JO 1968 : Et Bob Beamon s'envola...

JO 1968 : Et Bob Beamon s'envola...©Media365

Paul Rouget, Media365 : publié le mardi 29 juin 2021 à 15h55

En 1968, l'Américain Bob Beamon (22 ans) avait pulvérisé aux Jeux de Mexico le record du monde du saut en longueur (8,90m), un record qu'il aura conservé pendant 23 ans.



Il n'en croyait pas ses yeux. Et il n'était pas le seul... Le 18 octobre 1968, Bob Beamon, alors âgé de 22 ans, avait battu et même écrasé le record du monde du saut en longueur, battant de 55 centimètres la précédente marque avec un saut à 8,90 mètres ! Le jeune Américain avait sauté tellement loin que les officiels avaient dû utiliser un mètre ruban, leurs machines n'ayant pas réussi à mesurer ce saut historique. Et alors qu'ils annonçaient à Beamon sa marque record, celui-ci, pas habitué au système métrique, ne réalisait toujours pas.

Mais une fois qu'il a compris, ses jambes l'ont lâché, et il s'est toute bonnement évanoui en apprenant qu'il avait franchi 29 pieds ! Et il n'était pas le seul à s'étonner de cette incroyable performance, surtout dès sa première tentative ! "Quand on voit son saut, on est des enfants", avait réagi Igor Ter-Ovanesyan, qui avait égalé l'année précédente le précédent record, établi par l'Américain Ralph Boston (8,35m), et se classera finalement quatrième du concours avec un saut à 8,12m.

Un nouveau mot est né

L'Allemand Klaus Beer (8,19m) et Boston (8,16m) complétaient le podium. Ce dernier avait d'ailleurs aidé Beamon qui, malgré 22 victoires lors de ses 23 derniers meetings, commettait régulièrement des fautes de pied. Il avait d'ailleurs bien failli passer à la trappe lors des qualifications, avec deux échecs. Et c'est Ralph Boston qui lui avait donné de précieux conseils pour qu'il ne se manque pas sur sa dernière tentative. Cela n'a pas tardé à payer... Beamon n'était pourtant pas très confiant en lui-même après avoir passé une nuit agitée, et il pensait même avoir dépensé trop d'énergie pour réussir à performer... Mais la suite a prouvé le contraire.

Une performance exceptionnelle qui a permis la création d'un nouveau mot : "Beamonesque", ou quand un exploit athlétique surpasse tellement ce qu'il a précédé qu'il en devient écrasant. A noter qu'il aurait déjà pu battre le record du saut en longueur quelques mois plus tôt, mais son saut à 8,39 mètres avait été invalidé en raison d'un vent trop important. Mais quand il a réalisé « le saut », (« The Jump » en version originale), le vent était de 2 mètres par seconde, soit le maximum autorisé. Même si certains pensent qu'il était au-dessus de ce maximum... Et s'il a aussi bénéficié de conditions favorables en raison de l'altitude (2 240 mètres), c'est surtout la perfection de son saut qui a marqué les esprits, et en particulier ceux des 60 000 spectateurs présents.

Il aurait pu jouer en NBA

Bob Beamon a frappé tellement fort que son saut à 8,90 mètres reste toujours aujourd'hui le record olympique. Et il aura conservé le record du monde pendant de (très) longues années. Il faudra ainsi patienter jusqu'aux championnats du monde de 1991, à Tokyo, pour le voir tomber. Et pas de n'importe quelle manière. Car c'est à l'issue d'un duel homérique entre les deux Américains Mike Powell et Carl Lewis qu'il a fini par céder. Lewis pensait l'avoir fait le premier, en sautant à 8,91m. Sauf que le vent était trop favorable, et que sa marque a dû être annulée. Et c'est finalement Mike Powell qui s'offrira ce record, avec un cinquième et dernier essai à 8,95m. Soit cinq centimètres de mieux que Beamon 23 ans plus tôt. Lewis deviendra troisième meilleur performeur de l'histoire avec son saut à 8,87m.

En 1968, Beamon avait également sauté dans ce même concours à 8,04m, avant de mordre sa troisième et dernière tentative. Et après ce concours magique, il ne sautera plus jamais au-delà de 8,20m. Il s'essaiera même au basket, et sera choisi par les Phoenix Suns en 189e position de la draft 1969. Mais l'enfant du quartier de South Jamaica, dans le Queens à New York, ne jouera jamais en NBA, malgré des prédispositions physiques évidentes. Sauf que son manque de dextérité ballon en main, même s'il avait beaucoup pratiqué le basket dans sa jeunesse, l'empêchera de briller dans un autre sport. Pas de quoi ternir la réputation de celui qui allait ensuite réussir à être diplômé de l'université d'Adelphi en 1972, avec un degré en sociologie. Il est ensuite entré au Hall of Fame de l'olympisme américain en 1983, après avoir déjà intégré le panthéon de l'athlétisme US. Dont il est indéniablement une véritable légende...

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