoie, les coureurs ont le droit à la première de leurs cinq assistances du parcours (avant Courmayeur, Champex, Trient et Vallorcine). Une personne de leur choix peut venir leur prodiguer n'importe quel nouveau matériel - changement de chaussures, par exemple - ou ravitaillement, contrairement aux aires classiques, plus nombreuses, où les denrées et boissons de base sont simplement proposées à tous. C'est un joyeux bazar, celui qui met définitivement dans le ton. "Allez, là on attaque la vraie montagne", s'exclame un participant. Un autre entraîne son ami à repartir : "C'est pas grave, on y va, j'ai des gels et du magnésium !" Certains, en revanche, restent sur le bas-côté, parfois seuls sur un trottoir reculé du centre du bourg... Dévastés de constater leur incapacité à aller plus loin.


Samedi, 1h - 65 km

Voir les hommes de tête arriver au Lac Combal restera sans doute comme l'expérience la plus prenante de l'UTMB : le vent incessant qui glace la face à presque 0°C ressentis à 1 800 mètres d'altitude, une vingtaine de personnes rassemblées tout au plus sur un grand carré d'herbe à flanc de montagne, et D'Haene qui apparaît avec l'autre favori, l'Américain Jim Walmsley. C'est aussi le début de quelque chose de sérieux pour Mathieu Blanchard, l'ancien participant de Koh-Lanta qui pointe alors à la septième place et terminera sur le podium.

Grégoire Curmer, dans le top 10, repart seul dans la nuit avec sa frontale. Paradoxalement, il est presque plus difficile de se perdre la journée, car le parcours est extrêmement bien démarqué dans la pénombre avec des balises réfléchissantes. Certains ont déjà essayé de profiter de ces grands moments de solitude pour avancer dans des voitures, comme un coureur colombien l'avait tenté en Suisse, où les chemins sont les plus reculés au coeur de la nuit. Mais l'organisation veille à l'aide de GPS qui signaleraient toute avancée anormale...


Samedi, 2h - 80 km

D'Haene et Walmsley arrivent encore ensemble au grand ravitaillement de Courmayeur, le village du Mont Blanc côté italien. Les coureurs sans assistance ont disposé leur sac à l'entrée. A nouveau accueillis par une foule de supporters, ils prennent le temps de manger. Surtout D'Haene, qui n'hésite pas à venir emprunter un cornichon à son adversaire et néanmoins ami. Mathieu Blanchard est accueilli par sa compagne Alix, rencontrée à Koh-Lanta, dix fois plus stressée que son chéri quant au déroulement de la course. Une heure après les premiers hommes, l'Américaine Courtney Dauwalter pénètre dans le gymnase aux portes du top 10... général, messieurs et dames confondus.


Samedi, 11h30 - 156 km

La nuit est passée, telle un juge de paix. Au Col des Montets, sorte de Notre-Dame de la Gorge mais à quelques encablures de l'arrivée - et sous le soleil -, D'Haene est le seul survivant du duel de tête. Walmsley, qui a pourtant essayé de ne pas s'enflammer contrairement à ses participations précédentes, a abandonné. A 35 ans, D'Haene va devenir le seul recordman de la Mecque de l'ultra-trail en allant décrocher sa quatrième victoire, après 2012, 2014 et 2017. Aurélien Dunand-Pallaz est deuxième, Mathieu Blanchard troisième et c'est même un top 5 français historique qui se dessine.


Samedi, 13h45 - 171 km

Une certaine émotion gagne l'organisatrice historique, Catherine Poletti, qui vient personnellement remercier le public, les médias et les bénévoles à quelques minutes de l'arrivée, alors que les derniers coureurs de la CCC - l'épreuve précédente - arrivent dans les ultimes délais. François Guimard, dont nous vous avions parlé avant la course, a rempli son objectif en arrivant dimanche à huit heures du matin, en moins de 22 heures.

Ses dix kilomètres de dénivelé positif avalés comme à l'entraînement, D'Haene gagne l'UTMB en héros à Chamonix. Il repart pour un bain de foule après avoir franchi la ligne, comme le fera Dunand-Pallaz un quart d'heure plus tard. Alix accueille en larmes son amoureux Mathieu Blanchard, incrédule. Toute la tension retombe. Sans surprise, le couple people multiplie les selfies, bien plus populaire auprès des jeunes que D'Haene. Dauwalter, première fille, arrive septième du général à moins de deux heures de D'Haene. Dantesque.



Samedi, 0h30

Tout au long de la nuit, les arrivées continuent de s'amonceler au pied de l'église. Une pause sono sera effectué d'une heure à sept heures du matin, mais il y aura toujours du public pour accueillir les héros anonymes, qui ont jusqu'à dimanche 16h pour rentrer dans les délais. Le Danois Lars Laugesen, 1 520 eme (sur environ 2 000 partants), sera le dernier classé en 47 heures, 47 minutes et 32 secondes.

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