Paris 2024 : Inde, un géant endormi

Paris 2024 : Inde, un géant endormi ©Icon Sport, Media365

Mathieu Warnier, Media365 : publié le mardi 13 août 2024 à 16h15

Deuxième pays le plus peuplé au monde, l'Inde a conclu Paris 2024 avec seulement six médailles et aucun titre olympique. Un résultat famélique qui peut s'expliquer par plusieurs facteurs.

Pour beaucoup d'observateur, l'Inde est une énigme. Riche de près d'un milliard et demi d'habitants, le pays a fait de la figuration à l'occasion de Paris 2024 avec seulement seulement six médailles mais surtout aucun titre olympique. Pour expliquer les raisons derrière une telle absence de performance, il faut se pencher sur le contexte propre à l'Inde. « Ce retard s'explique par des raisons culturelles et structurelles », a ainsi affirmé en septembre dernier auprès du quotidien Ouest-France Stéphane Andry, fondateur d'une société travaillant dans les relations entre la France et l'Inde concernant le sport. D'un point de vue structurel, l'Inde reste encore à ce jour un pays en voie de développement, dans lequel les inégalités sont renforcée par la croissance économique. En effet, près de la moitié de sa population vit en-dessous du seuil de pauvreté. Les moyens de développer la pratique sportive à haut niveau sont tout simplement absents.

La société indienne ne valorise pas le sport

A cela vient s'ajouter des raisons culturelles directement liées au système de castes qui reste en vigueur dans le pays. Selon le conseiller à l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) Jean-Joseph Boullot, dans des propos récemment recueillis par RMC Sport, les deux principales castes ont pour objectif « d'accumuler de la fortune » et, à leurs yeux « le sport n'est pas du tout un élément qui le permet ». « Il n'y a ni prestige, ni intérêt économique à financer le sport, ajoute-t-il. Et enfin en dessous vous avez les castes les plus pauvres et les hors castes, dont la préoccupation est de savoir ce qu'ils vont manger à midi... Voilà pourquoi on voit très peu de sport en Inde. Ce n'est pas valorisé. » Ce qui peut expliquer la rapide disparition du Grand Prix d'Inde de F1 et les difficultés d'organisation d'une course MotoGP dans le pays. Un constat qui n'est pas récent puisque, dès 1998, le Fonds National pour le Développement du Sport (FNDS) avait mis en avant les manquements à tous points de vue de l'Inde. Toutefois, plusieurs éléments pourraient changer la donne à moyen ou long terme.

Les JO 2036 pour tout changer ?

Le premier est l'arrivée au programme de Los Angeles 2028 du cricket comme sport additionnel. Or, un véritable culte est voué à ce sport dont l'Inde a été sacré champion du monde à deux reprises. L'autre est la possible candidature de la ville d'Ahmedabad pour l'organisation des Jeux Olympiques en 2036, fortement voulue par l'homme fort du pays, le Premier Ministre Narendra Modi. « Si l'Inde déploie autant d'efforts pour promouvoir le sport, je peux vous assurer que nous n'accueillerons pas seulement les Jeux olympiques, mais que nous les accueillerons en grand », avait-il affirmé en octobre dernier dans le cadre de la 141eme Session du CIO organisée à Mumbai. Avant de voir les fruits d'une politique volontariste en matière de sport, l'Inde devra sans doute composer avec Neeraj Chopra, médaillé d'argent lors de Paris 2024 trois ans après le titre olympique du lancer du javelot remporté à Tokyo, ou son équipe masculine de hockey sur gazon médaillée de bronze dans la capitale.

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