1983, le sacre de Noah : Le rebelle (8/10)

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Thomas Siniecki, Media365 : publié le jeudi 25 mai 2023 à 14h50

A l'occasion du 40eme anniversaire de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros, retrouvez, ou découvrez, les différentes facettes du dernier vainqueur français en Grand Chelem en dix épisodes. Aujourd'hui, celle de l'aboyeur.

Yannick Noah a toujours aimé et revendiqué être une grande gueule, un perturbateur, un empêcheur de tourner en rond. C'est ce qui a largement construit son personnage, tout autant que le joueur. L'exemple de ses révélations sur le dopage dans le tennis, dès 1980 alors qu'il arrivait à peine sur le circuit, en a vite été un premier exemple marquant : "Des mecs chargés, j'en vois dans tous les tournois et de plus en plus. Il faut en parler. Il faut qu'il y ait des contrôles avant qu'il y ait des morts, comme au cyclisme." Au cours de cette même interview, lui-même expliquait déjà qu'il fumait des substances illicites.

"La meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage"

Plus de 30 ans plus tard, en 2011, sa sortie n'était pas beaucoup plus douce. Et c'est l'Espagne qui en faisait directement les frais : "Le sport, c'est un peu devenu comme Astérix aux Jeux Olympiques : si tu n'as pas la potion magique, c'est difficile de gagner (...) Arrêtons l'hypocrisie. Il faut bien sûr respecter la présomption d'innocence, mais plus personne n'est dupe. La meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage. Et tout le monde aura la potion magique." Ce qui n'avait alors pas manqué de faire réagir Rafael Nadal, qui qualifiait son aîné français de "puéril". Toute sa vie, dès ses premières années de notoriété, il n'a jamais mâché ses mots non plus sur le problème du racisme dont il a été victime.

Plus consensuel, mais aussi plus direct que jamais, il se payait encore les dirigeants du tennis concernant la réforme de la Coupe Davis, en 2018 pour son dernier capitanat (défaite en finale face à la Croatie) : "Il y a des joueurs très importants qui gèrent quasiment le jeu, et qui ont la mémoire courte. Ou pas de mémoire du tout." Novak Djokovic, très influent, était visé. Tel est le besoin d'expression constant de Yannick Noah, longtemps personnalité préférée des Français dans les années 2000 après avoir bifurqué vers la chanson. Avec lui, les politiques en ont également pris pour leur grade, Marine Le Pen bien sûr ou Nicolas Sarkozy, mais aussi François Hollande malgré son soutien initial : "Personne ne pourrait faire mieux à sa place, mais il y a eu un espoir de ma part. Il y a désormais une grosse déception."

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