Mathieu WARNIER, Media365 : publié le dimanche 29 novembre 2020 à 22h50
Premiers intervenants à la suite de l'accident de Romain Grosjean lors du Grand Prix de Bahreïn, le médecin et le pilote présents à bord de la voiture médicale sont revenus sur la séquence des événements.
C'est un véritable miracle que la Formule 1 a vécu ce dimanche lors du Grand Prix de Bahreïn. Sorti d'une monoplace coupée en deux et des flammes, Romain Grosjean ne souffre que de brûlures au niveau des mains selon les examens pratiqués sur le Français dans un hôpital militaire proche du circuit de Sakhir. Quelques heures après cet incident qui a marqué les esprits, le délégué médical adjoint de la FIA, le docteur Ian Roberts, et le pilote de la voiture médicale Alan van der Merwe sont revenus pour la chaîne britannique Sky Sports sur ces événements qui auraient pu être tragiques. « Comme d'habitude lors du premier tour, nous suivions les monoplaces, rappelle Ian Roberts. Il y avait des flammes massives et, quand nous sommes arrivés sur site, c'était une scène étrange car nous avions une moitié de la voiture qui pointait dans la mauvaise direction et une masse de chaleur de l'autre côté de la barrière de sécurité. » Une fois sur place, ils ont tous deux pu constater que Romain Grosjean tentait de s'extraire de l'épave en flammes de sa Haas. « Au moment de nous arrêter et de regarder sur la droite, j'ai pu voir Romain Grosjean essayer de se relever. Il nous fallait un moyen de le sortir de là et nous avions à cet endroit un commissaire avec un extincteur, qui était à peine suffisant pour éteindre les flammes. Ensuite, Romain a pu se lever suffisamment pour me permettre de l'atteindre et de le tirer par-dessus la barrière. »
Van der Merwe n'avait jamais vu ça
Ancien pilote dans les années 2000, notamment connu pour des records de vitesse sur le lac salé de Bonneville, Alan van der Merwe n'a pas caché son incrédulité face à la scène dont il était le témoin privilégié, lui qui est présent sur les Grands Prix pour piloter la voiture médicale depuis 2009. « Depuis que je suis pilote de la voiture médicale, je n'avais jamais vu un feu pareil. Il y a beaucoup d'inconnues donc on ne peut être préparés que pas nos idées, a confié le Sud-Africain. En amont, nous faisons beaucoup de vérifications, de préparation, nous échangeons beaucoup sur différents scenarii mais c'était fou d'arriver là, de voir une moitié de la voiture avec l'autre introuvable et une énorme boule de feu. On s'est donc mis à réfléchir. La préparation ne peut pas tout faire et, à partir de là, ce n'est qu'instinct et réaction rapide. » Une réaction immédiate qui a permis à Ian Roberts d'aider Romain Grosjean à sortir quasiment indemne d'un accident effroyable. « Je lui ai dit de s'asseoir. Il était très choqué, évidemment. Sa visière était complètement opaque mais, en réalité, elle avait fondu. J'ai dû lui retirer son casque pour vérifier que tout allait bien, ajoute le médecin présent à bord de la voiture médicale. Il avait des douleurs au niveau d'un pied et dans ses mains. A partir de là, nous savions qu'il était suffisamment en sécurité pour le transporter dans la voiture pour le protéger un minimum, soigner ses brûlures puis le placer dans l'ambulance qui l'a conduit au centre médical. »
Un travail d'équipe a permis de sortir Grosjean des flammes
Au vu de l'accident et du temps passé par Romain Grosjean dans les flammes, un peu moins de 30 secondes, l'inquiétude d'Ian Roberts concernant les conséquences de cette exposition était palpable. « Notre première inquiétude concernant les flammes, l'inhalation de fumée et des soucis avec les voies respiratoires. Dans les faits, rien n'a pu entrer dans son casque, ce que nous avons également vérifié, ajoute Ian Roberts. Nous étions assez heureux concernant d'éventuelles blessures potentiellement mortelles. Il a ensuite fallu le rassurer concernant les blessures que nous pouvions voir. » Pour Alan van der Merwe, si Romain Grosjean a pu ressortir vivant d'un tel accident, c'est la résultante d'un travail d'équipe dans lequel le pilote français a eu une importance cruciale à ses yeux. « En fin de compte, Ian compte sur moi et vice-versa. Aujourd'hui, chacun a fait sa part. Même Romain, il en a fait beaucoup, assure l'ancien pilote sud-africain. Le fait qu'il ait pu se lever par lui-même, que sa chaussure soit partie, toutes ces petites choses... Une seule différence et le résultat aurait pu être bien différent. Aujourd'hui, tout le travail d'équipe, toute la préparation, ça me semble en valoir la peine. » Un travail qui, sans aucun doute, a sauvé une vie ce dimanche à Sakhir.