Mathieu Warnier, Media365 : publié le vendredi 09 juillet 2021 à 11h50
Le 2 août 1996, avec une barre à 5,92m, Jean Galfione a écrit une page d'histoire de l'athlétisme français en allant chercher l'or olympique du saut à la perche à Atlanta, douze ans après le sacre de son idole Pierre Quinon. Retour sur ce concours qui aura marqué la carrière du perchiste français.
Jean Galfione voulait faire aussi bien que son idole. Dans une soirée d'août 1996, au Centennial Olympic Stadium d'Atlanta, le natif de Paris a réalisé un rêve que beaucoup considérait comme fou, aller chercher le titre olympique du saut à la perche. Dans un entretien accordé au magazine L'Express en juillet 2008, le natif de Paris a expliqué que son intérêt pour le saut à la perche est né en 1984 quand il a vu Pierre Quinon devenir le premier Français sacré champion olympique d'une discipline longtemps dominée par les Américains. « J'avais treize ans, j'étais bluffé de voir un homme se catapulter si haut pour aller chercher une médaille, a confié celui qui allait réaliser la même performance douze ans plus tard. Quelques jours plus tard, je tombe sur le Paris-Match relatant les Jeux : je ne cesse de le feuilleter, de lire en boucle l'exploit de cette tête brûlée partie décrocher les étoiles. » Sous la férule de Maurice Houvion à l'INSEP, Jean Galfione a perfectionné sa technique et commencé à avoir des résultats dont le bronze lors des Mondiaux 1995 derrière les légendes Sergueï Bubka et Maxim Tarasov. Mais rien ne l'avait préparé au concours qui l'attendait lors des Jeux Olympiques du centenaire, organisés à Atlanta. Après avoir passé sans encombre l'étape des qualifications, pour lesquelles le recordman du monde Sergueï Bubka a dû renoncer en raison d'une inflammation du tendon d'Achille, Jean Galfione devait faire face à quatorze autres candidats avides de profiter du vide laissé par la superstar ukrainienne.
Galfione sacré au bout du suspense
Après trois premières barres à 5,40m puis 5,60m et enfin 5,70m qui n'ont pas permis de faire un premier écrémage, c'est à 5,80m que les choses sérieuses ont commencé. Le perchiste français connaît alors une première frayeur avec une barre qui n'a pas tenu sur les taquets. C'est à 5,92m que la décision a réellement commencé à se faire. Après avoir passé ses quatre premières barres au deuxième essai, l'Allemand Andrei Tivonchik a fait de même à 5,92m quand Igor Trandenkov a tenté le tout pour le tout après deux échecs à 5,86m. De son côté, Jean Galfione a passé 5,86m puis 5,92m au premier essai, le mettant en position de force dans cette fin de concours. Alors que Tivonchik s'est cassé les dents sur une barre à 5,97m, Trandenkov a une nouvelle fois fait un pari qui ne s'est pas avéré payant. Après une impasse sur cette même barre, le Russe a tenté de passer 6,02m sans réussite lors de ses trois essais. De son côté, après un premier essai manqué à 5,97m et voyant le choix de Trandenkov, Jean Galfione a suivi son rival à 6,02m, sans connaître plus de réussite. Avec trois athlètes à égalité avec une meilleure performance à 5,92m, nouveau record olympique, au terme d'un concours qui aura gardé le public en haleine pendant plus de quatre heures, c'est aux essais que le podium s'est dessiné. Avec un seul échec, son premier essai à 5,80m, Jean Galfione est devenu le deuxième Français sacré champion olympique du saut à la perche, égalant ainsi la performance de son idole de jeunesse.
Après l'or olympique, la barre des six mètres
Devant 80 000 spectateurs, le fils d'une gymnaste et d'un escrimeur devient le héros de toute une génération en se couvrant de l'or olympique. Une performance qui, à ses yeux, a changé sa vie. « Elle m'a fait grandir, m'ouvrir aux autres, gagner un peu d'argent, mesurer à quel point j'avais de la chance de vivre de ma passion, a confié Jean Galfione dans l'entretien accordé à L'Express. Cela m'a permis de prendre toutes les directions et d'entrer partout. » Mais ce titre olympique était aussi une étape dans une carrière qui a alors pris son envol. Sept mois plus tard, à Maebashi, Jean Galfione est allé chercher le titre mondial en salle et est alors devenu le neuvième perchiste à passer la mythique barre des six mètres. Il a ensuite fallu attendre dix ans pour voir Renaud Lavillenie, sur le chemin qui l'a amené à battre le record du monde de Sergueï Bubka, l'imiter à l'occasion des championnats d'Europe par équipes. Trois ans plus tard, un autre témoin a été transmis entre les deux générations de spécialistes tricolores du saut à la perche, quand Renaud Lavillenie est également allé chercher l'or olympique à Londres. En 2005, Jean Galfione a décidé de ranger définitivement les perches pour voguer vers de nouveaux horizons, au sens propre avec une reconversion dans la voile. Après une participation aux éliminatoires de la Coupe de l'America en 2007, c'est vers la course au large que l'ancien athlète s'est tourné, non sans rester un observateur attentif de l'athlétisme.