Clément Pédron, Media365 : publié le vendredi 16 mai 2025 à 08h00
Entité à part entière de Roland-Garros, le public sait se faire entendre lorsqu'il le souhaite tout en étant capable d'avoir une influence directe sur l'issue d'un match. Ces dernières années et notamment en 2024, ce soutien a été pointé du doigt.
Comme chacun des tournois du Grand Chelem, Roland-Garros a ses particularités, ses us et coutumes qu'il convient de connaître quand on est un joueur ou une joueuse de tennis. Pour reprendre une phrase d'un article publié sur « Courts » : « Plus agité qu'à Wimbledon, plus versatile qu'en Australie, plus impliqué qu'à New York, Roland-Garros est plus que tout autre susceptible de tenir un rôle dans le déroulement d'une partie. » Depuis 1968, date à laquelle le public est arrivé en masse dans les tribunes Porte d'Auteuil, le public a vu son influence croître lors des rencontres.Pour le meilleur et pour le pire. Pour la petite anecdote, Rod Laver, le tennisman australien, a été la première victime répertoriée d'un acte de hooliganisme dans l'histoire du tennis en 1956 après avoir reçu du gravier... Kim Warwick, également australien a lui aussi été la cible du public parisien après avoir reçu une bouteille de Coca-Cola en 1978.
Martina Hingis peut également témoigner de la particularité de ce public parisien, capable de retourner sa veste pour des raisons plus ou moins compréhensibles. En 1999, la Suissesse alors âgée de 18 ans, s'était hissée jusqu'en finale face à Steffi Graf. Contre l'Américaine, véritable maitresse des lieux, Hingis avait alors été prise en grippe par les supporters qui lui ont reproché son arrogance. « Le public français est le plus dur, avait raconté à l'époque la Suissesse dans des propos retranscrits par France Info. Selon le média, sa mère avait dû faire le forcing pour qu'elle soit à la cérémonie protocolaire. Deux ans après, elle avait échappé de peu à un lancer d'oeuf sur le court...
Un chauvinisme prononcé
Heureusement, depuis de nombreuses années, les jets d'objets sur les joueurs ou les joueuses ne sont plus légion. En revanche, le public sait se faire entendre par la voix. Et à ce jeu-là, il a une importance non négligeable sur l'issue du match. Pendant un temps, Roland-Garros a eu ses « victimes préférées » comme les gagneurs à l'image de Rafael Nadal par exemple. Il faut se souvenir de la joie incommensurable des tribunes lorsque l'Espagnol s'est incliné contre Robin Soderling en huitièmes de finale en 2009, ce à quoi avait répondu Toni Nadal : « Le public parisien est assez stupide ». Depuis, le Majorquin s'est mis le public dans la poche comme cela avait été le cas avec Michael Chang en 1989, Jimmy Connors et John McEnroe en 1991, Roger Federer en 2009 ou encore Nicola Pietrangeli en 1964 qui avait même été « rappelé » par le public tricolore.
Les Français sont évidemment concernés par la question du soutien du public de Roland-Garros. Dans son livre « Hard Courts », évoqué dans un article de France Info, John Feinstein parle de ce rapport entre les tribunes et les joueurs tricolores. « La relation entre un joueur français et son public est plus personnelle que partout dans le monde, même en Italie, indique l'auteur. Un Italien sait que le public italien va le soutenir. Le joueur français va devoir mériter ce soutien. » L'Équipe rappelle l'année 1980, avec des supporters acquis à la cause de Jimmy Connors face au Français Jean-François Caujolle. Ce dernier, qui menait deux manches à rien face au N°1 mondial de l'époque, avait mis un terme à sa carrière dans la foulée de cette défaite. Impossible de ne pas citer Fabrice Santoro ou Henri Leconte lorsqu'on évoque le côté versatile du public du majeur parisien. Wawrinka, Djokovic ou encore Paire ont également eu des rapports tantôt faciles, tantôt difficiles avec les spectateurs à l'inverse d'un Yannick Noah en 1983 ou d'un Gaël Monfils à l'aura incroyable Porte d'Auteuil, comme un Roger Federer malgré un « Shut up » adressé à une spectatrice en 2012. Ces dernières années et notamment en 2024, plusieurs joueurs ont dénoncé des soutiens trop exacerbés envers les Tricolores avec une limite parfois dépassée comme avec David Goffin qui avait été victime d'un crachat de chewing-gum.