Emmanuel LANGELLIER, Media365, publié le dimanche 22 décembre 2024 à 16h00
En décrochant 4 victoires de haute volée l'hiver dernier, Cyprien Sarrazin, auteur notamment d'un fantastique doublé à Kitzbühel, a aimanté les regards et est devenu une attraction.
Depuis l'hiver dernier, il s'est installé en bonne place dans l'actualité sportive. Cela a été rapide, intense, à l'image des pentes qu'il dévale avec parfois des pointes à 150 km/heure. Auparavant skieur aux résultats assez confidentiels, Cyril Sarrazin s'est véritablement révélé en faisant parler de lui durant un énorme mois. Coup sur coup, il a amassé les faits d'arme en descente, la catégorie reine du ski alpin. Il a gagné à Bormio, en Italie, devant le premier Français depuis Luc Alphand en 1996 à y dompter la piste mythique du Stelvio, triomphé à Wengen en Super G puis réalisé un sensationnel doublé à Kitzbühel, dans le Tyrol. Il y a dompté la fameuse piste noire autrichienne de Streif, la plus célèbre et difficile du monde. « Une dinguerie. Même dans mes rêves, je n'imaginais pas réussir le doublé. Le tout en me faisant plaisir comme jamais ! », s'enthousiasme-t-il. Il a attiré forcément tous les regards. Comme celui d'Arnold Schwarzenegger... A 29 ans, Cyril Sarrazin est devenu la nouvelle star du ski tricolore.
Sarrazin s'est réorienté vers les épreuves de vitesse il y a 2 ans
29 ans ? Il faut dire que le talent du natif de Gap a explosé avec du retard. Dans le circuit depuis plusieurs années, le changement fondamental est intervenu il y a 2 ans quand Sarrazin s'est réorienté vers les épreuves de vitesse. Auparavant, il avait traîné ses skis en slalom géant, une discipline technique. Sans spécialement s'illustrer (2 podiums en 2016 et 2019). Avec sa réussite de la saison passée, il a changé de dimension. « Je me trimballais dans les rues de Gap avec ma famille, et tout le monde s'exclamait : " Punaise, c'est Sarrazin ! " Les gens me disaient : " Merci, tu as donné envie à mes enfants de regarder le ski alpin ou d'en faire. " C'était juste magique, c'était la meilleure récompense que je pouvais avoir », se souvient le Haut-Alpin, 5eme Français à avoir triomphé à Kitzbühel après Adrien Duvillard (1960), Guy Périllat (1961), Jean-Claude Killy (1967) et Luc Alphand (en 1995 et 1997).
« Je ne m'interdis rien »
Né à Gap, Cyprien Sarrazin n'a aucun lien avec la Bretagne, contrairement à ce que son patronyme peut évoquer. Il a chaussé ses premiers skis à 6 ans, guidé par son père, moniteur de ski. Il a intégré l'équipe de France Coupe du Monde en 2017 à 23 ans, après avoir obtenu son bac et poursuivi ses études à Annecy où il a fait un DUT Technique et commercialisation. En ayant choisi les épreuves de vitesse, il rayonne après avoir été victime du syndrome de l'imposteur comme il l'a confié. « On peut dire maintenant que c'est derrière. Je pense que c'est ça qui me bloquait. J'ai beaucoup bossé là-dessus, aujourd'hui je me sens libéré, je sens que cette place est la mienne, que j'ai le droit d'y être, d'être là. » Le Français espère confirmer lors de la nouvelle saison de Coupe du Monde et briller de mille feux aux Mondiaux de Saalbach (4-16 février 2025). Il a de belles années devant lui. Désormais âgé de 30 ans, il ne se fixe « pas de limite ». « Je ne m'interdis rien. Le plus important serait de terminer la saison heureux et en bonne santé », lâche Sarrazin.