Emmanuel LANGELLIER, Media365 : publié le lundi 05 juin 2023 à 20h02
Yannick Noah fête ce lundi les 40 ans de sa victoire à Roland-Garros. Un jour heureux qui a fait basculer certaines vies.
Il y a 40 ans jour pour jour, Yannick Noah décrochait la timbale. Ce 5 juin 1983, le tennisman français remportait Roland-Garros en infligeant une défaite en trois sets au Suédois Mats Wilander (6-2, 7-5, 7-6) . Son père Zacharie surgissait alors sur le court central baigné de soleil pour féliciter et enlacer sa progéniture dans un bonheur irréel. « Papa n'a pas résisté. Ce n'est pas du tout son truc de sauter sur un court, pas du tout. Mais il était heureux. Et à travers ça, tous les papas étaient heureux. J'étais dans le train et un monsieur est venu me dire qu'il avait pleuré devant sa télé avec ses gosses. On ne parle plus de tennis, on parle de ce qui te pousse à aller au bout de toi-même et ce qui est merveilleux, c'est de pouvoir le partager », se souvient Noah dans un long entretien accordé à L'Equipe, lundi.
« Évidemment que quand un Français gagne Roland-Garros, je pense qu'il y a quelques personnes, même des vétérans de 70 ans, qui se disent qu'ils vont ressortir leur raquette ! »
Ce 5 juin 1983, Yannick Noah a marqué l'histoire du sport français et l'histoire de France, tout simplement. Il a aussi suscité des vocations, à l'image d'une certaine Amélie Mauresmo, qui avait alors 4 ans et allait jouer au tennis sur le mur tout près de chez elle pendant les changements de côté de la finale, et qui a ensuite réussi une magnifique carrière sur les courts. Noah a-t-il le sentiment d'avoir changé la vie des gens avec sa victoire ? « Évidemment, répond l'ancien joueur aujourd'hui âgé de 63 ans. Évidemment que quand un Français gagne Roland-Garros, je pense qu'il y a quelques personnes, même des vétérans de 70 ans, qui se disent qu'ils vont ressortir leur raquette ! Rien que ça, même si ce n'est qu'une fois, il y a un impact. Mais je le dis tranquillement parce que je sais que moi aussi, j'ai ressenti ça. Quand je vois Arthur (Ashe) gagner Wimbledon (en 1975), j'ai envie de jouer. Quand je voyais des matches à la télé, j'avais envie d'aller copier le service de (John) Newcombe, de copier le toucher de balle de (Ken) Rosewall... »
Cette victoire à Roland-Garros, un aboutissement
« Bien sûr que tu as un impact et que la télévision a cette puissance. Nadal, avec ce qu'il fait, il y a des générations d'Espagnols qui vont non seulement jouer mais gagner, ajoute Yannick Noah. L'énergie qu'il donne à une petite ou un petit môme qui va sur un court n'importe où en Espagne ! Quand un môme arrive sur un court en Espagne pour la première fois, il se dit que c'est possible de gagner Roland. C'est beau, il a ce pouvoir de faire rêver. » Ce sacre à Roland-Garros a été un aboutissement. « Dès que je suis arrivé en France, mon rêve, c'était de gagner Roland, avoue Noah. Je me souviens de la première fois où mes parents m'ont laissé porte 13 avec Danielle Bombardier (responsable de l'accueil des joueurs à Roland-Garros). C'était pour aller avec l'équipe de France en tournée en Angleterre. J'avais 14 ans, c'était la première fois que j'allais à Roland. Avec le recul, je me dis : évidemment que je ne pouvais pas en gagner un autre. »